Synopsis: Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement . - Dans un futur proche… Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte.
La fiche du film
Le film
Prix du jury au Festival de Cannes 2019 .-
DVD : 29 janvier 2020 .- Vod : 13 mai
Ce film ! Ce qu’il faut y entendre, en retenir. Il est d’une densité totale, sur le plan des images, et de la mise en scène. Le récit laisse très longtemps les zones d’ombre et les doutes s’approprier des signes que l’on ne comprend pas forcément, immédiatement.
Une belle mise en perspective d’un cinéma presque nouveau, dans lequel on s’installe avec plaisir, observateur et attentiste.
Teresa ( Barbara Colen ) revient de la ville pour l’enterrement de sa grand-mère que tout le village pleure. Chemin faisant elle constate la désagrégation sociale et économique de sa belle région , un coin du sertao brésilien que, pour des raisons assez obscures, le député Tony Jr. (Thardelly Lima) laisse à l’écart.
Il le prive surtout d’eau en asséchant un barrage gardé par des miliciens…
Bacurau doit être alors ravitaillé par une citerne dont la cuve un jour est mitraillée. Cette nuit-là des chevaux déboulent par dizaines dans la rue unique et principale. Au petit matin, le professeur (Wilspn Rabelo) constate que Bacurau a disparu de toutes cartes géographiques…
On ramènera le troupeau à son propriétaire dans le haras voisin, mais l’inquiétude s’installe. Le réseau téléphonique ne fonctionne plus, deux motards assez particuliers sont passés dans l’après-midi.
La visite inattendue du préfet, candidat à sa propre réélection pourrit définitivement l’ambiance. C’est dans un village déserté qu’il déverse promesses et médicaments périmés que Domingas (Sonia Braga) jettera un peu plus tard à la poubelle.
Une doctoresse un peu bizarre elle aussi « un ange, quand elle n’a pas bu » confie Teresa à son amoureux Acacio ( Thomas Aquino) . Ou Pacote. Son nom est fonction de son histoire, de son passé qui le rattrape à mesure que les cadavres s’entassent dans les fermes et sur la route de Bacurau.
Là où l’on croise des hommes, des femmes, fusils à la main, on va même les rencontrer dans leur tanière, perdue quelque part dans la campagne brésilienne. Des chasseurs d’un genre nouveau ? Un camp-safari inédit ? Des fanatiques nostalgiques, prêts à tuer la bête humaine ?
Kleber Mendonça Filho, et Juliano Dornelles ne font pas durer le suspense, ils l’entretiennent dans la marge d’une fable politique et d’un western contemporain, presque fantastique. Le Brésil va donc si mal qu’il lui faut extirper à nouveau la bête immonde à coups d’images merveilleuses et violentes, de plans magnifiques et destructeurs.
Ajouter à cela une musique parfois en total décalage , belle et sublime, elle aussi qui se conclue par le «Requiem pour Matraga » tout aussi significatif, à l’émotion intacte.
« Je suis venu ici juste pour dire que
personne ne me ferait taire
S’il devait mourir,
que ce soit pour aller mieux »
Il est rare qu’une musique dans le film retienne autant mon attention . Ecrite par Mateus et Tomaz Alves Souza, elle chante la douleur sur une valse, sur des refrains populaires et joue des musiques instrumentales qui interviennent chaque fois à des moments significatifs de l’histoire.
Le film
Un village brésilien est peu à peu isolé de tout le reste du pays. On ne sait trop comment, pourquoi, par qui ... Comment voir ce film, ce qu’il faut y entendre, en retenir. Il est d’une densité total, sur le plan des images, et de la mise en scène. Le récit laisse très longtemps les zones d’ombre et les doutes s’approprier des signes que l’on ne comprend pas forcément, immédiatement. Et ce n’est quasiment qu’à la dernière séquence que tout s’éclaire… Une belle mise en perspective d’un cinéma presque nouveau, dans lequel on s’installe alors avec plaisir, observateur et attentiste. Entre la fable politique et le western contemporain, presque fantastique Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles filment le Brésil dont il faut extirper à nouveau la bête immonde, à coups d’images sublimes et violentes, de plans magnifiques et destructeurs. Ajouter à cela une musique parfois en total décalage , tout aussi belle et significative du moment, de l'époque...
2 Commentaires
Pingback: "Le fils de Saul" de László Nemes . Critique cinéma-bluray
Pingback: « Crash » de David Cronenberg. Critique cinéma