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« Elle s’appelait Sarah » de Gilles Paquet-Brenner . Critique dvd

Synopsis: Paris, de nos jours. Julia Jarmond, journaliste américaine installée en France depuis 20 ans, enquête sur l'épisode douloureux du Vel d'Hiv...Quand elle comprend que sa propre histoire rejoint la grande , sa vie professionnelle et familiale s'en trouve bouleversée.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Elle s'appelait Sarah"
De : Gilles Paquet-Brenner
Avec : Kristin Scott Thomas , Melusine Mayance
Sortie le : 17 aout 2011
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 106 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

La rafle du Vel d’Hiv. Un été de 1942, 13000 juifs entassés puis conduits dans le Loiret, au camp de Beaune-La-Rolande, étape transitoire vers les camps de la mort en Allemagne.

Nos cinéastes -rares- se plongent dans les affres de cette déportation avec une sensibilité extrême. Roselyne Bosch (« La rafle » ) et plus accentuée encore dans le regard sans complaisance de Gilles Paquet-Brenner « Elle s’appelait Sarah ».

Un récit éminemment poignant qu’il  pousse dans ses retranchements pour dire l’indicible, et dénoncer toute l’horreur des situations engrangées par la lâcheté et l’ignominie

La famille de Sarah, parquée comme tant d’autres au Vélodrome d’Hiver

. La vision du  Vel d’Hiv est insoutenable, plongée dans un réalisme sans partage : au milieu des excréments et des malades, des hommes, des femmes, des enfants, se serrent, hagards, fatigués, déjà morts.

 Le réalisateur a déjà dépassé le  confinement extrême de «  La rafle ». Le décor inattendu est celui d’un appartement du Marais à Paris, où une famille polonaise habitait autrefois. En 2009, le fils du propriétaire décide de le rénover, quand son épouse, une journaliste comprend le drame qui s’y est déroulé en 1942.

Le film suit alors les deux périodes, et les deux familles, pour les rapprocher au fur et à mesure que la vérité voit le jour et que certains témoins de l’époque tentent encore d’en dissimuler l’existence.

L’aspect le plus fort du film,le réalisateur conduit sans lourdeur son récit, sans l’insistance des images qui généralement en font des tonnes. Je vous assure que la reconstitution du Vel d’Hiv ne  laisse aucun échappatoire et vous glace le sang. Bien que le propos ne doit pas être édulcoré, doit-on le surligner à ce point ?

Le jeu des comédiens ne suit pas  cette direction, la jeunesse et la grâce de Sarah (Mélusine Mayance) la préservant d’un tel emballement. Son interprétation est poignante, sincère, sans détour. Plus apprêtée, mais toujours aussi juste, Kristin Scott Thomas assume parfaitement son rôle d’enquêtrice.

Empiétant sur sa vie privée, elle chamboule toute son organisation familiale et professionnelle . Au drame de l’Histoire s’ajoute son mélodrame personnel. On frise le pathos.

En s'échappant du camp, Sarah est recueilli par un paysan bourru mais aimant ( Niels Arestrup)
En s’échappant du camp, Sarah est recueilli par un paysan bourru mais aimant

Gilles Paquet-Brenner assure qu’il a voulu «faire un beau film du samedi soir, accessible et populaire, mais qui puisse susciter une réflexion». Un film du samedi soir (le vendredi soir ce n’est pas le même ?) mais pour la réflexion, nul doute, l’objectif est atteint.

De l’arrestation massive lancée par la préfecture de police à la reconnaissance par Jacques Chirac du rôle de Vichy dans l’extermination des Juifs, ce  film demeure nécessaire pour la grande Histoire.

Les suppléments

Une heure de bonus en forme de making of et d’entretiens , le tout parfaitement chapitré , et documenté, c’est vraiment du grand dvd. Et petite surprise l’ensemble est signé par Antoine de Maximy le réalisateur de « J’irai dormir chez vous ». En préambule, il  explique le sens de sa démarche, qui ira et c’est bien rare jusqu’à s’attarder sur le travail de la régie ( début 5 h 30 du matin pour le fléchage ) et de la cantine..

