- Meilleur dvd Février 2020 ( 6 ème )
- Acteurs : Nina Meurisse, Fiacre Bindala, Bruno Todeschini
- Audio –Sous-titres sourds et malentendants : Français
- Studio : Pyramide Vidéo
- Durée : 90 minutes
L’histoire : Jeune photojournaliste, Camille part en Centrafrique couvrir la guerre civile qui se profile. Très vite, elle se passionne pour ce pays et sa jeunesse emportée par la tourmente. Désormais, son destin se jouera là-bas
Film francophone d’Angoulême : Meilleure actrice Nina Meurisse
Dans la cohorte des reporters photographes Camille Lepage était novice. Une incursion au Sud Soudan ,un peu du printemps arabe et ce grand détour vers le Centrafrique d’où elle ne reviendra pas. Elle avait 26 ans.
Un âge qui reprend le cours de l’Histoire à ses débuts. Il faut croire. Cette jeune femme nous le laisse entendre sur ce parcours inachevé où sa raison d’être se confond avec celle d’une humanité à la dérive.
Camille lui tend les bras.
Elle n’a pas encore de technique affirmée ni les réseaux suffisants pour s’imposer . Mais sur le terrain son style surprend déjà ses aînés : elle va à la rencontre des gens et s’immisce dans leur quotidien. Ce qu’ils lui déconseillent fortement, reconnaissant malgré tout des vertus à sa démarche.
Une intrusion dans les coulisses qui lui vaut ce regard si particulier sur ses sujets . Elle a choisi « son camp », celui des anti-balaka d’obédience chrétienne à l’opposé des Séléka musulmans. Une option professionnelle qui ne l’exempt d’aucune critique à leur égard.
Ses compagnons de route tuent et décapitent autant que leurs adversaires dans des affrontements sauvages qu’elle a parfois bien du mal à photographier. Surtout quand sa présence redouble la violence et qu’ils lui intiment de déclencher son appareil.
Témoin ou complice ? Camille interroge beaucoup sa profession, sa présence en terre étrangère . Cas de conscience. Que veut-elle dire à travers ses photos que le réalisateur insère habilement dans un montage bluffant.
Archives ou réalité d’un scénario construit sur une vérité indéfectible ? Il est peut-être dommage de ne pas en discerner les limites, mais l’amalgame fournit toute la puissance du film et l’enseignement essentiel à sa démarche.
Camille Lepage est morte au cours d’une embuscade, une balle dans la tête. Elle venait de retourner en Centrafrique après quelque temps passé en France. On la félicitera pour son travail en lui conseillant cette fois de se rendre en Ukraine.
« Je vous parle de Centrafrique, vous me parlez de l’Ukraine ». Sa jeunesse aura eu raison de sa passion.
LE SUPPLEMENT
- Rencontre avec Boris Lojkine et Nina Meurisse ( 26.30 mn ) . Quelques scènes de tournage viennent parfois illustrer les propos très intéressants des deux intervenants.
« Je me suis beaucoup inspiré des photos de Camille pour imaginer les scènes de fiction, et aussi les intégrer au montage ».
Trois vérités à respecter :
- Sur Camille, « son caractère, le sens qu’elle donnait à son travail, ne pas la trahir ».
- La profession de reporter photojournaliste. « Ne pas la raconter n’importe comment sur le terrain, mais aussi la façon dont ils doivent négocier avec les agences ».
- Et le Pays . « Le respecter et rapporter avec justesse ce qui s’y passait ».
Tourner en Centrafrique, un pays toujours en guerre ? « Une condition sine qua non, pas une question de décors, mais d’investissement , une autre énergie ».
Boris Lojkine a créé depuis quelques années des Ateliers de formation cinéma . « On accompagne la renaissance d’un cinéma centrafricain. (… ) j’avais donc des alliés sur le terrain aussi bien chez les officiels que parmi les habitants, je n’étais pas un prédateur qui venait prendre quelque chose et allait repartir chez lui ».
« La violence on sait qu’elle est là , souterraine, on entendait la nuit les tirs des armes, mais sur le tournage on a jamais eu peur, même si sur certaines scènes de foules j’avais un peu d’appréhension » reconnait Nina Meurisse , « mais c’était un tournage qui était très encadré, militairement notamment ».
le film
Le bonus
Pour la plupart on a déjà bien oublié Camille Lepage – si un jour on a remarqué sa présence – et ce film fait plus que lui rendre hommage. Il la ramène à sa vie de toujours en Centrafrique qu’elle découvre à l’occasion d’un reportage photos.
Dans la cohorte des photojournalistes Camille Lepage était novice. Une incursion au Sud Soudan , un peu du printemps arabe et ce grand détour vers le Centrafrique d’où elle ne reviendra pas. Elle avait 26 ans.
Boris Lojkine s’intéresse autant à son parcours qu’à la façon très particulière dont elle aborde son métier en s’immisçant dans le quotidien des gens. Sans style propre, et technique encore appropriée, la jeune reporter forge un état d’esprit qui parait surprendre ses collègues.
A travers sa détermination , le film pose les questions qu’elle se posait . Témoin ou complice ? La raison de sa présence en terre étrangère ? Cas de conscience. Que veut-elle dire à travers ses photos ? …
Nina Meurisse porte le rôle-titre avec un aplomb respectueux ( on peut confondre un moment les deux femmes ) .
AVIS BONUS
Une rencontre très riche avec le réalisateur et la comédienne
2 Commentaires
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