Alors que les Stones ont débarqué cette semaine en DVD, l’histoire des Doors revit sur grand écran à travers des documents d’époque , dont un film d’un certain Jim Morrison.
La fiche du Disque
Le film
« La musique des Doors est très proche du cinéma : elle recèle des drames, du sexe, de la poésie et du mystère. » (Tom Dicillo)
Les Stones dans les bacs avec «Stones in Exile», le documentaire réalisé sur l’enregistrement de leur mythique album Exile on Main Street . C’était le 15 juin.
La réponse des Doors ? « When You’re Strange » premier long-métrage sur le groupe mythique de Jim Morrison, qui en matière de vidéo a connu plusieurs sorties dvd . « Live in Europe » sur leur tournée en 1968 et « Soundstage Performances » une compil de trois concerts à Toronto, au Danemark et à NewYork.
Quelques menus extraits ou images figurent dans le film de Tom DiCillo . J’ai craint un instant que tout allait être du même tonneau . Que nenni. « When you’re strange » s’appuie principalement sur des images d’archives (1966 -1971), exhumées des réserves.
Leur mise en parallèle avec la situation politique et sociale de l’époque éclaire d’une manière particulière l’histoire des USA . La guerre du Vietnam en point de mire. Comme quoi le recul a du bon et au son des Doors, cette vision de l’Amérique donne le ton des années de liberté totale , où la création pense-t-on va de paire avec l’alcool et la drogue .
Cette image que renvoie la longue descente aux enfers de Jim Morrison poète rock et paumé du petit matin, est écornée par ses trois acolytes. Ils ont touché aux produits illicites mais font figure d’enfants de chœur. Il faut voir la tête de Ray Manzarek , confronté aux frasques scéniques de son leader ;imperturbable, l’organiste assure la partition tandis que Robby Krieger, gratte comme il peut sur son manche , le regard perdu dans le vide .
A cet instant de délabrement, la musique des Doors perd de sa clairvoyance .Mais l’important est de conclure . Cette solidarité professionnelle se poursuit dans les coulisses quand le trio tente comme il peut de venir en aide à un Morrison de plus en plus à la dérive.
L’hagiographie n’est pas de mise. Les Doors s’effacent devant le portrait d’un ange déchu , ballotté par les poèmes de Rimbaud et ses vapeurs d’alcool. Un artiste multiforme qui souhaitait aussi faire du cinéma. En 1970 alors que le groupe tangue dangereusement, il réalise et interprète « HWY – An American Pastoral » dont quelques passages servent ici de fil conducteur.
Un homme quitte une voiture accidentée et poursuit sa route dans le désert. Faut-il y voir là une quelconque allégorie à ce qu’était la vie du chanteur deux ans avant sa mort ?
Je n’en sais rien , mais ce fil rouge , relayé par la voix off de Johnny Depp, nous dévoile le cœur d’une des figures de la mythologie du rock’n roll. Moins romantique que le personnage de Val Kilmer dans le film de Oliver Stone « Les Doors » (1990) il se révèle d’une totale complexité .
Qui de l’androgyne ou du macho insulte son public, avant de se réfugier dans sa poésie éditée à compte d’auteur ? Lorsque le premier opus sortira officiellement, il dira que c’était le plus beau jour de sa vie. Le seul ?
Même s’il y a peu de surprise car on connaît une grande partie des frasques, démélés et autres excès, on n’en est pas moins sous le charme des Doors et de leur leader charismatique. Quand on pense que leur carrière n’a duré qu’un peu plus de quatre ans…Malgré tout la trame est un peu trop chronologique (même avec des images du film de Morrison).
On se pose toujours la question (et il ne faut pas y répondre) : comment Jim réssissait-il à sublimer ses acolytes ? Car ils ont manqué de génie après son départ, bien qu’étant très bons musiciens.
Si on avait encore besoin d’une preuve : la musique des Doors est bien intemporelle.
Encore une remarque : Tom DiCillo choisit une option pour la mort de Morrison qui ne sera sans doute jamais éclaircie, mais cela fait partie de la légende…