« Couple in a hole » a raflé les trois premiers prix du festival du film britannique de Dinard. J’espérais une surprise, mais pas un raz-de-marée. Hitchcock du public, du scénario et le Hitchock d’or, récompense suprême remise par Jean Rochefort, le président du jury. Un succès magnifique et inimaginable au regard d’un film qui me semblait effectivement être celui du festival 2015, mais dont le thème et son traitement ne facilitent pas l’accès.
Les vingt premières minutes sont assez énigmatiques. On imagine une version du bon sauvage, d’un retour à la terre nourricière pour un couple d’anglais, étrangement retiré dans une dépression forestière, quelque part en France. Il se nourrit comme il peut et refuse tout contact avec le monde extérieur.
Le village n’est pourtant pas très loin, mais rien n’y fait, jusqu’au jour où l’homme est contraint de trouver des médicaments pour sa femme piquée par une araignée venimeuse. Je m’épancherai beaucoup plus sur ce film lors de sa sortie en France. Actuellement en quête d’un distributeur, il ne devrait plus tarder à se faire remarquer. Mais il faut retenir d’ores et déjà le nom de ce réalisateur Tom Geens et celui de ses interprètes Paul Higgins, Kate Dickie, Jérôme Kircher et même Corinne Masiero, dans un rôle secondaire. Tous confirment le bien être de leur interprétation qui n’est plus qu’apparence et très vite s’estompe devant la vitalité du propos, sa vérité, sa force.
Une réalisation magistrale qui éclipse totalement le reste de la compétition alors que certains méritaient de sortir aussi de l’ombre. Le jury a créé avec justesse une mention spéciale pour les interprètes de « Departure » : Juliet Stevenson, mère à bout de souffle révèle une force et un caractère hors du commun, face à son fils Alex Lawther et son copain Phénix Brossard les comédiens de demain.
Le prix remis par les distributeurs bretons au film de Andrew Haigh, « 45 ans », qui signait la soirée de clôture m’apparait beaucoup plus étrange. L’excellente prestation de Charlotte Rampling, distinguée récemment à Berlin avec son partenaire de jeu Tom Courtenay, n’éclipse pas la faiblesse d’une réalisation sans âme. Le sujet se prêtait semble-t-il pourtant à une autre dynamique : à la veille d’une grande fête pour leur 45e anniversaire de mariage, le corps du premier amour de Geoff, disparue 50 ans auparavant dans les glaces des Alpes, vient d’être retrouvé... L’homme en est tout bouleversé, son caractère, affecté. Sa femme est à son tour totalement désemparée par la nouvelle et les répercussions sur la vie de son mari. Elle découvre une histoire qu’elle ignorait totalement.
C’est filmé avec une nonchalance, une platitude désarmante. Le film sort fin janvier 2016. On a le temps de se retourner.
Jean Rochefort était entouré par Alexandra Lamy, Amara Karan, Natalie Dormer, Emma de Caunes, Virginie Efira, Mélanie Doutey, aux côtés de Bernard Le Coq, Noah Taylor, des réalisateurs Pierre Salvadori et Julien Temple, et du producteur Bertrand Faivre
LE PALMARES
- Hitchcock d’Or Ciné + Grand Prix du Jury : « Couple in a hole » de Tom Geens . Ce Prix est doté d’une campagne de promotion sur les chaînes Ciné+, et d’un soutien financier de la Ville de Dinard.
- Mentions spéciales du jury : «Departure » de Andrew Steggall, et aux acteurs : Juliet Stevenson, Alex Lawther, et Phenix Brossard
- Hitchcock du Public Première : « Couple in a hole », de Tom Geens
- Hitchcock du meilleur Court-métrage : « After the end » de Sam Southward
- Hitchcock « Coup de cœur » de l’association La Règle du Jeu : « 45 years » d’Andrew Haigh. Les films qui concouraient pour ce prix ont déjà un distributeur en France. Distribution du film primé dans 40 salles du Grand Ouest.
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