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« Captain Fantastic » de Matt Ross. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d'extraordinaires adultes. Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu'il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l'obliger à questionner ses méthodes d'éducation et remettre en cause tout ce qu'il leur a appris.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Captain Fantastic [Blu-ray + Copie digitale]"
De : Matt Ross
Avec : Viggo Mortensen, Frank Langella, Missi Pyle, George Mackay, Samantha Isler
Sortie le : 14 fevri 2017
Distribution : TF1 Vidéo
Durée : 118 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Un Certain Regard -Festival de Cannes 2016 -Prix de la Mise en scène

Meilleur dvd Février 2017 ( 10 ème) 

Le père évoque Platon, on pense aussi à Rousseau, mais l’éducation prônée par Ben, dit « Captain Fantastic » relève aussi de l’utopie écolo. Appliqué au jour le jour dans une forêt isolée du monde, ce mode de vie ne repose que sur la volonté assurée d’un papa bien sympathique, usant à sa façon d’une autorité tout à fait paternelle.

Les enfants ne rechignent pas. Courir dans les sentiers abrupts, escalader des parois rocheuses éprouvantes, tuer l’animal, couteau commando à la main pour subvenir aux besoins de la petite maisonnée. Là où tout est parfaitement ordonné, répertorié. Une vie ordinaire.

La fratrie n’est pas coupée du monde qu’elle frôle, plus qu’elle ne le côtoie, pour une visite à la bibliothèque ou à la poste. Les enfants posent toutes les questions,  des plus insidieuses aux plus instructives. Des questions évidentes quand la vie leur passe devant les yeux sans qu’aucune école ne les ait accueillis. Ben comble avec bonheur cette attente intellectuelle qui les place bien au-dessus de la moyenne.

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D’où vient ce père ? On n’en sait rien. Peut-être écrivain comme on le laisse entendre bien que l’homme ne prend jamais la plume. C’est une part du mystère que le réalisateur Matt Ross argumente autour de ce confort paradisiaque et qu’il brise à peine en révélant la mort de la mère. Elle était soignée auprès de ses parents dont les relations avec le gendre ne sont pas des plus cordiales.

Les retrouvailles autour de l’enterrement s’annoncent délicates. C’est le retour à une réalité que Ben doit affronter en se confrontant lui-même au bilan d’une éducation totalement rejetée par ce que l’on appellera la civilisation. Entre la raison et le bon droit, la fable ou la légende le récit prend à cet instant un temps de réflexion qui le fait hésiter pas mal sur la conduite à tenir.

Comme si le réalisateur qui est aussi l’auteur se heurtait lui-même à ses propres dérives, n’arrivant jamais à boucler un scénario de plus en plus factice. Ben que joue très bien Viggo Mortensen (George Mackay fait un peu grand benêt) reprend alors le cours de ses théories éducatives, et patine sans véritable issue de secours. Une morale possible ?  Le triomphe des utopies ? Le retour à la raison ? Des interrogations sans réponse de la part de Matt Ross qui se heurte à l’incompréhension de son récit désormais sans fin ni fond. Le temps de la bonne humeur est passé, et la révolte tranquille des enfants, adolescence bien admise, sans effet.

Entre la tolérance laxiste du papa et le respect conformiste des grands-parents, l’histoire adopte un train de vie bien trop consensuel pour se conformer à la théorie élaborée dès les premiers ébats dans la nature. Débarrassé de ses illusions, ce monde-là a peut-être besoin d’utopies, mais aussi et avant tout de liberté. Apparences trompeuses, l’un et l’autre deviennent ici inconciliables. Alors la vie reprend son cours presque normalement. C’est déprimant.

LES SUPPLEMENTS

  • Making of (7 mn). Plutôt le point de vue du réalisateur sur les origines de son film « en tant que père j’avais plein d’interrogations. (… ) . C’est quoi être parent dans l’Amérique d’aujourd’hui ? »

Sur le personnage du père (deux semaines dans l’Idaho pour se préparer) Matt Ross se demande « s’il est fou ou génial, c’est aussi la question que pose ce film. A quel point peut-on accepter ou rejeter le monde tel qu’il est ? ».

  • Rencontre avec le réalisateur, Matt Ross. « On aimerait parfois abandonner nos ambitions personnelles, professionnelles, nos désirs de création pour consacrer tout notre temps à nos enfants, ce qui parait impossible. (…) Dans les années 80 j’ai vécu dans une communauté de ce genre, en harmonie avec la nature, avec ma mère, rien du hippie, rien que la nature. (…) Ce sont surtout les amis qui me manquaient, une culture populaire aussi … ».

Il pose beaucoup de questions sur la paternité, et d’autres plus existentielles comme la viabilité « de vivre dans le monde et hors de ce monde ».

Beaucoup de questions posées dans ce film, dont le rôle des grands-parents (  Frank Langella et Kathryn Hahn ).

« Lors du casting, le choix des enfants, ce fut le plus dur émotionnellement, je ne le montrais pas, mais en refuser me rendait triste ».

« C’est une famille extrême qui vit des choses extrêmes, je voulais respirer avec les acteurs, mais ce n’est pas un documentaire, ces gens-là n’existent pas ».

  • Avant-première à Sundance (7 mn). Matt Ross, le réalisateur et Viggo Mortensen, se congratulent mutuellement, à distance, tandis que les jeunes comédiens débarquent pour la première fois dans ce festival. Ils sont aux anges et l’interview de la jeune Shreek Crooks est amusante. Une gamine qui parle déjà comme une grande. A moins que ce ne soit l’inverse…
Un Certain Regard -Festival de Cannes 2016 -Prix de la Mise en scène- Meilleur dvd Février 2017 ( 10 ème)  Le père évoque Platon, on pense aussi à Rousseau, mais l’éducation prônée par Ben, dit « Captain Fantastic » relève aussi de l’utopie écolo. Appliqué au jour le jour dans une forêt isolée du monde, ce mode de vie ne repose que sur la volonté assurée d’un papa bien sympathique, usant à sa façon d’une autorité tout à fait paternelle. Les enfants ne rechignent pas. Courir dans les sentiers abrupts, escalader des parois rocheuses éprouvantes, tuer l’animal, couteau commando à la main…
Le film
Les bonus

Il est étonnant comme l’utopie prônée par le mode de vie de cette famille sympathique s’avère bien maladroite dans la conduite retenue à la fois par le metteur en scène et son personnage principal qu’interprète avec bonne volonté Vigo Mortensen. Celui d’un papa régnant sur une fratrie prête à assumer toutes ses normes éducatives en marge des règles de la société, dans l’attente du retour d’une maman soignée auprès de ses parents. Quand il leur faudra revenir au grand jour, à la vie normale, la confrontation de ces deux mondes n’aura que peu d’espace pour donner cours à une interprétation logique. Réalisateur et auteur, Matt Ross tergiverse  beaucoup trop pour asseoir définitivement sa théorie élaborée dans la forêt. Si une morale à une telle liberté n’est pas forcément attendue, l’issue de l’aventure apparait bien tiède, voire confortable dans un environnement qui n’a plus rien de libertaire ou d’alternatif. Les illusions sont décidément tenaces.

Avis bonus Beaucoup de commentaires de la part des membres de l’équipe et du réalisateur en particulier

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