Synopsis: Théâtre de la prison de Rebibbia. La représentation de « Jules César » de Shakespeare s'achève sous les applaudissements. Les lumières s'éteignent sur les acteurs redevenus des détenus. Ils sont escortés et enfermés dans leur cellule. On les retrouve ensuite six mois plus tôt…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Meilleur dvd Juillet 2013 ( 6 ème )
Cosimo Rega purge une longue peine dans la prison de haute sécurité de Rebibbia. Avec plusieurs co-détenus, il participe à l’atelier-théâtre qui chaque année se conclue par la représentation d’une pièce. Cette fois c’est « Jules César » qui a été choisi par le metteur en scène. Il joue Cassius. Après une répétition, comme chaque jour il regagne sa cellule et nous regarde fixement. « Depuis que j’ai connu l’art, cette cellule est devenue une prison. »
Il le dit comme une nouvelle sentence, mais aussi comme le début d’une rédemption par la pratique théâtrale que les frères Taviani réinventent ici au cœur même d’un système de représentation bien particulier. Dans ce huis clos obligé, la salle de répétition s’avère indisponible. Aussi, c’est d’une cellule à un couloir, en passant par la cour de promenade, et les tunnels, que les comédiens-prisonniers vont appréhender leur texte.
Une excellente idée que les deux cinéastes subliment dans une mise en scène caméléon. En optant pour « Jules César » le miroir que leur renvoie l’œuvre de Shakespeare se mêle maintenant à la vie carcérale quotidienne. L’amitié indéfectible, la trahison, le crime, la vérité, tous ces repères d’un univers théâtralisé remontent à la surface de leurs propres souvenirs, de leurs propres crimes.
Bien souvent, on ne sait si ce sont les dialogues imaginés qui se répondent entre les détenus, ou bien la vie au jour le jour , qui se repaît de souvenirs contrits et de hargne encore rentrée. Quand dehors la foule crie et réclame ses droits, le jeu est-il encore de mise ? Quand à l’intérieur, les prisonniers guettent les bruits de l’extérieur, la mise en scène est-t-elle toujours celle d’un théâtre ?
Les acteurs amateurs (seul Brutus est joué par un professionnel Salvatore Striano) trouvent rapidement le juste ton entre la fiction qu’on leur impose et le documentaire qu’ils sont inconsciemment en train de tourner. La fusion des deux genres n’a rien du traditionnel docu-fiction mais fixe bien puissamment la représentation théâtrale dans tout ce qu’elle a de plus vivante, et de plus universelle.
On n’est plus au cinéma, ni au théâtre, mais au cœur d’une maison de détention où des gens sont appelés à passer le reste de leur vie. On y joue un drame. Pour en oublier un autre. Loin des barreaux ça peut paraître facile à écrire, mais je crois que cette catharsis leur fait du bien. Les frères Taviani réinventent le cinéma. Du grand art.
Review Overview
Le film
Dans un noir et blanc réinventé, les frères Taviani posent les bases d’une représentation théâtrale comme élément indispensable à la survie des prisonniers. De vrais détenus jouent Shakespeare, et jouent leur vie de manière sidérante. J’ai l’impression que les frères Taviani réinventent là aussi plus généralement le cinéma. Du grand art.
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