Synopsis: 1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage... Marie de Mézières, une des plus riches héritières du royaume, aime le jeune Duc de Guise, et rien ne semble arrêter cette belle idylle. Mais les intérêts de l'Etat sont-ils compatibles avec l'amour ?
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Mars 2011 ( 2 ème )
Dans ce film en costumes, le cinéaste conjugue ses expériences passées ( « Que la fête commence », « Autour de minuit »,« Capitaine Conan»…) . Un spectacle à part entière , qui donne à voir dans des paysages appropriés, la grande et la petite histoire , rapportées par un conteur.
Le classicisme de la réalisation s’efface devant un récit où le romanesque se mêle à l’Histoire de France, dans un tourbillon de bons mots et de réparties qui font le sel de cette fresque amoureuse.
Des amours contrariées, par une condition féminine réduite à la soumission, aux compromis familiaux, aux intérêts de l’Etat. Extraordinaire dans les atours de cette femme prisonnière de son rang et de sa beauté Mélanie Thierry , porte tout le poids du film avec une fragilité assumée jusqu’à l’interdit qui fera de cette princesse une femme du monde.
Le propos est éminemment contemporain. Sous d’autres latitudes, et d’autres procès il reproduit la romance d’un homme, le duc de Guise et d’une femme Melle de Mézières, contrainte d’épouser le Prince de Montpensier…
Sur ce triangle amoureux, dans un décor de guerres de religion (1562), qu’il filme avec simplicité à travers deux ou trois batailles, Bertrand Tavernier jette un regard pertinent sur tous les protagonistes de ce drame.
Il a fait appel à la toute jeune génération, qui en prenant fait et cause pour leurs personnages, se montre à la hauteur du projet.
Habituellement je trouve Grégoire Leprince-Ringuet , falot et peu inspiré. En mari imposé et timide prétendant, il joue sa partition à la perfection face à son adversaire et cousin balafré Gaspard Ulliel, tout aussi inspiré par les affres de l’amour et ses dérives politiques. C’est la passion incarnée, mais aussi toute la raison d’état qu’il porte sur ses épaules.
Les « anciens » ont la réplique appropriée . Dans les frusques de ce duc fourbe et prêt à tout pour conforter sa puissance et sa fortune, Michel Vuillermoz est éclatant. La palme du bonheur de l’interprétation revient à Lambert Wilson , un duc de Chavannes aux prises avec les feux de l’amour et ceux de la raison , et que le comédien sublime avec un naturel désarmant.
A la fois confesseur, précepteur et confident, il fait peine à voir tant le monde des puissants lui interdit d’être heureux.
Mais l’acteur, au mieux de se forme, croque avec un plaisir gourmand les dialogues vifs et inspirés de Jean Cosmos. On s’approche parfois de la déclamation théâtrale, que Tavernier allège en évitant la reconstitution historique.
Pour bien connaître certaines places où le film a été tourné, il est évident que le cinéaste a gommé la carte touristique et le décor in situ. Rien que la scène finale au château de Blois est un exemple frappant. Et ses déambulations dans les rues de Chinon, une leçon de cinéma …
LES SUPPLEMENTS
- Le making of, par Pierre-Henri Gibert (58 mn) . Des coulisses, c’est généralement le meilleur aspect qui ressort. Et si le portrait flatteur qui s’inscrit dans ces bonus ne souffre d’aucune restriction, j’y adhère en imaginant bien quelques travers.
De l’avis général Bertrand Tavernier est un réalisateur sympa, d’une énergie débordante, à l’écoute et prêt à la discussion. Le long making of ne se prive pas de nous le montrer toujours au plus près de ses comédiens . Ajoutez y des remarques du style « ah ce que tu viens de faire, moi j’adore », et tout le monde est content.
Mélanie Thierry , dans le rôle-titre est très sollicitée par ce mentor bienveillant. Une scène où elle doit se laisser « un peu » séduire par Gaspard Ulliel en duc de Guise est à mourir de rire.