Un regard relayé par l’aventure du roman qui inspire le film et que son auteur Tatiana De Rosnay eut bien du mal à éditer. Avant de connaître un succès retentissant et 32 traductions . La romancière apparait d’ailleurs dans ce film .

J’ai bien aimé la séance de travail entre Kristin Scott-Thomas et Frédéric Pierrot dans la caravane du plateau de tournage. Lecture et réflexions sur les personnages .

  •  » Le rôle de Mélusine » s’attarde également sur l’importance du personnage de la petite fille et tout le monde s’accorde à lui reconnaître un réel talent.  » C’était la meilleure , tout âge confondu » confirme le réalisateur. » Et elle joue comme une adulte » . Un papa coach que l’on découvre également dans cette séquence peut effectivement être un bon atout.

L’attente au cinéma est abordée autour des scènes tournées chez les Dufaure, Niels Arestrup reprenant la célèbre phrase de Guitry «  le plus dur au cinéma c’est de trouver une chaise » . Dominique Frot qui joue sa femme , elle , lit beaucoup entre deux prises . Natasha Mashkevich a d’autres préoccupations avec son rôle qu’elle explique à travers sa propre histoire « remontant jusqu’à mes origines du Kurdistan » . Son mari de fiction, est encore plus explicite . Arben Bajraktaraj est un albanais kosovare , qui à l’automne 1988 vit avec  » la tension de tout ce que nous ressentions autour de nous . Même si ce n’était pas la guerre, notre pays était occupé, la police serbe avait carte blanche , ils nous rackettaient » .

Sur la reconstitution du Vel d’Hiv , je me demande pourquoi les décors de « La rafle » n’ont pas été repris . A ce sujet je ne comprends toujours pas pourquoi certains décors sont détruits une fois le tournage achevé. Je revois encore l’excellent bonus de « Le prophète »  où l’on assiste à la destruction de la maison d’arrêt . Ne serait-il pas possible de temps à autre de les réutiliser, ou bien de les ouvrir au grand public .

Mélusine, un rôle exceptionnel
Mélusine, un rôle exceptionnel
  • La rafle, cinquante ans après. Un excellent documentaire sur les origines de la seconde guerre mondiale et notamment sur la manière dont le peuple juif est montré du doigt , puis systématiquement poursuivi. Peu avant la rafle du vélodrome d’hiver, la police française recevait 1500 lettres de dénonciation .

Pour en arriver au mode opératoire de ces terribles arrestations dont certains témoins évoquent ici les moments les plus douloureux .  » On se demandait ce que l’on allait devenir, alors que le pire était déjà là » dit l’un, tandis qu’un autre s’interroge toujours comment on a peu en arriver là  » vous connaissez une civilisation qui part faire la guerre aux enfants ?  « . L’un d’entre eux avait quatre ans au moment des faits  » et le jour de mon arrestation , je suis sorti de l’enfance »

Les meilleurs dvd Février 2011 ( 6 ème ) D’après le  roman de Tatiana de Rosnay La rafle du Vel d’Hiv. Un été de 1942, 13000 juifs entassés puis conduits dans le Loiret, au camp de Beaune-La-Rolande, étape transitoire vers les camps de la mort en Allemagne. Nos cinéastes -rares- se plongent dans les affres de cette déportation avec une sensibilité extrême. Roselyne Bosch (« La rafle » ) et plus accentuée encore dans le regard sans complaisance de Gilles Paquet-Brenner "Elle s'appelait Sarah". Un récit éminemment poignant qu’il  pousse dans ses retranchements pour dire l’indicible, et dénoncer toute l’horreur des…

Review Overview

Le film
Les bonus

C’est un film qui m’a bien évidemment bouleversé, mais à en faire trop dans la démonstration du drame et du malheur, j’en suis ressorti complètement groggy. Le regard à mon avis manque de discernement.

Avis Bonus : Une heure de making of, d'entretiens, de séances de travail et de petites anecdotes filmés par la caméra de Antoine de Maximy, c'est vraiment passionnant . Plus un documentaire historique qui montre comment on a peu en arriver au Vel d'Hiv, encore de l'excellent travail . Ca c'est du dvd

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