- Aout 2019 : le meilleur dvd !
- DVD : 7 août 2019
- Cinéma : 27 mars 2019
- Acteurs : Antonio de la Torre, Chino Darín, Alfonso Tort, César Troncoso, Soledad Villamil
- Audio : Français , Espagnol
- Audio description –Sous-titres : Français
- Studio : Le Pacte
- Durée : 122 minutes
L’histoire :1973, l’Uruguay bascule dans la dictature. Trois opposants politiques sont secrètement emprisonnés. Jetés dans de petites cellules, on leur interdit de parler, de voir, de manger ou de dormir. Au fur et à mesure que leurs corps et leurs esprits sont poussés aux limites du supportable, les trois otages mènent une lutte existentielle pour échapper à une terrible réalité…
Quand la dictature s’installe en Uruguay en 1973, les Tupamaros ont une dizaine d’années d’existence. Une décennie de guérilla urbaine que le nouveau pouvoir militaire va museler par des actions aussi violentes qu’incontrôlées.
La légalité n’a plus de raison d’être pour les responsables politico-militaires qui usent de tous les moyens pour éliminer les rebelles. « Subversifs », « traîtres à la patrie », on ne compte plus le nombre de morts authentifiés, et de disparus que l’on ne retrouvera jamais.
Mujica, Rosencof et Huidobro sont arrêtés devant des témoins. Ce qui leur sauve la vie, mais leur avenir n’est pas plus engageant.
« On aurait dû vous tuer, on va vous rendre fou » hurle un sergent aux premiers mois de leur incarcération.
« Ce serait plus humain de les fusiller » dira un médecin, beaucoup plus tard, devant le régime infligé aux trois opposants politiques. Totalement isolés, on les change fréquemment de prison. De minuscules geôles, des cachots, peu de lumière et pas la moindre commodité.
Parfois ils réussissent à communiquer sommairement, en tapant sur des murs humides et décrépis. Mais l’enfermement est total et ce n’est que par la pensée qu’ils survivent.
Un état d’esprit purement abstrait que le réalisateur Alvaro Brechner formule de manière tout aussi symbolique en quêtant la profondeur de leurs réflexions, des mimiques au soleil incertain, des silences brisés par le monde extérieur qui un peu plus chaque année s’éloigne de leur existence.
Une torture morale parfaitement retranscrite par sa caméra et le jeu des comédiens recroquevillés au plus près de leur personnage. Je ne sais si un film à déjà rapporté à ce point la persécution psychique, incessante, insidieuse …
On pense à Costa-Gavras, en beaucoup plus démonstratif, ou à Steve McQueen pour son formidable « Hunger ». Mais ici le combat est sans loi ni règle. Le KO permanent.
Avant un nouveau un transfert pour l’inconnu, les voix du dehors et les images des souvenirs heureux . Et d’autres plus douloureuses, l’arrestation, les interrogatoires, les premiers supplices.
Le vertige de la mise en scène est dans cette réflexion croisée et presque silencieuse entre ces deux mondes qui ne s’affrontent même plus. Douze années d’enfermement, sans jugement, et trois hommes dotés d’ une force de résistance surhumaine.
Antonio de la Torre, Chino Darín, Alfonso Tort pétris de toute cette humanité, embrasent un contexte sous très haute tension. Et quand la douce voix de Silvia Perez Cruz reprend les justes paroles de Simon et Garfunkel « The sound of silence », que la lumière revoit le jour et que les dictateurs crachent sur leur défaite, ces trois hommes là se mêlent à la grande Histoire.
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La dictature au cinéma :
« Koblic » de Sebastian Borensztein
« Nous trois ou rien » de Kheiron
« Le président » de Mohsen Makhmalbaf
« Enfance clandestine » de Benjamin Avila
« The lady » de Luc Besson
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Alvaro Brechner et … « J’ai discuté avec Mujica, Rosencof et Huidobro pendant deux ans , et je n’étais toujours pas certain d’en faire un film . Il n’y avait quasiment pas de dialogues , ni de thème principal. La narration était circulaire. (…) Au-delà du réalisme extrême du film , j’ai voulu apporter une dimension expressionniste par un montage déconstruit et une bande son particulière ».
« Ce film devait être vivant, il ne s’agissait pas d’un hommage à tous les survivants ».
« Comment l’homme arrive à donner un sens à ses souffrances… »
… Antonio de la Torre. Il parle très bien de son personnage dans l’environnement si particulier de l’époque.
« C’est un travail complexe que d’incarner une personne vivante , un tel leader mondial qui a effectué un voyage au bord de la folie , je l’ai souvent rencontré, et me suis m’imprégné de sa culture, avant de perdre …16 kilos ! Au bout d’un moment j’étais complètement obsédé par Mujica, devenu mon personnage ».
- Personnages et décors, making of ( 4.48 mn ). On revient sur les lieux d’incarcération ( tournage en Espagne et en Uruguay ) où les acteurs rapportent leurs sentiments sur le fait d’avoir eu à se conformer au physique des prisonniers de l’époque dictatoriale.
La Prison du Penal de Libertad où il y avait autrefois des prisonniers politiques. Le lieu a beaucoup impressionné l’équipe .
- José « Pepe » Mujica ( 2.57 mn ). Un peu la suite du making of à travers la philosophie de Mujica qui s’exprime dans les coulisses.
« On peut vivre et s’accommoder de ses chagrins » dit-il. « Heureux celui qui a besoin de peu »
« Le bonheur c’est un sentiment d’équilibre , c’est la joie d’être en vie »
- Vidéo clip de « Tres Locuras » de Silvia Perez Cruz
Le film
Les bonus
Après le coup d’état de 1973 en Uruguay, trois Tupamaros sont otages de la junte militaire . Pendant 12 ans ils vont subir les avanies de la dictature, les tortures physiques et morales que le réalisateur filme avec un réalisme terrible. L’isolement total, l’abandon, et malgré tout l’espoir qui les fait vivre lors des retours sur le passé, et celui des familles, de temps en temps autorisés à les visiter.
Des flash-back aussi intelligents que la mise en scène vertigineuse dans laquelle Antonio de la Torre, Chino Darín et Alfonso Tort se fondent littéralement.
Un film dramatique d’une force éclairante pour cette humanité que l’on réclame à cor et à cris . Un film exceptionnel !
AVIS BONUS
Des entretiens hyper intéressants sur fond de making of
3 Commentaires
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