« Comment vas-tu t’y prendre ?» lui demande-t-il. « Je vais certainement un peu lui céder » concède la belle dans un rire qui emporte tout le plateau. Et Tavernier de rire encore plus fort « ah j’aime beaucoup ça, on va voir comment tu va lui céder, un peu ». La scène avec le sanglier ne manque pas non plus de piquant.
Sur le plateau l’ambiance avait l’air plutôt sympa
« J’avais envie de raconter une histoire d’amour, lyrique, dans laquelle il y avait de l’élan » poursuit Bertrand Tavernier, tatillon au possible avec son scénariste Jean Cosmos, qui avoue à la fin du tournage être sur les genoux. « Mais on était d’accord sur le principe que pour un film historique on n’allait pas filmer à fond les décors comme ça se fait habituellement, mais plutôt les visages, le grain de la peau, et les costumes, et après les décors existeront forcément ».
C’est une véritable leçon de cinéma que l’on retient de ce passionnant making of, où il est aussi question du rapport à l’espace en comparaison du cinéma américain, de la durée exacte d’une scène, de la signification des mots de l’époque rapportés à une traduction contemporaine….
- « Empreintes- Bertrand Tavernier, cinéaste de toutes les batailles » par N.T.Binh (51 mn). Un excellent portrait qui débute par l’attribution du prix Louis Deluc pour le premier film de Bertrand Tavernier « L’horloger de Saint-Paul ». Et le trentenaire de dédicacer son prix à « tout ceux qui nous ont fermé la porte au nez ». Le reste est à l’avenant, et ce portrait raconte en fin de compte toute l’histoire du cinéma mondial. Ou presque, c’est passionnant.
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Les triangles amoureux dans ce blog :
« Leto » de Kirill Serebrennikov-« A trois on y va » de Jérôme Bonnell-« L’homme fidèle » de Louis Garrel-« Cyrano de Bergerac » de Jean-Paul Rappeneau-« La colère d’un homme patient » de Raul Arevalo–« Le port de la drogue » de Samuel Fuller-« Rocco et ses frères » de Luchino Visconti-« Le cavalier noir » de Roy Ward Baker-« Caprice » d’Emmanuel Mouret-« Parade’s end » de Susanna White-« Le Passé » de Ashgar Farhadi-« The deep blue sea » de Terence Davies-« Contracorriente » de Javier Fuentes-León-« Tango » de Carlos Saura-« La Princesse de Montpensier » de Bertrand Tavernier-« Chloé » d’Atom Egoyan-« Brothers » de Jim Sheridan-« Les fantômes d’Ismaël » d’Arnaud Desplechin-« La Maison russie » de Fred Schepisi-« Un soupçon d’amour » de Paul Vecchiali.
Review Overview
Le film
Les bonus
C'est un film éminemment classique, parfaitement maîtrisé, un spectacle grand public qui nous apprend aussi l'Histoire de France avec surtout un scénario très inspiré que les jeunes comédiens s'approprient avec un grand plaisir . Contrairement à Chérault qui dans " La reine Margot" ( pour rester dans la même période historique ) était au cœur de l'action, Tavernier est ici un observateur attentif et un excellent conteur .
Avis Bonus : On revit le film depuis les coulisses, en suivant de très près la façon dont travaille Bertrand Tavernier . Et comme ça dure près d'une heure, rien n'est laissé au hasard sur un plateau où l'ambiance semblait excellente. Le portrait de Tavernier qui suit est tout aussi passionnant , notamment pour revisiter plusieurs pages de l'histoire du cinéma d'hier et d'aujourd'hui . Vraiment d'excellents bonus .
Je n’ai pas ete aussi emballee que vous, mais bref… en tout cas, bien dommage de ne pas avoir cite Personnaz et vous devez confondre: lui porte le poids des responsabilites et du devoir et non Guise qui ne fait que delaisser Marie une fois la nuit d’amour obtenue (desolee, spoilers…). Et puis Leprince-Ringuet….pour moi sana passion, sans interet…