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« Ceux qui travaillent » de Antoine Russbach.Critique cinéma-dvd

Synopsis: Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu’il doit faire face à une situation de crise à bord d’un cargo, Frank, prend - seul et dans l’urgence - une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné, le voilà contraint de remettre toute sa vie en question.

La fiche du film

Le film : "Ceux qui travaillent"
De : Antoine Russbach
Avec : Olivier Gourmet, Adèle Bochatay
Sortie le : 25/09/2019
Distribution : Condor Distribution
Durée : 102 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus

Il travaille comme un dingue, du petit matin jusqu’au soir. Il se tue au travail mais ne se plaint pas. Sa famille vit très confortablement . Elle ignore le nombre les réveils en plein sommeil.

Comme cette nuit encore, un coup de fil venu de la pleine mer où un cargo rencontre une difficulté particulière. Franck doit réagir très vite et prendre une décision définitive à peine arrivé au bureau.

Il agit en toute conscience, pour le bien de l’entreprise. Son choix radical permet d’éviter d’engloutir quelques millions supplémentaires dans une situation proche de la faillite. Il est rassuré, n’imaginant pas un instant que ses supérieurs puissent être au courant de ce retour au port , qu’il a pu empêcher.

Il leur a évité le sale boulot. Ce qu’il développe  quand on lui somme de démissionner, sans autre forme de procès. Pas d’explications possibles sur l’option retenue, désastreuse, ou sur le fait de n’avoir pas alerter la direction.

Ses arguments de bon serviteur et de fidèle compagnon depuis quinze ans tombent à l’eau. Mauvais jeu de mots pour ce marin de la terre ferme qui n’a jamais vu un seul des bateaux qu’il commandait à distance.  Comme un éclair, un choc dans son esprit de parfait petit soldat.

La tête dans le guidon et tout pour la compagnie. Et encore tout pour sa famille aussi qui le voit toujours partir le matin au bureau dans l’indifférence générale. Seule sa petite dernière Mathilde ( Adèle Bochatay ) lui prête la main, la lui donne, mais Franck n’a jamais eu la tendresse affichée au bout du cœur.

Quinze ans au service du fret maritime et il n’avait jamais mis les pieds sur un quai. La journée d’éveil de sa fille Mathilde va lui procurer ce bol d’air frais et une prise de conscience bien tardive…

 

Son enfance à la ferme le lui interdit toujours et ce passé le taraude au point de s’y référer dans sa nouvelle quête du bonheur. Un nouveau travail .

Il est désespérant de le voir s’enraciner dans ce conformisme laborieux qui le range tel un supplétif, lui le collaborateur indispensable à l’ordre économique qu’il sert, servile et consciencieux.

Olivier Gourmet est cerné avec justesse par son personnage, que le réalisateur Antoine Russbach habille sans le confort habituel des stéréotypes du genre. C’est un premier film habile et intelligent sur le monde du travail où l’épanouissement et la reconnaissance laissent place à l’ingratitude d’un système de plus en plus déshumanisé.

Quand il quitte son bureau personne ne le regarde, ne l’accompagne, à part l’agent de sécurité

Russbach co-signe le scénario avec Emmanuel Marre et Catherine Paillé. Une écriture elle aussi parfaitement lisible jusqu’à l’ébranlement, la colère sourde, le trop-plein de vérités personnelles. L’image de Gourmet risque de se refléter sur plus d’un spectateur. Dans ce cinéma-vérité ,plutôt à l’abandon, le cinéma du social, le cinéma de la vie.

LES SUPPLEMENTS

  • « Michel » De Emmanuel Marre et Antoine Russbach . Avec Jean-Benoît Ugueux, Pierre Nisse. ( 21 mn ) . Michel est le jeune stagiaire de Dagosto, le responsable technique aigri d’une HLM.Il casse par accident la chaudière du bâtiment et n’ose l’avouer à son supérieur. Le coupable est donc un habitant, un jeune pourquoi pas !

