Interdit – 12 ans avec avertissement
L’histoire : Été 1998. Cassandre a 14 ans. Dans le petit manoir familial, ses parents et son frère aîné remarquent que son corps a changé. Cassandre est passionnée de cheval et intègre pour les vacances, un petit centre équestre . Elle y découvre une autre normalité qui l’extrait petit-à-petit d’un corps familial qui l’engloutit..
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article
D’après des faits réels.
Lors des premières rencontres , Hélène Merlin nous balade, c’est une évidence. Sa famille bien déjantée vit dans une fin de siècle.
Une mère assez olé-olé, mère de famille vaillante, malgré tout, et surtout malgré ce mari, colonel dans l’armée , à peine remis de quelques campagnes colonialistes pitoyables.
De son autorité passée, il conserve la notion d’un ordre respectable, qui lui permet d’exiger de sa progéniture, un dû pour chaque service accompli sous son toit. Un sou est un sou …
Cassandre et Philippe s’en accommodent plutôt bien, jouant dans ce huis-clos suranné, une complicité douloureuse. Il n’a d’yeux que pour elle quand elle regarde déjà ailleurs, vers son adolescence refoulée, et toujours ces quatre années qui les séparent.
Leurs sentiments ont grandi, eux aussi , d’émois amoureux, aux rapports plus ambigus sur la nature du sexe et de ses variations. Hélène Martin tient là à cet instant un regard traumatique que sa mise en scène détourne de manière subliminale.
Cassandre est maintenant adulte, elle se souvient …
Le cercle équestre de sa jeunesse où l’on semble vivre autrement, plus normalement. D’autres sensations, d’autres envies dans ce tourbillon qui la ramène inexorablement vers le manoir familial, aux allures défroquées . Et vers l’insupportable vérité révélée un soir d’ivresse et de dérive, au cœur d’un cercle familial, toujours aux abonnés absents.
La fêlure a cédé, et toute indignation déversée dans ce petit bout de femme, victime abasourdie d’un monde auquel elle s’imaginait appartenir.
Billie Blain accompagne son personnage de manière fulgurante, avec Zabou Breitman, Eric Ruf et Florian Lesieur qui trouvent eux aussi la juste expression . Il faudrait encore citer Guillaume Gouix, Laïka Blanc-Francard … sur une première affiche tout à fait pertinente.
Le film
Un premier film, avec d’excellents interprètes, et un sujet délicat sur les rapports sexuels familiaux . Le mot inceste est-il seulement prononcé ? La jeune réalisatrice ne l’aborde jamais de front. Mais sur un décalage narratif ( voire psychanalytique ) qui renvoie à cette famille déjantée au sein de laquelle un frère et une sœur vivent leur enfance de manière particulière. Leur entente, plutôt heureuse, bien que souvent conflictuelle, grandit elle aussi au fil des années et des sentiments qui de l’émoi amoureux aux rapports sexuels , les conduit à l’inexorable. Ce qui parait de plus en plus insupportable pour le spectateur, est atténué par la retenue que la réalisatrice accorde à sa mise en scène. Elle décale, détourne, dévie le regard, le propos, jouant sur la fantaisie de la mère, où les faux ordonnancements du père militaire, chez qui un sou est un sou. Mais l’l’insupportable vérité finit par éclabousser le cercle familial, toujours aux abonnés absents. Contrairement à Billie Blain, excellente dans le rôle-titre, à l’image d’une affiche exceptionnelle