Synopsis: Une nuit, une femme et une enfant s'enfuient, pourchassées par quatre hommes prêts à tout pour les retrouver. Qui sont-elles ? Qui sont leurs assaillants ? Quel sombre secret les relie ?
La fiche du film
Le film
Que retenir de la bassesse humaine ? Les ordures mènent une danse interlope , les crapules s’en repaissent, le film de Balaji K.Kumar n’incite guère à l’optimiste. Il faut pourtant le regarder pour nous dire comment va une partie du monde. Surtout que le cinéaste ajoute à ce fond très réaliste, une forme cinématographique pertinente.
En Inde, comme ailleurs, les bas-fonds révèlent l’état d’une société délinquante, un univers sans foi ni loi, où la corruption est un euphémisme. C’est pourquoi Singaram ( R.Amarendran ) peut mener son trafic pédophile au grand jour, au nez et à la barbe des gens de la rue, anesthésiés.
Une jeune femme et une petite fille fuient sous la pluie. Des hommes partent à leur recherche, des seconds couteaux le plus souvent, relayés par d’autres minables plus importants. La caméra de K.Kumar paraît ne pas savoir sur qui porter son objectif. Elle est pourtant très au fait d’un montage assez malin pour nous faire perdre la piste, avant de ramener, inopinément, quelques pièces d’un puzzle, qu’un homme de l’ombre semble véritablement diriger.
Taciturne, bien entouré, tel un parrain il agit dans la discrétion et se perd aussitôt dans la nuit des petits minables, entrepreneurs de seconde zone qui le craignent plus que le diable. C’est toujours la réalisation en abîme de K.Kumar qui nous le révèle peu à peu au grand jour d’un passé douloureux et dont il veut s’extraire, en réglant ses comptes.
On y croise une prostituée prise au piège du système, et qui tentera de sauver de futures petites victimes. L’histoire étant tellement bien écrite que je n’en révèlerais pas plus. Surtout que la tension est souvent portée à son paroxysme . Quelques scènes peuvent choquer : l’accueil d’une petite fille par un homme tout à fait respectable. Ou faire frémir : l’intrusion des truands dans la famille des fuyardes ,mais la vérité est à ce prix.
Les hommes jouent assez détachés, presque en parodie parfois de ces films à la Anurag Kashyap, cet autre réalisateur indien, tandis que les femmes ont le souci d’une interprétation charnelle, au plus près de leur personnage. Pooja Umashankar, la prostituée, et Malavika Manikuttan , sa petite protégée, une gamine qui donne le meilleur d’elle-même. Elle est superbe.
Review Overview
Le film
Glauque, ce monde est glauque nous dit le réalisateur indien, qui pour son premier film en tamoul réussit une percée extraordinaire dans le monde interlope de la pédophilie, et de la corruption.Un film noir, au plus profond de son mal-être qu’un étrange personnage, sorte de parrain, taciturne et muet, porte dans toute la splendeur de sa vengeance. C’est toute l’innocence flétrie que dénonce le réalisateur en présence d’un casting ad-hoc dont la jeune Vinoth Kishan, qui porte une bonne partie du film sur ses frêles épaules. Le résultat n’en est que plus magnifique.