Synopsis: 1931. Au cœur de l'Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d'alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires : Jack veut transformer la petite affaire familiale en trafic d'envergure.
La fiche du film
Le film
Une autre façon de parler de la prohibition. Le deal se joue au cœur de la campagne profonde. Al Capone n’est qu’une officine de façade et les fédéraux n’ont pas encore mis le nez dans les affaires des frères Bondurant.
Nous sommes en Virginie, dans le comté de Franklin.Les flics du patelin sont des amis d’enfance. Le whisky coule en toute tranquillité moyennant une petite monnaie d’échange, sans conséquence. Jusqu’au jour où la loi, celle de la ville dégringole sous les traits de Charlie Rakes , un policier aussi corrompu que cruel, aussi pervers que sadique. Guy Pearce est à son avantage.
Dans un décor paisible et bucolique, le sang va couler. Les frères Bondurant n’entendent pas se soumettre à cette dictature étatique. Ils sont trois, bien différents ne serait-ce que par les années.
Leur caractère s’en ressent : plutôt que de s’aligner sur la position des autres trafiquants d’alambiques, et de courber l’échine, ils demeurent coûte que coûte des hors de la loi qui se respectent.
Le tour de force du réalisateur: il nous range ipso-facto du côté de ces bandits que je trouve effectivement respectables, au regard des policiers venus de Chicago.
John Hillcoat , ne lésine pas sur les apartés fraternels qui voient l’aîné ( Tom Hardy, excellentissime ) chaperonner le plus jeune, fougueux et impatient de démontrer qu’il a sa place dans la fratrie. C’est Shia LaBeouf qui s’y colle, pas très convaincant.
Au milieu des deux, Howard, le taiseux (Jason Clarke), taciturne qui ne sait que cogner et boire plus que de raison. Le cinéaste les suit avec une tendresse particulière, un attachement auquel personnellement je n’ai pu résister, imaginant à cet instant la manière dont les frères Coen auraient pu accrocher de tels portraits.
Une chose est sûre, la violence inhérente aux règlements de compte entre policiers et malfrats n’aurait pas pris cette forme de sauvagerie intense, inattendue au cœur d’une mise en scène qui faussement privilégie le film de gangster des années 30.
Sans crier gare, après avoir caressé le spectateur du regard de la belle Maggie ( Jessica Chastain, en figuration) , fuyant elle aussi les malfrats de Chicago, Hillcoat tranche dans le vif, rentre dans la chair. Ame sensible s’abstenir, le rire de la mort (une enfilade d’une oreille à l’autre) n’est pas une lubie. Et le goudron chaud à même la peau, ça fait très mal.
On y verra peut-être une référence cinématographique, à l’image d’un film me semble-t-il très codé, entre western et mafia. L’insistance de la bande-son, bien que signée Nick Cave, et fortement country, conforte cette appartenance à un cinéma dans lequel John Hillcoat est loin du ridicule.
- Country, vous avez dit country ?
-
Mais encore
J’aime bien les films qui tournent autour de la musique. Quand ils sont bons… « Wiplash » de Damien Chazelle, « Love et mercy » de Bill Pohlad en passant par « A hard day’s night » avec Les Beatles jusqu’à « This must be the place » ( Sean Penn, fabuleux ), « Good morning England » ( la première radio anglaise pirate ), « Walk the line » ( sur Johnny Cash ) , « Bird » de Clint Eastwood parlant de Charlie Parker, « Someone you love » de Pernille Fischer Christensen.- « Lady in the balcony » d’Eric Clapton – « En route pour la gloire » de Hal Ashby -« Inside Llewyn Davis » des frères Coen.
J’ai beaucoup moins aimé « Yesterday » de Danny Boyle, » Bohemian Rhapsody » de Bryan Singer, « Rocketman » de Dexter Fletcher …
Review Overview
Le film
Avec un excellent casting qui ne tire pas la couverture à soi, et une vision du film de gangster plutôt originale – où les références sont assumées-, Hillcoat signe une mise en scène faussement classique. On s’y laisse prendre et puis, sans crier gare, tout bascule …
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