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« C’est eux les chiens » de Hicham Lasri. critique dvd

Synopsis: Majhoul vient de passer 30 ans dans les geôles marocaines pour avoir manifesté en 1981 durant les "émeutes du pain". Il retrouve la liberté en plein Printemps arabe. Une équipe de télévision en quête de sensationnel décide de le suivre dans la recherche de son passé.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "C'est eux les chiens"
De : Hicham Lasri
Avec : Hassan Badiba, Yahya El Fouandi, Imad Fijjaj
Sortie le : 09 septemb 2014
Distribution : Editions Montparnasse
Durée : 85 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Hicham Lasri revient sur « le printemps arabe » qui au Maroc a lui aussi suscité tant d’espoirs de paix et de liberté. Il le fait habilement, par le biais d’une autre révolution avortée : en 1981, des milliers de marocains  manifestaient contre la vie chère.

Beaucoup furent emprisonnés, disparurent ou purgèrent de longues peines de prison. A l’image de Majhoul qui,libéré après trente ans d’enfermement, ne comprend plus rien au monde qui l’entoure. A la limite, le printemps arabe dont la radio abreuve ses concitoyens, lui passe encore plus au-dessus. Il découvre le téléphone sans fil, s’étonne que les boutiques de son époque aient fermé, avec ses amis disparus…

Il était parti chercher un stabilisateur pour le vélo de son fils. C’est toujours son obsession qu’une équipe de télévision va tourner en événement patriotique. Le reporter tient son sujet, si difficile à dénicher au cœur des émeutes citadines.

Visuel C'est eux les chiens © DR-05

Deux obstinations, s’affrontent : Majhoul,  à la recherche de sa famille et les journalistes en quête d’un bon reportage. En suivant l’homme désormais libre, sous l’œil de la caméra TV, le cinéaste nous donne d’ailleurs vraiment l’impression d’assister au tournage d’un documentaire .

Prise directe dans la ville, environnement très naturel : des gens importunés par la caméra qu’ils découvrent au dernier moment demandent d’arrêter de tourner. Les rapports entre protagonistes jouent sur cet confrontation généralisée : pour passer à la TV ou bien la refuser, pour un chapardage, ce ne sont que des altercations, filmées sur le vif, la caméra à l’épaule, le cadre approximatif.

De la fiction, si proche de la vérité, que l’ensemble s’apparente de plus en plus à une (fausse) caméra vérité, qui en révélant son scénario, force le ton . Comme un film d’intervention. Les images défilent, le héros tente de s’y raccrocher, malgré un environnement plutôt hostile. Sa révolution n’intéresse plus personne. Amer constat.

LES SUPPLEMENTS

  • Making-of (15 min). Souhaitant un rendu presque documentaire pour son film, Hicham Lasri opte pour un tournage assez sauvage : plusieurs plans semblent avoir été tournés sans autorisation, au cœur même de la ville où les voitures incendiées sont évacuées sur des camions .Une équipe très resserrée d’une dizaine de personnes  complète le dispositif que l’on suit avec grand intérêt.
  • « L’image a libéré les peuples » : entretien avec le réalisateur (7 min). Hicham Lasri compare les « émeutes du pain » de 1981 à celles du Printemps arabe. « C’est le symbole d’une époque qu’on essaie d’oublier. Notre héros gêne les gens, au début on le prend d’ailleurs pour un fou, un mythomane, et progressivement on oublie ça. (…). En 1981 on pouvait vous emprisonner sans savoir ce qu’il allait advenir de vous .Aujourd’hui les gouvernements ne peuvent plus s’attaquer à un citoyen impunément. (…) Je suis plus un  observateur qu’engagé, pas là pour donner un avis, mais formuler une émotion ».

Il explique aussi ses choix de réalisation, l’intérêt de filmer caméra à l’épaule et de laisser une grande part d’improvisation aux acteurs.

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  • Court-métrages d’Hicham Lasri

« Les Jardin des rides » – 2006 – 12 min. Daoud est un homme âgé qui vit très mal sa vieillesse, son impuissance et sa dégradation physique. Jusqu’au jour où il apprend que son ex-femme est morte et qu’il peut maintenant voir sa fille dont il ignorait l’existence. Pour cette première rencontre, il veut se montrer sous une meilleure image. Une jeune infirmière l’aide alors à s’accepter pour affronter le regard de sa fille.

Un regard exigeant sur la vieillesse, une réflexion intense de la part d’un cinéaste qui dans ses plus jeunes années possédait déjà une vista extraordinaire.

« Android »– 2010 – 8 min. Je suis moins convaincu par ce second court-métrage, un peu abscons, un travail de recherche, comme  un film de fin d’études où l’on tente de mettre tout ce que l’on sait faire ; le cadrage, la lumière, les apports d’une mise en scène réfléchie…

  • Un autre regard sur le Maroc :

« Razzia » de Nabil Ayouch

« Houkak » de Younes Yousfi

« Much Loved » de Nabil Ayouch

« Rock the Casbah » de Laila Marrakchi

« Goodbye Morocco » de Nadir Mokneche

« Casanegra » de Nour Eddine Lakhmari

Hicham Lasri revient sur "le printemps arabe" qui au Maroc a lui aussi suscité tant d’espoirs de paix et de liberté. Il le fait habilement, par le biais d’une autre révolution avortée : en 1981, des milliers de marocains  manifestaient contre la vie chère. Beaucoup furent emprisonnés, disparurent ou purgèrent de longues peines de prison. A l’image de Majhoul qui,libéré après trente ans d’enfermement, ne comprend plus rien au monde qui l’entoure. A la limite, le printemps arabe dont la radio abreuve ses concitoyens, lui passe encore plus au-dessus. Il découvre le téléphone sans fil, s’étonne que les boutiques de son…

Review Overview

Le film
Les bonus

C’est l’histoire d’un homme qui sort de prison et qui ne reconnait plus rien de son environnement. Au cœur du printemps marocain, Majhoul tente de reprendre pied à travers la recherche de sa famille qui ne se précipite pas vraiment pour le voir.Une équipe de TV le rencontre un peu par hasard , et les voici en quête d’un nouveau sujet. Une idée excellente que le cinéaste reprend quasiment à son compte en filmant, caméra à l’épaule, et cadre parfois approximatif. Comme happé par l’urgence des revendications liées à la quête de leur héros. De la fiction si proche de la vérité que cela s’apparente de plus en plus à une (fausse) caméra vérité, qui en révélant son scénario, force le ton. L’humour, la drôlerie de certaines situations atténuent le réquisitoire.

Avis bonus Deux courts-métrages, un making of au cœur de la ville , un entretien, on ne s'ennuie pas

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