Quelques heures dans une tour HLM où le petit patron fait son maître. Le stagiaire le suit, pas dupe de ses manœuvres, mais impuissant. Tout ce découvre à travers le regard de Michel, ce qui rend la situation encore plus pénible.

Un sujet inhabituel rageusement traité. Bel exercice.

  • « Les Bons garçons » de Antoine Russbach ( 22’00 ). Avec Anaël Snoek, Renaud Rutten, Pierre Roosens, Arnaud Bronsart, Jean-Jacques Rausin, Caroline Donnelly, Pierre Nisse

Deux copains à la veille de créer leur start-up voient leur relation se détériorer . Antoine Russbach suit ce délitement comme l’expression d’un non-droit dans le monde professionnel, plus qu’une amitié en charpie. On n’imagine pas un instant la manière dont la situation peut évoluer au moment où le jury décide ou pas de financer leur projet.

C’est très bien mené dans un contexte social particulier comme semble les apprécier le réalisateur dont la direction d’acteurs permet à de jeunes comédiens de se révéler sans ostentation. Pierre Nisse en tête.

Entretiens

  • Portrait d’un homme qui travaille , Frank ( 12 mn )

Le réalisateur : « Composer un personnage qui nous ressemble… »

« Le travail est tout , et aussi preuve d’amour , je travaille c’est pour vous pour pouvoir vous offrir ce dont vous aurez envie, ça le valorise , et la famille c’est aussi pour lui le symbole de la réussite » raconte en substance Olivier Gourmet

  • L’entretien d’embauche d’Olivier Gourmet ( 5 mn ) . Une belle idée pour retracer la carrière du comédien et sa personnalité que de les mettre en parallèle avec l’entretien d’embauche que passe son personnage . Et l’acteur nous en raconte alors de biens belles .
  • Le réalisateur ( 10 mn ). « Il faut prendre la mesure de la violence du monde » entame Antoine Russbach pour évoquer l’idée de son film.

« Il y a plusieurs manière de considérer l’aliénation au travail ,mais chez les cadres c’est assez subtil on leur fait croire qu’ils sont leur propre chef et ils doivent alors devancer les attentes de l’entreprise , c’est de l’auto-aliénation ».

« A quel moment le travail a-t-il commencé à coloniser nos vies ? » …

  • Sur le monde du travail au cinéma

 » Nos batailles » de Guillaume Sezeck

« Prendre le large » de Gaël Morel

« Moi, Daniel Blake » de Ken Loach

« Sauf le respect que je vous dois » de Fabienne Godet, avec … Olivier Gourmet !

 » De bon matin » de Jean-Marc Moutout

Meilleur dvd Février 2020 ( 4 ème ) Il travaille comme un dingue, du petit matin jusqu’au soir. Il se tue au travail mais ne se plaint pas. Sa famille vit très confortablement . Elle ignore le nombre les réveils en plein sommeil. Comme cette nuit encore, un coup de fil venu de la pleine mer où un cargo rencontre une difficulté particulière. Franck doit réagir très vite et prendre une décision définitive à peine arrivé au bureau. Il agit en toute conscience, pour le bien de l’entreprise. Son choix radical permet d’éviter d’engloutir quelques millions supplémentaires dans une situation…
Le film
Les bonus

Un homme qui a consacré 15 ans de sa vie à son métier se voit prié de démissionner pour une décision incroyable, prise sans en informer la direction. Franck demeure pourtant convaincu qu’il lui a ainsi évité la faillite annoncée. Ou le portrait d’un bon serviteur et fidèle compagnon obnubilé par son travail et le bonheur de sa famille qu’il dorlote à tout prix. Même si le retour d’ascenseur est inexistant, voire totalement en panne. Il est désespérant de le regarder s’enraciner dans son conformisme laborieux qui le range tel un supplétif, lui l'homme indispensable à l’ordre économique qu’il sert, servile et consciencieux. Olivier Gourmet une fois encore maîtrise ce premier film tout aussi bien réalisé par Antoine Russbach . Un film habile et intelligent sur le monde du travail …
AVIS BONUS Deux courts métrages hyper intéressants, et des entretiens tout aussi révélateurs

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