Synopsis: Dans la banlieue de Casablanca , deux copains d’enfance rêvent de quitter leurs bas-fonds . Mais leurs objectifs et les moyens divergent . Une autre façon de parler du Maroc , sans cliché, ni touristes….
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le titre ne renvoie pas immédiatement à la face cachée de Casablanca. Le réalisateur nous y conduit , et une fois introduit dans ce monde interlope , on ne le quitte plus. Loin du misérabilisme, qui pourtant suinte à chaque coin de rue ,Nour Eddine Lakhmari donne à voir la vitalité de tout un quartier , et ses dangers aussi , le bouillonnement d’une cité qui dort le jour et vit la nuit .
Ce chaos en suspens, deux amis d’enfance Adil et Karim, le vivent depuis toujours . Ils rêvent d’un ailleurs … Si l’un comprend très vite qu’il ne peut abandonner sa famille, son copain , plus lunaire ne pense qu’à rejoindre un oncle en Suède .Quitter le Maroc à tout prix.
Mais quel que soit l’objectif , l’argent gagné à la petite semaine , de petites combines en mauvais deal, ne suffit pas .Jusqu’au jour où un ersatz de parrain local leur propose un travail . La situation est convenue, mais le réalisateur prend la tangente. Une fois encore. Il la rend drôle et débonnaire , comme toutes ces magouilles qui s’inscrivent dans un quotidien attachant .
Ses portraits de gosses de la rue sont sans fioriture, mais si vrais, ses promenades dans les bas-fonds rehaussées par une lumière quasi surnaturelle .Avec cette caméra à ras de terre, pointant au grand jour vers le ciel bleu qu’ils n’atteindront jamais avec ses beaux immeubles et ses palmiers alentours .
A l’image de son copain, Adil est quelqu’un de foncièrement sympathique et sensible. Dans l’envers du décor , quand ils n’ont pas besoin de se battre pour survivre , l’un de ses branquignoles aide son père souffrant , l’autre recueille une tortue tombée sur un toit .
Pas de compassion , ni de larmes de crocodiles. Le montage est très cassant à l’image de l’histoire que raconte « Casanegra ». Il lui donne son rythme et toute l’énergie désespérée de cette population
C’est super bien filmé , avec de longs et beaux plans séquences , sans dialogue, qui racontent des tonnes de choses, notamment sur Casablanca qui effectivement n’est pas si blanche que ça . Et sur cette société entre deux cultures, encore hésitante, comme le montre très bien la relation que tente de nouer le jeune Adil avec une femme occidentale.
« Mon boulot d’artiste c’est d’appuyer sur le bon bouton et la société peut alors chercher la solution, mon film il est gentil par rapport à ce qui se passe réellement » commente le réalisateur dans un court making of où tous les protagonistes se retrouvent un peu surpris par l’ampleur du phénomène.
Car au Maroc « Casanegra » est devenu un film culte et un phénomène social pour sa vision détonante et radicalement novatrice de la mythique Casablanca. Grâce à ce deuxième long-métrage, le réalisateur prouve toute la vitalité du cinéma marocain contemporain, désireux de montrer la société marocaine dans toute sa complexité.
Les deux jeunes comédiens Anas Elbaz et Omar Lotfi , illustrent à leur façon très bien cet engouement cinématographique , aux côtés de Mohamed Benbrahimun petit malfrat qui fait peur tout en faisant rire . Un excellent comédien !
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Un autre regard sur le Maroc :
« Razzia » de Nabil Ayouch
« Houkak » de Younes Yousfi
« Much Loved » de Nabil Ayouch
« C’est eux les chiens » de Hicham Lasri
« Rock the Casbah » de Laila Marrakchi
« Goodbye Morocco » de Nadir Mokneche
Review Overview
Le film
un film sur la société contemporaine marocaine à travers le regard de 2 jeunes garçons, amis depuis toujours et qui rêvent de quitter les bas fonds de Casablanca.
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