Synopsis: James, un écrivain quinquagénaire anglo-saxon, donne en Italie, à l'occasion de la sortie de son dernier livre, une conférence ayant pour thème les relations étroites entre l'original et la copie dans l'art. Il rencontre une jeune femme d'origine française, galeriste. Ils partent ensemble pour quelques heures à San Gimignano, petit village près de Florence. Comment distinguer l'original de la copie, la réalité de la fiction ?
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Les meilleurs dvd Septembre 2010 ( 4 ème )
Bouche bée devant un film de Kiarostami qui n’a rien à voir avec ses œuvres précédentes. Le cinéaste iranien tourne pour la première fois hors de ses frontières, en Toscane, avec des comédiens étrangers, et sur une trame totalement imaginaire, ce qui est plutôt rare . A Cannes Juliette Binoche décroche le prix d’interprétation féminine et c’est bien vu : la comédienne y est remarquable dans son double jeu que lui impose une histoire un peu loufoque.
En accompagnant un auteur anglais dans la campagne florentine, on les croit mari et femme. Le couple accepte l’hypothèse et entre la copie et l’originale, tente de discerner le vrai du faux. C’est aussi le thème de l’essai que présente l’écrivain, autour des objets d’art. Un jeu de miroir s’engage alors entre Abbas Kiarostami, et ses protagonistes, dans des bavardages sans fin, drôles et cyniques , car le sérieux n’est pas toujours de mise, et des confrontations stupéfiantes, habitées par des dialogues d’une rare finesse.
J’ai souvent souri aux allusions pertinentes, aux remarques perfides ou salutaires, des uns et des autres. Dans un petit rôle, Jean-Claude Carrière est pris à témoin devant la sculpture d’une fontaine, pour en donner une interprétation. Son point de vue est fabuleux. Un exemple parmi tant d’autres, qui nous rappelle que tout ici n’est qu’apparences, reflets et contradictions, à l’image de cet homme et de cette femme qui ne sauront jamais si un jour ils se sont aimés.
Cette réflexion sur le couple, et le temps qui passe, maintes fois entendue, est ici comme neuve, transfigurée.La dernière scène est à cet égard sublime, où l’on découvre Juliette Binoche, tout autre, sensuelle et captivante, après avoir donné dans le badinage et l’intellect, la lumière et le mystère.
Il y a beaucoup de tendresse dans le regard du cinéaste, une fluidité dans ses déplacements qui confère à la Toscane environnante, à ses personnages, ses pierres, et ses couleurs encore plus de beauté et de charme. Le spectateur peut s’y laisser bercer, comme je me suis laissé guider par cette visite dans le musée toscan.
La retenue toute britannique de notre héros (William Shimell, un chanteur d’opéra pour la première fois à l’écran) heurte à peine le bel ordonnancement de cette architecture cinématographique. Il est dans son rôle, sceptique et distant, face aux contingences de ce bas monde. Monsieur reste un intello.
LES SUPPLEMENTS
A grand film, grand bonus. Sous l’appellation du making of, on découvre pendant cinquante minutes, tout l’univers de Kiarostami, décrypté par ses techniciens et comédiens. Le réalisateur sourit encore à l’ouverture de son film « anti-cinématographique au possible, longue, bavarde, technique. J’imagine que certains spectateurs vont regretter ces six ou sept premières minutes pour un film qui commence de façon si ardue ».
Ils ne seront pas forcément les seuls, puisque le directeur de la photographie Luca Bigazzi longuement interviewé ( et c’est un bonheur ) s’est demandé à plusieurs reprises « mais pourquoi il nous fait faire ça ? et je comprenais que ses choix étaient strictement parfaits ». Il ne s’en est toujours pas remis et avoue aujourd’hui que « cette remise en question de chaque règle cinématographique de façon constante et fondée, va à l’avenir me créer de sérieux problèmes ». Kiarostami admet que « la plupart des mes propositions étaient peu habituelles pour le cinéma. On ne se comprenait pas, mais au bout d’une semaine tout est devenu normal ».
« Lucas était souvent frustré » reconnaît Juliette Binoche, qui semble par contre tout à fait décontractée sur le plateau, et prête à aider son partenaire du moment William Shimell, pour la première fois à l’écran. « Ce que j’attendais de Kiarostami » dit ce dernier, « c’est qu’il m’apprenne mon métier. A l’opéra les émotions s’expriment par la musique, le visage étant très peu visible […] alors qu’avec le cinéma il faut pouvoir s’immiscer dans l’esprit des gens ».
Lors d’une scène où le cinéaste lui demande de bouger un peu plus, Juliette Binoche lui explique « tu dois occuper l’espace en fonction de la caméra ».Plutôt sympa la demoiselle, mais quand elle se fâche, ça mérite aussi le détour. Voir la scène de la statue . Je n’en dis pas plus, c’est à découvrir comme l’ensemble de cet excellent documentaire
Review Overview
Le film
Les bonus
Sur un sujet à priori ardu, le cinéaste iranien réussit la prouesse de nous faire entrer dans l'histoire , telle une grande visite guidée au pays de l'art et de l'amour .
Avis Bonus : Ou comment revoir le film à travers certaines scènes de tournage, mais aussi le sentiment sans langue de bois des techniciens et des comédiens . Un régal !
Un tour sur les lieux de Copie Conforme, à Lucignano et Cortone, en Toscane:
http://coloritoscani.blogspot.com/2010/06/du-festival-de-cannes-lucignano-sur-les.html