Synopsis: Lvov, Pologne 1944: les nazis ordonnent l'épuration du ghetto. Des habitants creusent un tunnel sous leur maison pour rejoindre les égouts de la ville espérant y trouver refuge. Hélas, ils tombent sur Leopold Socha, un employé municipal devenu contrebandier.
La fiche du film
Le film
Je pense que « Sous la ville » débute là où nous avions laissé Wladyslaw Szpilman « Le pianiste » de Polanski, perdu dans un ghetto vide et massacré. Dans ce même abîme où nous plonge Agnieszka Holland : la violence extrême de la barbarie nazie que sa caméra colporte avec un réalisme édifiant.
Des femmes nues courent dans la forêt, des bruits de mitraillettes résonnent, dans le bois et tout près dans le ghetto, où l’on tire à l’aveuglette, à chaque coin de rue. Une femme se faufile dans ce désert de la mort, inconsciente du danger qu’elle soulève à chaque pas.
On la retrouve un peu plus tard, avec ses deux enfants, égarés, en compagnie de quelques autres, dans le ventre labyrinthique d’une ville qui ne vit désormais que de ses polonais.
Leopold Socha en est l’illustre représentant. Employé municipal, responsable des canalisations souterraines, il se révèle être, au grand jour, un dépeceur de cadavres. Quand il découvre, sous la ville, ces réfugiés terrorisés, il leur propose contre bijoux et argent de la nourriture, tout en prélevant au passage, sa petite commission quotidienne.
La promiscuité, les rats, les odeurs mauvaises et le froid qui vous colle à la peau avec l’humidité ambiante, l’homme connaît tout ça, et la cinéaste, encore plus, qui revient sans coup férir pour appuyer là où ça fait mal.Elle le fait dans la pénombre de ces catacombes d’un autre monde .
Elle y peint des portraits sublimes (tous les acteurs sont au top), arrachés à une dramaturgie théâtrale que Beckett, je pense, n’aurait pas reniée. Pour voir aussi le bon côté des âmes quand elles prennent la tangente et retrouvent le bon sens de l’humain.
On ne sait trop pourquoi, mais Locha en viendra ainsi à servir réellement ce qu’il appelle maintenant « mes juifs ». On y voit de l’affection et le bonheur vrai d’être utile à une cause que ses amis piétinent en endossant l’uniforme de l’occupant.
Nul machiavélisme dans le regard d’ Agnieszka Holland , qui en écarte aussi le pathos, mais la stricte vérité d’une œuvre terrifiante, au noir , qui ne vous lâche pas une seconde, tel un cri sans fin , dans l’étroitesse des tunnels infestés. La vie y reprend malgré tout ses droits, l’amour aussi. Les enfants s’égarent, les enfants naissent, mais KO debout depuis le début, le spectateur n’en sortira pas indemne.
Et pourtant, ce genre de film, désormais trop rare, est toujours aussi indispensable en ce nouveau siècle qui en oublie les atrocités du passé. Qui les nie, aussi. Et c’est le sens de la phrase magnifique et cruelle, qui au final s’affiche sur l’écran. Je vous la laisse découvrir, car il faut la découvrir…
Review Overview
Le film
D’entrée de jeu la réalisatrice abat ses cartes : son film violent dans l’esprit et le ton entend pousser le réalisme jusqu’à l’exacte vérité de ce que fut la vie dans et sous le ghetto. Ce qui évite la dramatisation, le pathos et donne une couleur sombre, mais naturelle à cette page d’Histoire.
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