Un quai de gare désert, trois hommes patientent quand retentit une rengaine d’harmonica. Et puis les armes se font entendre. Le début d’une grande aventure d’un western spaghetti, hors norme
La fiche du film
Le film
(1968) . Ce film est entré dans mon panthéon personnel. Une œuvre magistrale dans un registre, le western spaghetti, qui en produisant le pire et le meilleur, s’est retrouvé cantonné dans la seconde zone de la production cinématographique.
Imaginez, des italiens filmant des cow-boys, et pourquoi pas Tarantino revisitant la seconde guerre mondiale sur le sol français…
La première approche est d’une facture tout à fait classique pour un western dont l’histoire repose une fois encore sur l’arrivée du chemin de fer dans le Grand Ouest Américain. Les pour, les contre, et quand un drame surgit non loin d’une implantation ferroviaire, on cherche à qui profite le crime.
Le réalisateur italien se fend d’une ouverture magnifique, qui dure des plombes, et passée depuis dans les manuels d’apprentissage de la mise en scène. Un quai de gare perdu dans le désert, des hommes attendent, le train arrive…
Elle est hyper stylisée, d’une tension permanente, relayée par la musique du film ( du très grand Ennio Morricone ) qui elle aussi deviendra une BO de légende, avec le fameux harmonica à la rengaine tenace.
C’est assez mystérieux pour nous conduire avec envie au cœur du récit qui prend sa véritable consistance une fois toutes les cartes distribuées autour d’une énigmatique dame venue de très loin pour épouser un monsieur qui n’aura pas le temps de lui sourire.
On connaît les commanditaires du meurtre quand l’homme à l’harmonica, énigmatique, fait entendre sa petite musique.
Elle est aussi craquante que son regard noyé dans un visage buriné à souhait, et plus parlante que son propriétaire. Aussi annonciatrice des malheurs qui vont bientôt vont s’abattre sur tous ceux qui tentent de lui donner une autre partition. Il y a notamment ce fameux Franck, pas très respectable … Le Cheyenne encore plus étrange. Fabuleux Jason Robards qui s’apprête lui aussi à rejoindre la fameuse prison de Yuma.
Les faces à faces se multiplient, mais les duels et autres galopades à la John Wayne pas question. Leone qui semble respecter les codes du western USA les transgressent subrepticement en filmant les arrières plans, et dans la marge de plusieurs récits.
Malgré une écriture un peu lâche parfois, et des répliques subtiles…« Il était une fois dans l’Ouest » demeure ces paysages de Monument Valley, noyés dans une tension quasi permanente . Un regard qui dévie, un bruit insolite, ou joli paroxysme dont le film n’est pas avare, un silence inhabituel, et tout peut éclater.
Le casting est d’une grande élégance avec ses contre emplois (Henry Fonda salopard de première classe ) et Claudia Cardinale en femme de ferme , recomposée. Et puis Charles Bronson pas trop fatigué pour apprendre ses dialogues. Mais les lèvres serrées et le regard bleuté pointant l’adversaire, ça vous tue un homme.
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