Synopsis: Mariés depuis huit ans, Eve et Harry ne peuvent avoir d'enfants. Déçue, Eve se consacre, pour l'essentiel, à ses affaires commerciales et délaisse sa vie de couple. De son côté, Harry exerce ses fonctions professionnelles dans une autre ville.
La fiche du film
Le film
1953, Hollywood, ses ligues bien pensantes et la morale attenante. Tout un arsenal réactionnaire dont se moque éperdument Ida Lupino, une femme qui devant et derrière la caméra brave l’éthique du milieu cinématographique.
Elle évoque ouvertement la liberté sentimentale et sexuelle à travers le thème de la bigamie sans pointer d’un doigt accusateur l’un ou l’autre protagoniste. Dont le premier responsable sinon coupable à ses yeux, Harry sujet à une enquête administrative dans le cadre de l’adoption d’un enfant.
L’homme mène une double vie et la révéler ne suffit pas à l’exempter de tout reproche. Bien au contraire, il est le remord incarné, mais tout aussi pitoyable dans ses aveux chaque fois avortés. Il prétexte l’histoire d’une souris rencontrée dans une autre ville et Eve, sa compagne (Joan Fontaine) le félicite presque d’avoir autant de succès auprès des femmes.
Elle ne le croit pas, ou ne l’entend pas, plus préoccupée par son activité commerciale qu’elle exerce auprès de ce même époux, aussi tendre avec ses deux femmes.
Elles le lui rendent bien par un attachement et un amour dont il ne sait plus comment se dépêtrer.
Eve et Phyllis ( Ida Lupino) affichent une empathie égale à la compassion que porte le spectateur à l’égard du héros malgré lui .Edmund O’Brien l’incarne avec une bonhomie affligée. En retour, Joan Fontaine et Ida Lupino accompagnent tendrement leur personnage, sans affect, ni effet dramatique.
L’une des dernières images, quand Eve et Phyllis croisent leur regard, rare moment d’intimité féminine, est éloquente sur la manière dont la réalisatrice maîtrise son sujet. Sans pathos ni excès. Avec beaucoup d’humanité.
- On redécouvre Ida Lupino avec Bigamie-Le voyage de la peur-Not wanted–Never fear
Le film
J’imagine qu’à l’époque ( 1953 ) voir une femme derrière une caméra diriger de main de maîtresse un tel film dont le sujet est alors peu commun ( la bigamie) et son traitement encore moins, a pu heurter.. Ida Lupino ne juge pas, ne condamne pas un homme à qui elle laisse tout loisir de s’expliquer face à deux femmes tout aussi raisonnées dans leur attente et leur espoir. La morale trouvera à redire, peut-être, mais l’humanité de la réalisatrice, sa conduite des acteurs tend vers un cinéma plein d’attention et de respect.
3 Commentaires
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