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« Baccalauréat » de Cristian Mungiu . Critique cinéma-dvd

Synopsis: Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. La jeune fille doit maintenant obtenir son baccalauréat. Un événement dramatique va pourtant lui faire oublier tous les principes qu'il lui a inculqués, entre compromis et compromissions...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Baccalauréat (Prix de la Mise en Scène au Festival de Cannes 2016)"
De : Cristian Mungiu
Avec : Adrian Titieni, Maria-Victoria Dragus, Rares Andrici, Lia Bugnar, Malina Manovici
Sortie le : 12 avril 2017
Distribution : Le Pacte
Durée : 122 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Bien sûr, et pourquoi pas le scénario ! C’est un film totalement abouti dans la tradition de Christian Mungiu. Un film social et politique où la veine policière se mêle au film noir pour dresser un tableau de la Roumanie qui n’arrive toujours pas à se relever de l’ère Ceausescu.

Roméo évoque à plusieurs reprises ce combat qu’il a mené pour redonner au pays un peu de son âme et de son énergie. Mais l’héritage du passé a eu raison de sa bonne volonté et des compromissions qu’il n’a pas voulu faire. Son épouse, déprimée, aurait alors obtenu un autre poste que celui de bibliothécaire. Et lui aussi, peut-être, petite sommité dans l’hôpital de sa ville. Un beau personnage porté avec prestance par Adrian Titieni.

Ses espoirs déçus, il ne veut pas les transmettre à sa fille qui s’apprête à poursuivre ses études en Angleterre. Romeo a bataillé honnêtement pour lui offrir ce rêve d’évasion et de liberté au bout duquel Eliza reviendra pour faire vivre son pays, dit-il. Mais à la veille de passer son bac, dernier viatique avant le départ, un événement tragique va venir perturber le bon déroulement du scénario savamment élaboré par le papa.

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Lui dont l’intégrité faisait merveille auprès de ses confrères, le voici confronté aux doutes et aux compromissions dans ce monde qu’il repoussait naturellement, honnête et pragmatique. Un monde de magouilles et de petits arrangements entre amis. Le chef de la police qui lui tend la main, et le guide vers le centre d’examens dirigé par un bon copain. Un peu de bienveillance sur la copie de sa fille ne pourra pas nuire…

Un service, « rien que de l’entraide ». Mais un jour, la police enquêtant sur les malversations d’un autre « ami » remonte la filière dans laquelle il s’est engagé.

Roméo, n’a rien vu venir et le spectateur non plus. Sérieusement ébréchée, sa conscience bat la chamade, bringuebalée dans ses contradictions et son désir de faire encore plus pour sa fille. Surprotégée dans sa tour d’Ivoire Eliza va pourtant découvrir ce monde auquel il la soustrait.

La mésentente de ses parents, la maîtresse de son père, les combines auxquelles elle doit maintenant se plier, la corruption, le malaise devient un mal-être permanent pour cette jeunesse en quête d’amour et de liberté. « Mais elle ne devrait pas avoir à payer parce que l’on surveille mal nos voyous » serine-t-on encore à l’oreille du papa que le réalisateur abandonne presque maintenant à sa solitude et à son désespoir.

La Roumanie aurait encore peur de son ombre nous dit-il dans ce reliquat historique qui fait tâche. Il nous conforte dans l’idée que le monde, avec ou sans frontière, n’appartient plus aux hommes qui le peuplent. La petite lueur, le grand espoir, c’est à Eliza que Christian Mungiu les confie. Telle une passerelle .Maria-Victoria Dragus s’y engage avec simplicité. Déterminée, elle assume ce très beau cadeau de cinéma.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec Cristian Mungiu par Michel Ciment, de la revue Positif. « Ce que j’ai voulu apporter dans ce film c’est un regard sur l’éducation, le dilemme des parents aujourd’hui, une sorte de fil rouge à plusieurs faits divers que j’ai concentrés dans ce film. (…) L’éducation ce n’est pas uniquement ce que tu dis, c’est comment tu vis, ton attitude. (…) J’ai aussi voulu poser la question de l’honnêteté dans une société qui ne l’est pas forcément, totalement ». 

Michel Ciment parcourt l’œuvre du réalisateur roumain en marquant sa thématique récurrente sur l’occident : « Occident » le premier film, « Au-delà des collines », « Baccalauréat »   qui évoquent d’une manière ou d’une autre et de façon plus ou moins insistante aussi l’occident…

« Ça revient à parler de la migration des roumains, après la chute du mur ils ont compris ce qu’était l’occident, mais toujours avec l’idée d’y aller. 10 % de mes compatriotes travaillent aujourd’hui à l’étranger ».

Michel Ciment revient aussi sur les rencontres de sa vie, une palme d’or à Cannes avec « 4 mois, 3 semaines, 2 jours » (président du jury Stephen Frears), la caméra à l’épaule pour « Rosetta » des frères Dardenne (producteurs de ses deux derniers films) qui l’impressionne semble-t-il beaucoup avec « La promesse ». « Mes influences se rapportent avant tout au cinéma des pays de l’est de l’époque Kieslowski ou Forman dans sa période tchèque, c’est ce que l’on nous apprenait à l’école de cinéma ».

Il est intéressant enfin d’entendre la façon dont il utilise les sons, une technique bien particulière.

  • Scènes coupée (4 mn). Elles n’auraient pas fait tâche dans le montage final
Festival de Cannes 2016, Grand prix de la mise en scène. Meilleur dvd Avril 2017 ( 5 ème ) Bien sûr, et pourquoi pas le scénario ! C’est un film totalement abouti dans la tradition de Christian Mungiu. Un film social et politique où la veine policière se mêle au film noir pour dresser un tableau de la Roumanie qui n’arrive toujours pas à se relever de l’ère Ceausescu. Roméo évoque à plusieurs reprises ce combat qu’il a mené pour redonner au pays un peu de son âme et de son énergie. Mais l’héritage du passé a eu raison de sa…
Le film
Les bonus

Il y a beaucoup de portes d’entrée dans ce film qui parle de l’éducation parentale à travers la responsabilité que peuvent prendre les adultes pour l’avenir de leurs enfants. Un thème universel rapporté ici dans le climat social de l’après communisme roumain. L’ère Ceausescu n’a pas été digérée. Ce qui ressert le propos du réalisateur arc bouté sur son idée d’indépendance (sociale, économique, culturelle…) liée à une liberté encore timide que les générations de l’après Ceausescu n’ont pas su établir. Roméo, le papa héros de ce récit en est l’illustration parfaite, et assumée par un homme qui ne veut pas voir sa fille pâtir de ses échecs. Il fera tout, honnêtement et sincèrement pour lui permettre d’accéder à une autre vie jusqu’au jour où les circonstances le placeront devant les réalités de son monde fait de compromissions et de corruption. A la culpabilité individuelle d’un homme se joint celle de tout un peuple dont l’assistance à personne en danger demeure encore inexistante.Le réalisateur voit dans la jeunesse de son pays le seul exutoire à son désespoir. Le très beau sourire de Maria-Victoria Dragus, la jeune héroïne accompagne la fin de ce très grand film, social et politique, mais aussi film noir digne d’un beau film policier. Du bel ouvrage ….

Avis bonus Une rencontre très intéressante avec le réalisateur et deux scènes coupées

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