Synopsis: Sosa est un avocat véreux, un « carancho » . Il profite sans scrupules des victimes et s’enrichit grâce aux assurances et à la corruption. Un soir, à la recherche de potentiels clients, il rencontre Lujan, une jeune urgentiste. Elle essaye de sauver la vie d’un homme, il essaye d’en faire son client.…
La fiche du DVD
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Juin 2011 ( 9 ème )
C’est un film noir, excellent, d’autant plus noir et excellent, qu’il s’appuie sur une réalité argentine : le profit que retirent des avocats marrons des accidentés de la route. Arnaque aux assurances, corruption policière et j’en passe pour ne pas tout révéler de ce trafic auquel se livre Sosa, un avocat radié du barreau .Pour survivre, il participe aux combines d’un gros boss, patron d’un hôpital, qui tient la police sous sa coupe.
L’affaire telle quelle est déjà magistrale. Pablo Trapero la transcende en lui donnant d’emblée un rythme très soutenu.Pendant deux heures, il ne dément jamais le propos du cinéaste. Il tranche dans le vif, en nuançant très peu ses couleurs, (la nuit est omniprésente), il va au plus pressé.
Et le plus étonnant est que ce film policier qui ne dit pas son nom se pare d’une histoire d’amour contre nature. Sosa, le rapace, rencontre un soir une urgentiste qui ne fait que son travail. Venir en aide aux blessés. Tout le contraire de Sosa, qui voit alors dans la jeune femme comme une porte de sortie, l’occasion d’une rédemption. Comment l’un et l’autre vont réussir à s’apprivoiser, puis à s’aimer, c’est la grâce d’une mise en scène qui nous évite l’eau de rose et la pertinence du scénario de Santiago Mitre qui après avoir réuni la carpe et le lapin reprend le cours de son histoire
Celui du monde édifiant des premiers secours, des gardes de nuit et des interventions de dernière chance. Trapero est balèze pour nous en dresser en trois plans, deux mouvement, un panorama très complet .Et par une pirouette scénique, il nous fait le même cinéma avec le caracho, prisonnier d’un système aux ramifications insoupçonnés.
C’est une mise en scène uppercut ; à l’image des secouristes, il y a urgence. Et le prévisible est exclu, ce qui procure chez Trapero une jouissance dans l’écriture et le suspens qui jamais ne faiblit. Ca peut partir de tous les côtés et si Sosa retrouve un peu de dignité au près de sa belle, c’est elle qui maintenant s’effondre, car tout aussi solitaire, désemparée, que ce reflet dans la glace qu’elle pense de mille baisers.
Si le talent du réalisateur à ce stade de la relation amoureuse évite les écueils de la bluette, il le doit aussi à ses deux interprètes, Ricardo Darín, Martina Gusman,de belle connivence. Lui, aussi sombre que la nuit qu’il dévore, elle lumineuse un temps et puis absorbé à son tour dans la spirale infernale des compromis .
Pourtant rien n’est ici prévisible et l’histoire peut nous entraîner n’importe où, dans l’incertitude de ces deux parallèles, qui se croiseront pour le meilleur et surtout le pire.
Si l’histoire n’en dit pas plus, elle en fait beaucoup, et redouble le plaisir du spectateur qui face à la logique implacable du thriller, ne peut rester indifférent. Pour le moins, témoin, pour le plus acteur à son tour de cette descente aux enfers, inéluctable et superbe. Car au bout du compte si la morale n’y est pas, le cinéaste nous laisse semble t il une porte de sortie. Nos deux héros vont-ils s’y engouffrer ? Suspense, jusqu’à la fin.
EN BONUS
- Présentation du film par Sylvain Blanchard (Journaliste cinéma – BRAZIL)
- Entretiens avec Martina Gusman et Pablo Trapero (Cannes 2010)
La comédienne, raconte une histoire d’amour dans un contexte trash, et surtout les six mois passés dans un hôpital public de la banlieue de Buenos Aires. « Je faisais des gardes de 24 heures, j’assistais le chef de garde ou le médecin urgentiste. J’ai appris les premiers gestes, comment faire une suture ».Son point de vue sur le domaine hospitalier est édifiant « pire dans la réalité que dans le film, il, manque de moyens ». Seule petite consolation à ses yeux « ici vous pouvez tomber dans la rue il y aura toujours quelqu’un pour vous emmener à l’hôpital ».
- Qu’est-ce qu’un Carancho ? « C’est un oiseau, un rapace, un « animal opportuniste », c’est-à-dire un charognard. Une sorte de vautour. (…) En Argentine on le rencontre dans la pampa. Et souvent sur le bord des routes, car il se nourrit des cadavres de bêtes victimes de chocs avec des voitures… »
Les films noirs, les thrillers, qui s’affirment comme tels, permettent d’aborder des sujets sociaux, de parler des institutions, de rendre compte du quotidien, tout en restant pourtant des fictions. « Carancho », lui, a eu un impact politique en Argentine.
« Il y a un projet de loi en préparation dit anti-carancho, contre ceux qui exploitent les accidents de la route… pour défendre les victimes de ces avocats marrons, leur permettre de recevoir des conseils juridiques gratuits. C’est une conséquence directe de l’impact très fort qu’a eu le film en Argentine ».
Review Overview
Le film
Les bonus
C’est le genre de film qui vous prend dès le début et ne vous lâche plus un instant par la grâce d’une histoire apparemment banale et qui va virer dans un film de genre inattendu. Un film noir et plus encore, à voir et à revoir, pour sa mise en scène, son scénario, les mouvements qu’il procure et l’interprétation de Martina Gusman et Ricardo Darin .
Avis Bonus : Il est dommage que pour un tel film, les bonus aient été délaissés. Quelques photos de tournage, et deux courtes interviews du réalisateur et de Martina Gusman, et puis basta. Vraiment dommage
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