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« Centaure » de Aktan Arym Kubat. Critique dvd

Synopsis: Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Centaure"
De : Aktan Arym Kubat
Avec : Nuraly Tursunkojoev, Zarema Asanalieva, Aktan Arym Kubat, Taalaikan Abazova, Ilim Kalmuratov
Sortie le : 05 juin 2018
Distribution : Epicentre Films
Durée : 89 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
le film
Les bonus

«  On a perdu les chevaux et nos âmes avec, nous sommes devenus des monstres… » . –

C’est un homme de son temps, passionnément retenu par son passé. Celui des valeurs humaines et du respect. De l’homme et de la bête aujourd’hui condamnée à gagner des épreuves d’endurance ou à finir à la boucherie.

Le cheval est sa raison d’être dans un monde qui ne tourne plus rond . C’est pourquoi il s’en retire auprès de sa petite famille fondée tardivement. Sa jeune épouse, sourde et muette, le couve d’un regard toujours prévenant. Surtout quand il joue avec leur petit garçon qui entend bien, mais ne parle pas du tout.

Une guérisseuse n’a rien pu faire pour adoucir le cours de cette existence que Centaure accepte avec bienveillance. Autrefois il volait les chevaux et seul désormais son surnom porte l’empreinte de ce passé révolu.

Alors, si les chevaux disparaissent encore, on ne pense pas à cet homme rangé des écuries. D’ailleurs, un jeune villageois vient d’être arrêté et le propriétaire se charge de le corriger, avant de le remettre à la police. La civilisation moderne n’a pas encore totalement rattrapé cette région aux traditions de plus en plus menacées, cependant.

Dans ce village du Kirghizistan, autrefois soviétique, l’islamisme pose maintenant son autorité. Une religion qui rejette le bon sens populaire d’un tribunal bienveillant à l’égard du véritable voleur de chevaux.

Sa conduite est incorrigible reconnait-il, un brin magnanime, mais la rumeur prétend qu’il vit avec d’autres femmes. Le voici cette fois fermement condamné à quitter le pays. Il va le faire dans un lyrisme abonné à la liberté qui l’a toujours guidé et qui scelle le film avec grandeur et lyrisme.

 Aktan Arym Kubat ( que l’on retrouve parfois en tant que Aktan Abdykalykov ) filme et joue avec la même sincérité que cette histoire qu’il rapporte du fond des légendes.

Elle est l’histoire de son pays où l’on parle encore à peine des hommes tombés en Afghanistan , il y a une vingtaine d’années. Un pays où autrefois les peuples étaient unis remarque Centaure à son cousin qui le traite comme un étranger.

Le désenchantement permanent d’Aktan Arym Kubat figure un avenir incertain pour lui et les siens. Et pourtant le cri de Nurberdi, le petit garçon de Centaure, sonne bizarrement comme un espoir. Nurberdi vient de parler !

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur. Elle se fait à la suite d’une projection du film. On entend uniquement la traduction rapide et monocorde de l’interprète qui lit les réponses de Aktan Arym Kubat, à ses côtés, tout souriant. Ce n’est pas très facile à suivre.
  • Rencontre avec le producteur Marc Baschet. Il a suivi Aktan Arym Kubat depuis ses débuts et connait donc bien son cinéma ainsi que celui d’un pays en quête d’indépendance artistique. «  L’une des difficultés dans nos rencontres était de traduire du français en russe et du russe en Kirghize » et puis aussi manger l’œil du mouton, une délicatesse qui revient toujours au plus âgé de la compagnie. « Je savais que je n’allais pas y arriver, j’ai bu beaucoup de vodka, et à plusieurs repas, il a fallu recommencer ».

Sur les problèmes de production , Marc Baschet salue l’évolution de ses partenaires. «  Au début il n’y avait pas de véritable plan de travail, c’était à la russe et aujourd’hui on tourne à l’Européenne ou à l’américaine (…)  et Aktan ne parle plus pendant les prises ! »

A noter l’importance des décors pour les Kirghizes qui ne les détruisent pas après le film. On les visite beaucoup et Marc Baschet a pu le constater. Une excellente initiative.

«  On a perdu les chevaux et nos âmes avec, nous sommes devenus des monstres… » . - C’est un homme de son temps, passionnément retenu par son passé. Celui des valeurs humaines et du respect. De l’homme et de la bête aujourd’hui condamnée à gagner des épreuves d'endurance ou à finir à la boucherie. Le cheval est sa raison d’être dans un monde qui ne tourne plus rond . C’est pourquoi il s’en retire auprès de sa petite famille fondée tardivement. Sa jeune épouse, sourde et muette, le couve d’un regard toujours prévenant. Surtout quand il joue avec leur petit…
le film
Les bonus

En racontant l’histoire d’un homme rattrapé par sa légende Aktan Arym Kubat raconte joliment l’histoire de son pays, échappé de l’empire soviétique pour tenter une identité encore bien mal retenue. Au cœur des traditions malmenées, bien que racines indispensables à son avenir, le Kirghizistan balance entre une économie capitaliste très restreinte ( déjà les privilèges ) et les coups de boutoir de l’islamisme conservateur. Si Centaure , un ancien voleur de chevaux n’y retrouve plus les siens, c’est qu’il ne se place pas encore dans cet avenir moderne synonyme de boucherie chevaline à ses yeux de conquérant de la liberté. Celle qui l’emporte encore les soirs de rapine , à cru sur des cracks qu’il monte avant de les relâcher dans la nature. Le désenchantement permanent d’Aktan Arym Kubat figure un avenir incertain pour lui et les siens, et pourtant dans sa dernière incartade, le geste de Centaure est bizarrement plein d’espoir. C’est le sens qu’il faut donner à ce film ! AVIS BONUS Une rencontre avec le réalisateur, pas très facile à suivre. Celle avec le producteur est beaucoup plus explicite

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