- Blu-ray : 07 septembre 2021
- Cinéma : 09 mars 1994
- De : Jim Sheridan
- Avec : Daniel Day-Lewis, Emma Thompson, Pete Postlethwaite
- Distribution : L’Atelier d’Images
- Durée : 133 minutes
L’histoire : 1975, Gerry Conlon, de Belfast, est arrêté par la police qui l’accuse d’être l’instigateur des attentats terroristes à Guildford pour le compte de l’IRA. Sous la pression , Gerry signe des aveux fabriqués de toutes pièces qui le mettent en cause , ainsi que son ami d’enfance, un couple d’amis hippies, des membres de sa famille dont son propre père.
Londres n’a pas dû apprécier. Entre le plaidoyer et le réquisitoire, le film de Jim Sheridan est une accusation avérée contre le système britannique de l’époque (1980) . Il réprime par tous les moyens la résistance irlandaise. Et combat de la même manière l’armée clandestine irlandaise traquée jusque dans les arrière-cours des maisons.
Quand l’enquête s’avère infructueuse, la police de Sa Majesté invente de toutes pièces des coupables.
Ce qui arrive aux « quatre de Guilford » désignés responsables d’un attentat qui fera cinq morts et de nombreux blessés.
Gerry Conlon, Paul Hill, Paddy Armstrong et Carole Richardson, un peu dans la marge, légèrement délinquants, et drogués occasionnels passent aux aveux, sous les coups répétés d’interrogatoires de plus en plus musclés.
Ils auront beau clamer leur innocence, dénoncer lors du procès – magouillé – les méthodes de tortures, ils seront condamnés à la prison à vie.
Le début d’un calvaire que Jam Sheridan gravit à son tour en convoquant tous les protagonistes d’un dossier qui très vite se révèle être une énorme conspiration contre le peuple irlandais, qui de par sa nature, est forcément mauvais.
A tel point que le père de Gerry, un homme paisible et pacifique et la tante Annie –qui n’a jamais fait de mal à une mouche – sont à leur tour incarcérés.
Comme Sheridan est déterminé, sa mise en scène fonctionne très rapidement dans le sens de l’injustice criante et révoltante. Daniel Day-Lewis, complètement habité par son personnage la porte en lui et dans son regard. Le rythme et la tension imposés par le cinéaste l’implique dans un processus d’identification qui parfois peut effrayer.
Sur un registre plus conciliant, Pete Postlethwaite, le père, subit de la même manière la coupe du réalisateur, qui souffle le chaud et le froid sur les relations hyper tendues qu’entretiennent depuis toujours ces deux hommes.
C’est à mon sens le moteur du film, ce qui alimente sans relâche le point de vue humaniste du cinéaste. Jamais il n’oublie de mettre en pièce la machine répressive qui pendant quinze ans va broyer des vies, et des familles.
Il y réussit plutôt bien .Pendant plus de deux heures nous ne lâchons pas un seul protagoniste, du plus salopard à l’innocent bafoué.
Il a un peu tordu le cou à certains événements : le père et le fils n’ont jamais été emprisonnés ensemble. Il y eut plusieurs procès distincts pour chaque prévenu… Mise en scène oblige, mais la vérité première demeure. Sheridan n’a pas trahi.
LES SUPPLEMENTS
- Entretien avec Jim Sheridan- « Les gens peuvent parfois mieux accepter une colère ouverte qu’une vengeance cachée ». Une réflexion du réalisateur à propos de la réaction de certains acteurs lors des trois semaines de tournage à Liverpool. « C’était libérateur pour eux de le faire en Angleterre. Et ça c’est – Au nom du père- ».
Les journaux britanniques ne seront pas tendres avec le film « ils cherchaient tout ce qui n’était pas vrai ».
Le cinéaste raconte que l’histoire des quatre de Guilford au départ ne l’intéressait pas trop. « Mais avec le père et le fils, le côté religieux, le début d’une prière… Ca lui confère un pouvoir qu’il n’aurait pas eu sur un contexte froidement politique. »
Johnny Depp est aussi pressenti, mais devant le succès de « Le dernier des mohicans » Universal signe sans souçi pour Daniel –Day-Lewis.
« Je ne voulais pas suivre à la lettre le livre de Gerry Conlon – Proved innocent – et il avait un peu perdu le contrôle, il buvait beaucoup et après il est passé à autre chose. J’ai alors compris ce que disait John Huston : ne faites pas un film sur quelqu’un en vie ».
Jim Sheridan a dédié le film à son père dont il parle beaucoup en conclusion, en relevant notamment tout ce qu’il lui doit dans sa carrière.
- Présentation par Philippe Guedj, journaliste cinéma au Point Pop- Il raconte un peu le film, l’histoire « d’une erreur judiciaire tragique », les racines irlandaises du réalisateur, qui a aussi produit d’autres films sur le thème du conflit irlandais. « Sans Daniel, ce film là n’aurait jamais pu se faire » dit-il en développant sa réflexion. Les deux acteurs s’apprécient beaucoup, l’un ayant été le professeur de l’autre …
Il revient aussi sur les controverses avec une presse britannique très hostile. « Elle ne pouvait contester l’erreur manifeste de la justice, mais estimait que les anglais étaient montré comme des monstres de cruauté ».
C’est le premier film sur ce thème qui aura un impact international énorme. Ours d’or à Berlin 1994.
A cette époque l’Ira n’a toujours pas renoncé à la violence. Cela se fera cinq ans plus tard.
- Une scène commentée.-C’est l’une des premières dans Belfast quadrillé par les soldats anglais.
Review Overview
Le film
Les bonus
Les erreurs policières volontaires ne manquent pas d’alimenter un courant cinématographique militant. Sheridan en apporte une preuve éclatante dans ce réquisitoire contre le gouvernement britannique des années quatre-vingt, qui pendant quinze ans laissera croupir une dizaine d’innocents irlandais. Sa mise en scène coup-de-poing, efficace, rejaillit sur l’interprétation du rôle principal que tient Daniel Day-Lewis. Du cinéma d’aventure qui donne à réfléchir.
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