Accueil » A la une » « Charlie’s country » de Rolph de Heer, critique cinéma – dvd

« Charlie’s country » de Rolph de Heer, critique cinéma – dvd

Synopsis: Charlie est un ancien guerrier aborigène. Alors que le gouvernement amplifie son emprise sur le mode de vie traditionnel de sa communauté, Charlie se joue et déjoue des policiers sur son chemin. Perdu entre deux cultures, il décide de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens. Mais Charlie prendra un autre chemin, celui de sa propre rédemption.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Charlie's country"
De : Rolf de Heer
Avec : David Gulpilil, Peter Djigirr, Luke Ford, Wayne Anthoney, Dellax Barra
Sortie le : 02 juin 2015
Distribution : Blaq Out
Durée : 103 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
le bonus

Meilleur dvd Juin 2015 ( 8 ème )

Le réalisateur Rolph de Heer et l’acteur David Gulpilil sont de vieux amis. « Charlie’s country » est leur troisième film. Une fidélité réciproque, définitivement scellée par cette nouvelle histoire, à l’origine  très personnelle.

Confronté à de multiples difficultés, David Gulpilil est incarcéré. Son problème d’alcool n’arrange rien. Quand le cinéaste lui rend visite, c’est un homme déprimé qui ne se voile pas la face. Sa planche de salut ? Un nouveau film. Rolph de Heer entend l’appel et c’est au fond d’une cellule que les deux hommes élaborent «  Charlie’s country ». Ou la vie de ce vieil aborigène au cœur du bush australien, son berceau de toujours.

C’est me semble-t-il le point fondamental de ce très beau film, à travers la quête désespérée d’un homme pour retrouver son identité. Charlie ne pardonne pas aux hommes blancs d’avoir spolié son territoire.  Sa collaboration avec la police lui permet à la fois une relative tranquillité, mais surtout d’en marquer les limites. Chassez nous des malfaiteurs, des dealers et trafiquants en tout genre que votre culture nous a amenés et partez avec eux.

C’est le sens du message que l’aborigène adresse aux policiers locaux qu’il réussit parfois à déstabiliser. Il les interpelle ouvertement, subtilise leurs voitures, sa manière à lui de revendiquer l’autonomie de son pays. Mais attention, Charlie n’est pas un héros, plutôt un philosophe paisible qui ne demande qu’un peu de rêve et de ganja  au milieu de la nature encore préservée.

Quand il n'y a plus d'essence, on s'arrête boire un verre...
Quand il n’y a plus d’essence, on s’arrête boire un verre…

Dans le bush où il se réfugie pour échapper aux poursuites, il s’endort jusqu’à la presque mort. Mais l’hôpital de la grande ville qui le soigne  n’est pas un remède. Ses congénères s’y enivrent plus que de raison, par désœuvrement.

Rolph de Heer ne prend pas frontalement la défense de Charlie  et de son peuple déraciné dans son propre pays par une colonisation rampante. Mais son très long plaidoyer pour la dignité humaine  renvoie l’image figée de l’esclave  qui se languit au fond de sa prison.

C’est un peu le rythme qu’il aborde alors, répétitif et monotone, comme traînent les jours d’un détenu. Charlie fera un séjour en prison , retrouvant les attributs de David Gulpilil qui en défendant sa peau, défend le droit de vivre sur le sol natal. Une aspiration bien naturelle, que la nature revendique elle aussi, à sa façon.

Charlie's country

LE SUPPLEMENT

  • Rencontre avec Rolf de Heer (30 mn) .« Dans la culture du héros, il y a un système de royauté très complexe, dans lequel le concept d’amitié n’existe pas. David Gulpilil m’a intégré dans sa vie comme son frère, alors que nous sommes très amis ». Le cinéaste raconte leur rencontre sur son film  «  The tracker » et parle d’un homme toujours pressé de jouer. Le film marche, David reçoit plusieurs prix «  et il revenait toujours vers moi pour faire un autre film. »

C’est tout cette histoire que retrace le réalisateur en évoquant les difficultés personnelles que rencontre son ami. «  J’avais alors déménagé au sud de la Tasmanie, mais j’en entendais parler et ça n’allait pas fort. Il buvait beaucoup, il a été condamné pour violences domestiques, et envoyé en prison, ce qui allait le sauver en fin de compte». Rolf de Heer lui rend visite à plusieurs reprises «  il n’était plus que l’ombre de lui-même, toute vie avait disparu de son visage. Mais il m’a dit qu’il voulait faire un film avec moi. Je n’avais pas de projet immédiat, mais je savais que ça pouvait le sauver ».

Ce fut le cas et l’histoire de ce film que le réalisateur révèle de façon très explicite.

Meilleur dvd Juin 2015 ( 8 ème ) Le réalisateur Rolph de Heer et l’acteur David Gulpilil sont de vieux amis. « Charlie’s country » est leur troisième film. Une fidélité réciproque, définitivement scellée par cette nouvelle histoire, à l’origine  très personnelle. Confronté à de multiples difficultés, David Gulpilil est incarcéré. Son problème d’alcool n’arrange rien. Quand le cinéaste lui rend visite, c’est un homme déprimé qui ne se voile pas la face. Sa planche de salut ? Un nouveau film. Rolph de Heer entend l’appel et c’est au fond d’une cellule que les deux hommes élaborent «  Charlie’s country ». Ou la vie…

Review Overview

Le film
le bonus

Une histoire à la fois personnelle et romancée entre le réalisateur et l’acteur qui s’apprécient beaucoup. Une amitié que l’on partage à travers la quête de Charlie pour revivre le pays qui l’a vu naître. Mais la colonisation rampante lui interdit peu à peu de reprendre racines. Rolph de Heer ne prend pas frontalement la défense de Charlie  et de son peuple. Mais son très long plaidoyer pour la dignité humaine  renvoie l’image figée de l’esclave  qui se languit au fond de sa prison. Au cœur de sa nature encore préservée, le bush, Charlie va alors se retirer et vivre en marge du monde et de ses hommes nouveaux. Un beau plaidoyer pour la différence, et la liberté, toujours elle.

Avis bonus Une rencontre éclairante avec le réalisateur.

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Juré N° 2 » de Clint Eastwood. Critique cinéma

... Et Clint Eastwood N° 1

Laisser un commentaire