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« Il était une fois en Anatolie » de Nuri Bilge Ceylan. Critique DVD

Synopsis: Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est vraiment passé fait progressivement surface.

La fiche du Disque

Le film : "Il était une fois en Anatolie- Grand prix Cannes 2011"
De : Nuri Bilge Ceylan
Avec : Muhammed Uzuner, Yilmaz Erdogan
Sortie le : 06 mars 2012
Distribution : Memento Films
Durée : 157 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de Disque : 1
Le film
Les bonus

Le titre est un leurre. Ou plutôt une fausse piste, tracée dans cette région d’Asie mineure, qui ne se prête guère au déploiement d’une fresque historique à la Sergio Leone.

Pour écrire son film, Nuri Bilge Ceylan dit s’être inspiré de Tchekhov. Le tragique et le grotesque de la littérature russe empruntent effectivement le même chemin que le cinéaste. Son histoire de meurtrier à la recherche du corps de sa victime est dramatique. La manière de mener l’enquête est parfois très drôle.

L’ensemble donne une vision très étrange de l’Anatolie, un pays comme abandonné entre deux civilisations. La plus extrême, la plus pauvre, se traîne dans le regard perdu d’un meurtrier amnésique, qui retrouve un peu d’humanité, lors d’une halte, dans un village tout aussi paumé.

Là où, le procureur impassible ( magnifique Taner Birsel ), pressé de rentrer à Ankara, et le toubib en attente d’un diagnostic sur un corps qui n’existe pas, poursuivent leurs confidences.

Cet autre monde, civilisé, qui déjà  se lézarde, se heurte aux aléas d’un environnement hostile, qu’ils ne comprennent pas. Des histoires de limites communales, de cimetière abandonné  ou d’une jeune femme, belle et soumise «  que l’on va bientôt marier, au fils de … ».

Nuri Bilge Ceylan, la filme avec une tendresse discrète, la même qui le conduit avec précaution auprès de tous ses personnages. Meurtrier ou notable, petit commissaire ou gratte papier, l’humanité est fait de toutes ces différences, nous dit-il. Elles s’additionnent ou se rétractent, dans un jeu de rôles, parfois jubilatoire.

Je pense au docteur qui devant les révélations du procureur, l’accuse ouvertement de ne pas avoir fait son travail d’inquisiteur. Muhammet Uzuner est un très bon comédien .Je revoie aussi la scène de l’autopsie, sa mise en place, surtout, un  grand moment de bravoure cinématographique. «  Faut-il en rire ou en pleurer ? » demande l’un des protagonistes de ce long road movie, égaré  dans la campagne turque. C’est bien tout le sens donné à ce film,  une interrogation qui place chaque personnage face à sa destinée. Mais la réponse n’existe pas.

LE MAKING OF

Une véritable immersion sur le plateau de tournage ( 20 mn ), avec de longues séquences sur le travail du réalisateur. On le voit diriger ses comédiens, et surtout les houspiller , gentiment . C’est le cas avec  Muhammet Uzuner , à qui il reproche de ne pas avoir la bonne attitude , le bon regard.

L’intéressé se dit ravi de travailler sous le regard d’un tel cinéaste  » c’est bon pour ma carrière, et aussi sur le plan personnel.(…) Il a une façon très particulière de nous faire travailler, on répète énormément, et parfois c’est décourageant. Entre les répétitions et le texte que l’on retient, on s’embrouille et c’est la confusion. Le texte que l’on a appris par cœur ne sert plus à rien..Pour permettre d’extérioriser ce que l’on ressent, il a recours à des méthodes incroyables. Il remue des choses au niveau de l’âme et du cerveau. »


Ce qui est étonnant, c’est que Ceylan leur laisse parfois le choix entre plusieurs attitudes  » tu peux t’assoir, ou bien somnoler légèrement ». On  le voit aussi se mêler , discrètement , à certaines scènes, comme celle de l’arrivée de l’assassin au commissariat.  » C’est un rêveur obsessif, voire maladif » dit Taner Birsel ,  » il est capable de nous déstabiliser, afin que l’on perde nos repères. Il nous force à oublier tout ce que l’on connaît. C’est déstabilisant, pas au niveau du confort du comédien, mais de sa concentration. D’une certaine manière ça nous oblige à puiser au plus profond de nous-même ».

Festival de Cannes. Grand Prix 2012. Le titre est un leurre. Ou plutôt une fausse piste, tracée dans cette région d’Asie mineure, qui ne se prête guère au déploiement d’une fresque historique à la Sergio Leone. Pour écrire son film, Nuri Bilge Ceylan dit s’être inspiré de Tchekhov. Le tragique et le grotesque de la littérature russe empruntent effectivement le même chemin que le cinéaste. Son histoire de meurtrier à la recherche du corps de sa victime est dramatique. La manière de mener l’enquête est parfois très drôle. L’ensemble donne une vision très étrange de l’Anatolie, un pays comme abandonné entre…

Review Overview

Le film
Les bonus

Un fait divers sordide relaté tout au long d’un road movie collectif : la caméra filme le temps qui passe. Elle nous subjugue par la clarté de ce qu’elle peut capturer. L’humanité en un clin d’œil.

Avis Bonus : Un making of, c'est tout, mais il vaut le déplacement. Pas de langue de bois !

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