Synopsis: Une ville de province dans le sud de l’URSS en 1962. Lioudmila est une fonctionnaire farouchement dévouée au Parti Communiste. Sa fille décide de participer à la grève d’une usine locale et les événements prennent une tournure tragique. Les autorités dissimulent la violence de la répression. Lioudmila se lance alors dans une quête éperdue à la recherche de sa fille disparue.
La fiche du film
Le film
Ce film parle d’événements tragiques survenus au début des années soixante en URSS . Il a été réalisé en 2020. Et pourtant, le contexte ( une grève dans une usine d’Etat ) cadré dans un noir et blanc formel, très académique, nous renvoie immédiatement à cette époque.
Comme si le tournage de « Chers camarades » datait de ce moment charnière de la déstalinisation vers une autre forme de communisme. Celui pour lequel Lioudmila se bat bec et ongles au sein du comité local du Parti communiste, partisane d’une république soviétique intransigeante.
Une foi absolue dans l’ère Khrouchtchev, une détermination à toute épreuve. Lioudmila vit dans une province où l’histoire cosaque marque encore fortement les esprits. Elle est officiellement interdite, même si son propre père la revendique au sein du foyer où sa fille Svetka (Yuliya Burova) mène elle aussi une autre danse.
Jeune et dynamique, Svetka aspire à d’autres horizons que ceux dessinés par sa mère. Confrontation idéologique périlleuse alors qu’une opposition grandissante menace le fragile édifice de la politique khrouchtchévienne.
La grève dans l’Usine Ferroviaire fait sauter le verrou. Un établissement hautement stratégique pour l’Etat Soviétique qui aussitôt dépêche ses représentants les plus gradés pour mettre fin à la gabegie.
L’idéologie filmée jusqu’alors dans le récit du cinéaste ( plans fixes éloquents ) s’infiltre dans la mise en scène de manière presque déraisonnée. Une panique grandissante, une caméra, à juste titre, affolée.
Des chars, des soldats par centaines, des miliciens, on n’imagine pas un tel déploiement pour un soulèvement ouvrier à l’origine mesuré. Une fois les premiers cadavres ramassés dans des camions, l’émeute est dans la rue.
Depuis son bureau de fonctionnaire, Lioudmila assiste incrédule à la fin de ses illusions qu’elle imagine encore sauver par l’intransigeance et la force. Une autorité suprême balayée par la volonté du peuple où Svetka s’est perdue.
Un autre combat pour Lioudmila, mère et protectrice d’un pays qui l’abandonne. En quête de sa fille disparue, elle le découvre dans ses erreurs et son aveuglement, victime d’une idéologie mortifère. Dilemme de la militante à l’instinct maternel retrouvé, Yuliya Vysotskaya incarne pleinement cette terrible histoire aux accents toujours présents. Comme un écho qui n’en finit pas.
Le film
Ce film tourné en 2020, parait l’avoir été dans les années soixante-dix , quasi contemporain de « Quand passent les cigognes » de Mikhail Kalatozov. Le contexte ( une grève dans une usine d’Etat ) cadré dans un noir et blanc formel, très académique, nous renvoie immédiatement à cette époque. L’émeute ouvrière sera terriblement réprimée dans un accent de furie de la part des autorités complètement dépassées par les événements. Ce à quoi assiste médusée une fonctionnaire du comité central pour qui l’avenir du pays réside dans un communisme absolu, celui que défend Khrouchtchev, et sa politique très répressive. La fin des illusions de cette jeune femme couronnée par la disparition de sa fille, solidaire des grévistes. Dans ses erreurs et son aveuglement, Loudmila (Yuliya Vysotskaya) incarne pleinement cette terrible histoire aux accents toujours présents.