Synopsis: Un jeune homme, Sylvain, voue sa vie à un cinéma de quartier condamné à disparaître. Il habite au sous-sol de la salle dont il est à la fois programmateur, projectionniste et caissier. Chaque nuit, après la dernière séance, il sort pour un rituel meurtrier…
La fiche du film
Le film
Laurent Achard a trouvé son Jean-Pierre Léaud, Pascal Cervo, totalement habité par son rôle. Il y a une telle complicité entre le réalisateur et son comédien, une telle permanence dans les rapports artistiques, que la comparaison avec François Truffaut me vient à l’esprit. De là à conclure qu’un petit-fils de la nouvelle vague a vu le jour est peut-être prématuré.
Laurent Achard possède une écriture cinématographique si particulière, qu’il peut en peu de mots et autant d’images, relater des faits inextricables, commenter des absences, et surligner d’infimes détails.
Il y a déjà tout ça dans «Dernière séance » qui rend hommage au cinéma ( le critique Noël Simsolo y joue un petit rôle ) de papa Renoir, évoque la disparition des salles de quartier, et le quotidien peu banal de Sylvain.Une fois la bobine terminée,ce projectionniste s’exerce à l’arme blanche, sur de jeunes femmes auxquelles il substitue les oreilles et les boucles qui vont avec.
Ce rituel meurtrier, à peine assumé dans la pénombre des rues et des caves trouve peut-être son explication dans une enfance traumatique. La mère du héros (Karole Rocher une comédienne qui se fait trop rare) voulait justement en faire un héros de cinéma. Devenu seulement projectionniste, le gamin poursuit le rêve maternel à travers les images qu’il scotche sur un mur.
Laurent Achard pose ainsi les termes du débat intérieur qui agite Sylvain, avec une rigueur quasi monastique. C’est le cinéma pour le cinéma, avec ses codes et ses repères. Il filme juste, c’est-à-dire sans fioriture, ni emphase. Il va au plus près de son personnage, de son sujet.
J’ai lu qu’il s’agissait d’une œuvre de commande pour « French frayeur » de Canal Plus. Film à petit budget, sur un temps restreint, ce dont le cinéaste s’acquitte, sans démériter. Pour le reste, il saute sur l’occasion pour nous dire tout son bonheur de filmer en dehors des conventions imposées par ce qui aurait dû être plus ou moins un film d’horreur. Et ça donne un film rare.
Review Overview
Le film
De temps en temps, ce genre de « petit » film vient vous rappeler que le cinéma c’est aussi une histoire simplement mise en images. Après quoi, il y a assez de zones d’ombre et de silence pour combler ces vides que le réalisateur s’est abstenu de remplir. On s’y engouffre alors avec plaisir.
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