Synopsis: New York dans les années 1950. Lionel Essrog, détective privé souffrant du syndrome de Gilles de la Tourette, enquête sur le meurtre de son mentor et unique ami Frank Minna. Grâce aux rares indices en sa possession et à son esprit obsessionnel, il découvre des secrets dont la révélation pourrait avoir des conséquences sur la ville de New York… de Harlem à Brooklyn, jusqu'aux quartiers chics de Manhattan, Lionel devra affronter l'homme le plus redoutable de la ville pour sauver l'honneur de son ami disparu.
La fiche du film
Le film
- D’après le roman de Jonathan Lethem « Les orphelins de Brooklyn » . —-
C’est déjà un bon vieux classique du polar à l’américaine. Devant et derrière la caméra, Edward Norton prend pied dans cet univers de moitié de siècle, époque à laquelle les Etats-Unis n’en finissent pas de construire des villes.
A New-York, l’un de ses promoteurs garde sa conscience en bandoulière. Quel que soit l’obstacle, il évacue. Comme ces immeubles qu’il appelle taudis et qu’il rase sans coup férir. Des populations métissées y vivent dans un confort raisonnable.
Mais Moses Randolph (Alec Baldwin) n’aime pas le noir et le fait savoir à ses opposants qui manifestent et le contestent dans des réunions publiques. Essrog, un détective privé le suit par les hasards d’une enquête très privée. La mort de son boss (Bruce Willis) sous les coups de flingues d’individus avec qui il avait rendez-vous.
Très peu d’indices, mais une obsession dans sa tête fatiguée. Le syndrome de Gilles de la Tourette lui procure tics et convulsions. Une attitude diversement perçue dans un milieu peu habitué à ce genre d’écart. Mais le flic passe outre et contre-attaque.
Ce qui rassure le spectateur embrouillé dans une histoire dont l’intensité gravite de façon labyrinthique. Du bon suspense, juste ce qu’il faut…
Autour de Laura, une femme noire ( Gugu Mbatha-Raw) , dont le boss a évoqué l’existence, pas plus, et un club de jazz tenu par le père de Laura ( Robert Wisdom) où le trompettiste n’aime pas les blancs (Michael K.Williams). Sauf ce mec avec ce tic qui chantonne aussi bien que sa trompette.
Essrog s’est fait un ami, peut-être même un allié.
Comme cette caméra derrière laquelle Norton n’en rajoute pas. Elle file majestueuse entre les volutes de la fumée jazzy et se perd avec élégance dans la nuit new-yorkaise où Jonathan Lethem a trouvé les mots qui donnent corps et vie aux personnages.
Ainsi, ce presque clochard qui ne rate pas une intervention du promoteur et qui l’interpelle de façon virulente. Le grand Moses Randolph qui pour une fois ferme sa grande gueule.
Le détective à la peine reste lui aussi sans voix. Pour ce monsieur derrière lequel Willem Dafoe use d’une habileté dont le réalisateur-scénariste a su faire sienne pour renouveler ce bon vieux polar à l’américaine, et en faire un grand classique contemporain. Du grand Norton !
Le film
L’intrigue est assez complexe et n’a pas forcément besoin d’être dévoyée pour dire que ce film renouvelle bien le bon vieux polar à l’américaine . Devant et derrière la caméra Edward Norton a ses références chevillées à la mise en scène, mais il s’en dégage dans la relation d’une histoire noire et labyrinthique, mêlée à la bonhommie de quelques personnages bien atypiques. Des protagonistes qui nous embrouillent joliment dans leurs relations tout en nous menant vers le chemin d’une résolution qui n’est jamais celle que l’on peut attendre. Si dans son roman Jonathan Lethem insiste sur la particularité de son héros ( syndrome de Gilles de la Tourette ) , Norton ne fait de ses tics et convulsions qu’un argument supplémentaire à la compréhension des mystères qui s’empilent. Pour un film de genre et d’ambiance ( le jazz participe beaucoup ) marqué par quelques écarts aux codes habituels, comme la fantaisie et la tendresse. Une habileté supplémentaire du réalisateur-scénariste qui de ce bon vieux polar à l’américaine, en fait déjà un grand classique contemporain. Du grand Norton !
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