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« Bébé tigre » de Cyprien Vial. Critique cinéma – DVD

Synopsis: Bébé Tigre, c'est Many, 17 ans. Il vit en France depuis deux ans et mène la vie d'un adolescent comme les autres, partageant son temps entre les cours, ses copains et sa petite amie.Mais les responsabilités que ses parents restés en Inde lui ont confiées vont l'obliger à se mettre en danger...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Bébé tigre"
De : Cyprien Vial
Avec : Harmandeep Palminder, Vikram Sharma, Elisabeth Lando, Bilal Baggad, Billel Brima
Sortie le : 02 juin 2015
Distribution : Blaq Out
Durée : 85 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Meilleur dvd Juin 2015 (2ème)

Un bébé grandit toujours, mais un jour le bébé peut devenir méchant. Le bébé tigre surtout. Many en est pourtant bien loin quand il débarque à Paris du Pendjab, sur une filière  qui ne l’exploite pas. Bien au contraire, le boss, comme l’appelle les gamins, le jette discrètement dans un centre d’hébergement.

Une voie quasi royale pour le garçon dont la nouvelle famille d’accueil s’emploie à l’intégrer totalement dans sa nouvelle vie.

Mais Many n’oublie pas ses parents restés au pays et auxquels il a promis de venir en aide. Tout aussi clandestinement, il retrouve alors son passeur et des petits boulots à la sauvette. Mensonges, esquives, crainte de la police,  le début d’une vie parallèle et douloureuse.

 

Un adolescent en sursis, balloté d’un univers protecteur et rassurant, à celui que vit son truand de protecteur. Vikram Sharma, dans le personnage, pourrait revendiquer son appartenance au gang de Wasseypur. Mais lui aussi a parfois des accents de sincérité inattendue.

Entre ces deux mondes, l’Education Nationale ne  laisse pas trop le choix. Elle refuse à l’étranger son accession aux études supérieures (malgré ses bons résultats scolaires) pour un BEP, plus facile à obtenir lui dit le juge des enfants. Dans la foulée, la promesse d’une naturalisation. Many n’est plus un bébé, la bête sauvage est en train de naître. Dans un premier rôle Harmandeep Palminder s’emploie parfaitement à cette mutation.

 De l’intérieur, dans le silence de sa révolte intime, il va gravir les échelons des responsabilités au sein de l’entreprise de son boss qui lui accorde désormais toute sa confiance.

Dans la cour de l'école, des copains, des copines, Many va bien
Dans la cour de l’école, des copains, des copines, Many va bien

Une double vie tout aussi périlleuse que les parallèles de son enfance, mais cette fois si proche de la ligne rouge à ne pas franchir que le dilemme anéantit le jeune homme. Sa copine (Elisabeth Lando ) tente bien de le ramener à la raison, c’est une autre frontière qu’il s’apprête à franchir, celle de l’illégalité la plus complète,  la chaîne incessante des candidats à l’immigration.

Ces esclaves modernes qu’il a quittés pour les guider maintenant dans le dédale administratif et judiciaire d’un pays qui les ignore.

Cyprien Vial donne à voir un paysage dont les contrastes se fondent au cœur d’une même identité. Plus que chahutée, certes, mais dont le sérieux attesté par un parcours scolaire volontaire et une application totale dans. ses activités illicites, nous éloigne du manichéisme propre à ce genre de situation.

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Many est un garçon charmant et sympathique dont le cheminement vers l’âge adulte souffre de dérives et de déviations peu communes. Un apprentissage de la vie qu’il va maîtriser à la hauteur de son courage, et de sa volonté de réussir. Ca parait tellement illusoire qu’il va falloir s’en méfier. Le cri du «  Bébé tigre » n’est plus un cri de bébé.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur (15.20 mn)- C’est en travaillant dans des collèges que le réalisateur découvre le problème des enfants mineurs étrangers qui ne sont pas pris en charge par le gouvernement, comme une loi européenne les y oblige. Son discours est très clair, jamais complaisant, pour les uns comme pour les autres.

«  J’ai mené une enquête pour voir comment on faisait pour leur venir en aide. Le cas de mon personnage est celui d’un enfant mandaté, c’est-à-dire que ses parents attendent en retour de l’argent de sa part, donc il faut qu’il travaille, ce qui est interdit en France pour les mineurs. Ils sont coincés entre leur famille et l’autorité française qui promet une intégration. »

Cyprien Val évoque aussi très bien la troisième autorité, les passeurs en fin de réseau «  ce sont des mafieux, mais qui agissent parfois comme des parents, avec respect, dignité ». Ce que montre le film pour lequel son auteur parle ensuite avec beaucoup de passion, notamment au niveau du travail réalisé avec les jeunes élèves.

  • « Madame », court métrage de Cyprien Val (26 mn)- L’histoire d’une femme de préfet qui passe ses journées à être la femme du préfet, ou bien une femme qui s’ennuie. Elle perd la mémoire, elle se fait soigner. Un jour son chauffeur lui dit qu’il a fini sa journée et rejoint ses copains au karting. Elle le suit.

C’est plutôt bien raconté, avec la grâce de Nicole Garcia qui se laisse porter par le regard du cinéaste. Il donne avec justesse le bon tempo sur l’absence et l’ennui qui se conjuguent dans les couloirs de la République. C’est bien vu.

  • Scènes coupées (7.30 mn) – Trois séquences qui méritent d’être vues et pourquoi pas retenues dans le film.- La présentation des élèves que l’on voit un peu différemment dans le montage final, mais c’est toujours intéressant à suivre. – Le salon de coiffure, une extension là encore d’une scène déjà vue, mais avec une autre application sur le film. – Chahut dans la classe, une saynète tout à fait sympa.
Meilleur dvd Juin 2015 (2ème) Un bébé grandit toujours, mais un jour le bébé peut devenir méchant. Le bébé tigre surtout. Many en est pourtant bien loin quand il débarque à Paris du Pendjab, sur une filière  qui ne l’exploite pas. Bien au contraire, le boss, comme l’appelle les gamins, le jette discrètement dans un centre d’hébergement. Une voie quasi royale pour le garçon dont la nouvelle famille d’accueil s’emploie à l’intégrer totalement dans sa nouvelle vie. Mais Many n’oublie pas ses parents restés au pays et auxquels il a promis de venir en aide. Tout aussi clandestinement, il retrouve alors…

Review Overview

Le film
Les bonus

Sur le problème des filières clandestines et de l’intégration en France, ce premier film nous révèle un auteur attentif aux écarts d’images, qui à l’instar de son héros pèse le pour et le contre d’une réalisation tout à fait normative. Sans pour autant céder à la facilité du sujet, à son aspect manichéen qui opposerait plus qu’il ne rassemble ici les gens de bonne volonté. Le héros, très bien interprété par un premier rôle   Harmandeep Palminder, est un garçon charmant et sympathique dont le cheminement vers l’âge adulte souffre de dérives et de déviations peu communes. Un apprentissage de la vie que le réalisateur conduit lui-même à la hauteur de sa caméra. Un premier film qui passe de l’adolescence à l’âge adulte.

Avis bonus Un belle rencontre avec le réalisateur, un court métrage intéressant, des scènes coupées , également

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