- Réalisateur : François Truffaut
- Acteurs : Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Daniel Ceccaldi, Delphine Seyrig, Michael Lonsdale
- Durée : 87 minutes
- Coffret : 01 er Décembre 2021
- Studio : Carlotta Films
Le Coffret : 1959, « Les 400 Coups » l’acte de naissance de François Truffaut et de son double de fiction, Antoine Doinel. Avec ce personnage, qui trouve en Jean-Pierre Léaud un interprète idéal, le cinéaste raconte la vie au cours d’une saga intimiste, drôle et tendre, filmée sur vingt ans.
- Quatre longs et un moyen-métrage « Les 400 Coups », « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal » et « L’Amour en fuite ». Restauration 4K pour la première fois !
L’histoire : Après son service militaire, Antoine Doinel, toujours amoureux de Christine Darbon, cherche un emploi. Après s’être fait renvoyer d’un travail de veilleur de nuit, il est engagé dans une agence de détective privé où on lui confie une mission dans un magasin de chaussures. Le propriétaire, Mr Tabard, cherche à découvrir la raison de la haine de ses clients et de sa femme à son égard.
François Truffaut se rappelle à notre bon souvenir à travers les émois sentimentaux d’un jeune homme confronté aux aléas d’une vie sociale indissociable de ses amours.
De petits boulots en petits boulots, Antoine Doinel rencontre des femmes plus attirantes les unes que les autres. Quand elles ne le fuient pas, il les rejette. Un va et vient romanesque propice à la balade filmée d’un cinéaste déjà très inspiré. J’ai cru déceler, le temps aidant, des références à la Tati (le PV, la filature devant la poste…) avec des personnages de pure comédie.
Celui de Michael Lonsdale en vendeur de chaussures est fabuleux. « Personne ne m’aime et je voudrais savoir pourquoi » dit-il au patron des détectives privés que vient de rejoindre le jeune héros.
Sa ressemblance physique avec Truffaut n’est peut-être qu’un détail, mais l’assimilation joue pleinement la vision autobiographique de l’auteur. Et si l’histoire apparaît banal, Truffaut la transcende en compagnie d’une caméra très complice, toujours en attente de l’imprévu qui guette le héros . Comme si la mise en scène parlait d’elle-même.
Qui aime se référencer à la littérature classique (Balzac et son lys, prétextes à quelques escapades adultérines) et à la chanson française. Le titre générique « Que reste-t-il de nos amours » de Charles Trenet est en totale adéquation avec la portée sentimentale de l’éducation que se forge le personnage du film.
« Baisers volés, rêves mouvants, que reste-t-il de tout cela ? »
Un héros romantique, anachronique qui devient le personnage emblématique du cinéma de François Truffaut. Le voici réuni dans un joli coffret » Les aventures d’Antoine Doinel ».
- Tout Truffaut dans ce blog : « Les 400 Coups », « Antoine et Colette », « Domicile conjugal » – « L’Amour en fuite ». -« La mariée était en noir« -« La Peau douce« -« Le dernier métro » ( + Suppléments) – Coffret François Truffaut– « L’enfant sauvage« -« L’Histoire d’Adèle H«
LES SUPPLEMENTS
- Antoine et Colette (32 mn) . Jean-Pierre Léaud, Marie-France Pisier, Patrick Auffay . Antoine tombe amoureux de Colette, mais elle le traite en copain… Dans la lignée des « 400 coups » Truffaut imagine pour la série « L’amour à vingt ans » (*) ce qu’il advient de son jeune héros, remis en liberté après la maison de redressement. Antoine Doinel rencontre une jeune femme avec laquelle il entretient une relation toujours amicale. Ce qui le désespère d’autant que les parents de la jeune fille se sont beaucoup attachés à Antoine.
Cette chronique sentimentale au charme mélancolique peut apparaître comme l’ébauche de ce que deviendra « Baisers volés ». En prime plusieurs chanteurs français sillonnent le chemin amoureux du jeune Antoine : Béart, Brassens, Gainsbourg. Une bande son bien agréable…
(*) Production internationale rassemblant Rossellini, Marcel Ophuls Wajda…
- Présentation par Serge Toubiana. Il évoque plusieurs scènes imprévisibles, car l’improvisation se faisait beaucoup sur ce film. Surtout qu’à l’époque, Truffaut était engagé dans la défense d’Henri Langlois, viré par Malraux de la cinémathèque. « Il ne voyait pas toujours les rushs, il faisait confiance ».
. Le carrousel aux images – 1968- Le journaliste Sélim Sasson s’entretient d’abord avec François Truffaut sur les États généraux du Cinéma qu’il a suivis de très loin. Il finissait le tournage de « Baisers volés » « et il y avait trop de différences avec les acteurs de ce rendez-vous, un metteur en scène n’ayant pas les mêmes préoccupations qu’un technicien… ».
Il reconnait malgré tout des avancées intéressantes pour l’ensemble du secteur cinématographique.
On l’interroge ensuite sur « Baisers volés » « un film en référence à ma jeunesse. (… ). Il revient de loin, la première semaine de sa sortie, peu de gens se sont déplacés. Et puis il a démarré ». Ce qui encourage le cinéaste à ne pas abandonner Antoine Doinel. Il évoque très clairement la suite ….
- Cinéastes de notre temps : dix ans, dix films (9 mn)-Réalisation : Jean-Pierre Chartier • Co-auteurs : Janine Bazin & André Labarthe – © 1970 INA
Le cinéaste évoque l’apprentissage professionnel et amoureux de son héros. A travers le langage du silence comme il dit en reprenant la scène entre Delphine Seyrig et Jean-Pierre Léaud, autour d’un café. « La tension est tellement forte, on ne sait pas ce qu’ils attendent » dit-il en rappelant une fois encore Hitchcock. « On a beaucoup de mal à créer une émotion, et encore plus pour la préserver ».
- Cinéaste de notre temps : rushes (8 mn)-Réalisation : Jean-Pierre Chartier • Co-auteurs : Jean-Pierre Chartier, Janine Bazin & André Labarthe – © 1970 INA-François Truffaut parle de la création de « Baisers volés », de l’écriture et du choix des scènes.
- Journal télévisé FR3 Auvergne-Journaliste : Olivier Jacquemart – © 1975 INA-Interviewé sur le tournage de « L’Argent de poche » à Thiers, François Truffaut revient sur son film « Baisers volés ». « Depuis la Nouvelle vague on faisait des films un peu égoïstes, centrés sur le même personnage. J’ai voulu changer avec « Baisers Volés »
- Spot de soutien à Henri-Langlois (1 mn)- On veut lui faire quitter sa cinémathèque. Jean-Luc Godard et François Truffaut s’adressent au public pour rejoindre le « Comité de défense de la cinémathèque française ». C’est rigide, exemplaire et désormais historique !
- . Bande-Annonce originale
Le film
Les bonus
Il est difficile de revenir sur une œuvre sollicitée depuis bientôt cinquante ans, sans la départir de ses rides et de sa portée historique. J’y vois dans cette première période le travail d’un créateur en quête d’inspiration, de nouveautés, de révélations. Truffaut applique à cette époque (les années 60) les bases d’une mise en scène aussi légère que dynamique, qui parle bien souvent d’elle-même, un peu à la manière dont Tati conduisait ses personnages. L’histoire assez banale d’un jeune homme qui quête les petits boulots de la même manière que les femmes est transcendée par la relation apportée entre le héros et la caméra. Une complicité, une attente qui se révèleront significatives dans des œuvres d’une autre envergure (« La femme d’à-côté », « Le dernier métro », « La nuit américaine »…)
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