Synopsis: En 1957, à l’aube de ses quarante ans, Ingmar Bergman entre dans une période de productivité sans précédent. Cette année-là, il tourne pas moins de trois films, met en scène quatre pièces de théâtre et conjugue travail acharné avec vie de famille tumultueuse…
La fiche du film
le film
« C’est peut-être un connard, qui sait ? N’empêche, il nous a laissé toute son œuvre… ». John Landis . –
C’est à la fin de ce documentaire que le réalisateur des « Blues Brothers » assène ce commentaire, touche ultime d’un portrait peu amène brossé par Jane Magnusson qui à l’inverse de Margarethe von Trotta n’a pas la même tendresse pour le réalisateur suédois.
Elle est sans concession pour l’homme, le mari ou le père que ne fut pas Ingmar Bergman. Elle est intraitable avec le créateur. Tout en soulignant la portée de son œuvre, la réalisatrice note à plusieurs reprises les conditions détestables dans lesquelles ses créations ont pu voir le jour.
Enfin, pour la période hitlérienne esquissée dans le film de Margarethe Von Trotta, Jane Magnusson revient en détail sur la fascination que le führer lui inspirait, alors qu’il poursuivait ses études en Allemagne, bien avant la guerre.
La journaliste suédoise Maria-Pia Boëthius rappelle que « durant tout le conflit, il fut du côté allemand. Il disait que les documents sur les camps de concentration étaient des faux pour la propagande antinazie. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il avoue avoir honte de ses pensées et de son soutien à Hitler ».
Ses proches n’y croient pas beaucoup. Bergman était un grand affabulateur. On relève son égocentrisme et les livres qu’il a écrit sur lui-même et qui se contredisent. Bergman déforme la vérité ou s’attribue des actions qui ne lui appartiennent pas dit-on encore.
Le témoignage de son frère aîné Dag est éloquent. Une interview à l’époque interdite sur l’intervention du petit frère en personne. Magnusson ne se prive pas de la retranscrire au cœur de cette année 1957, l’année la plus productive pour le cinéaste.
La première du « Septième Sceau » a lieu alors que son adaptation fleuve de Peer Gynt, (5h), s’ouvre au Théâtre National de Malmö. Dans la foulée, le théâtre, la télévision et la radio diffusent ses créations.
Le 2 juillet débute le tournage des « Fraises sauvages » qui s’achève le 27 août. Il a écrit le script sur son lit d’hôpital en moins de deux semaines. Fatigué, souffrant quotidiennement d’un ulcère à l’estomac, l’homme échappe à ses démons dans une projection artistique où il s’identifie beaucoup. « Les Fraises sauvages , c’est toute sa vie qu’il passe en revue, comme s’il était au seuil de sa mort » raconte son assistant de l’époque, Gosta Ekman.
À quoi pouvait ressembler la vie de Bergman lors de cette année faste ? s’interroge encore la réalisatrice qui passe en revue ses nombreuses femmes et ses enfants dont il ignore le nombre exact.
« Avoir mauvaise conscience pour une chose aussi gravissime que de délaisser ses enfants, c’est de la coquetterie, et rien d’autre, c’est une manière de s’infliger une souffrance qui ne pourra jamais se mesurer à la souffrance que l’on inflige aux autres, j’ai été un père plus que négligeant » conclue-t-il en confirmant qu’il « a mis sa vie privée à l’écart » …
Pour une œuvre aujourd’hui considérée comme l’une des plus importantes du cinéma et du théâtre dans le monde. Le regard analytique, le commentaire critique n’est pourtant pas la priorité de Jane Magnusson dans ce réquisitoire à charge.
Il faut alors retrouver Liv Ullmann pour un peu de compassion à l’égard du personnage. « C’est le meilleur ami que je n’ai jamais eu, il ne m’a jamais, jamais, jamais causé de tort » dit-elle en essuyant ses larmes. Bergman aimait les femmes et les acteurs.
Il les rudoyait certainement, mais les respectait énormément. Un peu d’humanité, quand même…
- Ingmar Bergman dans ce blog :
« Les fraises sauvages »– « Le septième sceau »- « Sourire d’une nuit d’été »- « Au seuil de la vie »– » A la recherche d’Ingmar Berman » de Margarette von Trotta
le film
C’est autour de l’année 1957 que la réalisatrice entame son voyage vers la Suède de Bergman, année prolifique pour le réalisateur qui apparait ici, à travers de nombreux témoignages comme un homme particulièrement difficile à vivre. Son œuvre autobiographique demeure au stade d’une analyse assez sommaire en raison de l’option scénaristique de Jane Magnusson qui au commentaire critique préfère dresser un portrait peu amène de l’intéressé. La tendresse affichée dans le film de Margarethe Von Trotta s’efface ici au profit d’une vision plus radicale sur la création et ses attributs. Bergman apparait alors comme un homme seul au milieu des acteurs et des techniciens, régentant sans partage l’espace d’un théâtre, la grandeur d’un plateau de cinéma. Il est violent dans la parole, jamais dans l’acte, et le comédien à ses yeux, demeure intouchable. Il les rudoyait, mais les respectait. Un peu d’humanité, quand même…
Un commentaire
Pingback: « Bergman, mode d'emploi » Critique Coffret collector