Synopsis: Ca devait être un week end au bord de la mer sans souci. Mais la disparition d’Elly interroge toute la communauté qui s’aperçoit qu’elle ne connaissait pas vraiment , cette jeune étrangère.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Un film bouleversant, à la fois pour son histoire, mais aussi pour ce qu’il raconte sur l’Iran . Asghar Farhadi, le réalisateur condense de fort belle manière les deux éléments de sa mise en scène qui à bien des égards se rapproche d’une œuvre théâtrale. Une évidence, dans le huis clos de cette villa maritime où des amis iraniens passent le week-end.
Une jeune femme Elly les accompagne. Elle est l’ institutrice de la fille de Sepideh, interprétée par Golshifteh Farahani, une extraordinaire comédienne . On ne sait pas grand-chose sur la jeune femme , sinon qu’Ahmad (Shahab Hosseyni), récemment divorcé , n’est pas insensible à son charme.
Et tout le monde de s’amuser de l’idylle naissante, quand soudainement Elly disparaît , alors qu’elle allait secourir un enfant sur la plage.
On la croit noyée, mais sans corps, l’espoir renaît. Elle est peut-être partie, comme elle l’avait envisagé la veille au soir, se rassurent-on dans la villa où la bonne entente des premières heures se fissure. Tous les regards convergent vers Sepideh, l’instigatrice de cette rencontre, le médium qui donne à la représentation théâtrale tout le sens de la tragédie.
Mais les couples aussi se déchirent , et se rejettent la responsabilité du trouble causé par la disparition d’Elly,un personnage qui au fil des conversations devient de plus en plus énigmatique , plus complexe qu’il n’y paraissait au départ.Les coups de fils échangés avec la famille pour les prévenir de la disparition perturbent encore un peu plus le tableau .Et Sedipeh,semble désormais porter tous les secrets de la jeune femme .
Ce scénario ficelé pour un drame annoncé conforte le réalisateur dans sa volonté de ne pas trop en faire . Il lui suffit de poser son regard sur des personnages parfaitement dessinées pour nous faire ressentir tout le poids du malaise et de la culpabilité , ce vide sidéral dans lequel l’incompréhension plonge cette communauté .
Un réalisme qu’ Asghar Farhadi renforce en interdisant à l’actrice Taraneh Alidousti l’accès au plateau une fois ses scènes terminées. « Ceci permettait à chacun de ressentir réellement son absence, et de s’identifier au manque vécu par son personnage. »
- Entretien avec le réalisateur . Le cinéaste iranien nous interpelle : quel jugement auriez-vous porté sur Elly ? Sur son comportement , ses mystères , sa fuite , son suicide, qui sait ? « Chaque personnage tente de protéger sa petite paix individuelle , quel qu’en soit le prix ».
Il y évoque les rapports du cinéma avec la politique . « La censure a opéré sur quelques petits détails, car ils pensaient qu’il y avait dans mon film un message contre eux, qui leur échappait ». Asghar Farhadi ne s’en formalise pas outre mesure, car « je peux dire que le devoir du cinéma, c’est de faire marcher les rouages de la pensée ».
Objectif atteint. Le monde occidental découvre là une communauté féminine loin de la soumission patriarcale , communément véhiculée.
« Lesfemmes ont un rôle social très important,qu’elles assument. Leur oppression dans l’histoire de l’Iran les a tellement fatiguées qu’elles revendiquent aujourd’hui leurs droits et leur place.(…) La société iranienne ne s’occidentalise pas , elle se modernise , au travers de sa propre culture ».
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