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« Belle de jour » de Luis Bunuel. Critique cinéma

Synopsis: Jeunes mariés, Séverine et Pierre forment un couple heureux. Cependant, le jeune homme, absorbé par son travail, reste de plus en plus tard à l'hôpital... Délaissée, physiquement insatisfaite, Séverine se laisse entraîner dans une maison close par Henri Husson, play-boy ami du couple... Reçue avec amitié et discrétion par Madame Anaïs, Séverine devient une prostituée occasionnelle. Mais sa double vie s'organise : d'un côté, un foyer paisible, de l'autre, l'établissement et ses plaisirs défendus.

La fiche du film

Le film : "Belle de Jour"
De : Luis Buñuel
Avec : Catherine Deneuve, Jean Sorel
Sortie le : 02/08/2017
Distribution : Carlotta Films
Durée : 100 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film

« Tout se passe malgré moi, mais c’est une terrible humiliation… »

Un film emblématique. Un titre lumineux allumé par une actrice qui la même année froisse l’image des Demoiselles de Rochefort pour une parure de bourgeoise frigide et mystérieuse. L’adaptation du livre de Kessel lui ouvre les portes de l’audace, et des plaisirs érotiques.

En prime, Luis Buñuel aux commandes du projet relayé par un Piccoli déjà bien affuté aux soubresauts du septième art. Jean-Claude Carrère à l’adaptation et au scénario couronne cette entreprise désormais légendaire pour laquelle les observateurs conservent un attachement particulier.

Pour son éducation, Mme Anaïs demande à la nouvelle pensionnaire de regarder par le juda comment procèdent ses collègues…

Pour son décor du Paris haussmannien où l’héroïne, sous l’injonction d’un ami de la famille, plutôt pervers (Michel Piccoli) pousse la porte de l’appartement de Mme Anaïs qu’interprète avec une distinction de bon aloi, Geneviève Page. La démarche est d’abord bien timide et les premières hésitations freinent encore beaucoup les ardeurs d’une femme dont les fantasmes vont trouver un terrain de jeu favorable.

Entre rêve et réalité, fiction et quotidien, Buñuel fixe assez bien la ligne de flottaison que la belle trace indistinctement, de son plaisir à ses envies. L’esquisse d’une femme du monde lisse et imperméable, froide posture derrière laquelle le metteur en scène se retranche pour ne retenir de la nudité ou des ébats à peine entrevus que la promesse d’une révélation, d’un aveu, d’un abandon.

Ou l’érotisme dans ce qu’il a peut-être de plus sensuel quand il révèle une toute autre personnalité, un visage nouveau, inconnu. Pierre (Jean Sorel) son mari en témoigne, aveugle et sourd aux appels feutrés d’une épouse abandonnée à elle-même. Ce qui se passe dans la maison de Mme Anaïs tient plus de l’apprentissage et de la mise en abîme de sentiments jamais contrariés. Belle de Jour y explore ses fantasmes les plus masochistes qu’elle poursuit en rêve et en laquais complaisamment fournis par l’époux.

Mais quand elle regarde à travers le juda, la manière dont procède ses collègues (Françoise Fabian – Macha Méril…)  , sa répulsion est immédiate. « Comment peut-on descendre aussi bas ? » murmure-t-elle à son miroir qui vient à se briser.

Catherine Deneuve, Geneviève Page, Françoise Fabian, Maria Latour

Pour un grain de sable dans le bel anonymat de la dame, mais aussi une porte ouverte vers sa liberté. Saura-t-elle la franchir pour atteindre son inaccessible rêve ? Luis Buñuel nous apporte peut-être la réponse : « Le cinéma parait avoir été inventé pour exprimer la vie du subconscient ».

Lion d’or à Venise 1967 Prix de la critique française 1967 « Tout se passe malgré moi, mais c’est une terrible humiliation… » Un film emblématique. Un titre lumineux allumé par une actrice qui la même année froisse l’image des Demoiselles de Rochefort pour une parure de bourgeoise frigide et mystérieuse. L’adaptation du livre de Kessel lui ouvre les portes de l’audace, et des plaisirs érotiques. En prime, Luis Buñuel aux commandes du projet relayé par un Piccoli déjà bien affuté aux soubresauts du septième art. Jean-Claude Carrère à l’adaptation et au scénario couronne cette entreprise désormais légendaire pour laquelle les observateurs…
Le film

A elle seule l’affiche est un summum où célébrités et talents du septième art situent à la fin des sixties le propos érotique à hauteur d’un délicat pastel. Les phantasmes masochistes de l’héroïne imaginés en rêve avec mari, laquais et fouets prennent maintenant consistance dans la maison de passe de Mme Anaïs où Séverine, dite « Belle de Jour » vient de pénétrer. Buñuel adapte Kessel et marque indéniablement l’époque de son tournage où l’on repère encore aujourd’hui les marques de fabrique. Le temps aidant, tout devient codé entre rêve et réalité, des vêtements et sous-vêtements (plus importants aux yeux du réalisateur que la nudité) aux voitures clinquantes. Séverine prostituée d’apparat, mais bourgeoise à vie fixe inconsciemment les règles de ses désirs. Catherine Deneuve lumineuse, véritable Belle de Jour.

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