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« Au nom de la terre » d’Edouard Bergeon. Critique DVD

D’après la propre histoire du réalisateur, une saga familiale sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années. Remarquable!

La fiche du film

Le film : "Au nom de la terre"
De : Edouard Bergeon
Avec : Guillaume Canet, Veerle Baetens
Sortie le : 25/09/2019
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 104 Minutes
Genre : Drame
Type : Long-métrage
Le film
Les bonus
Le documentaire

L’interprétation de Guillaume Canet est magistrale, la mise en scène époustouflante. Une conjugaison singulière pour un sujet aussi délicat que la faillite de notre système agricole à travers le cas d’une exploitation aux ressources prometteuses.

Fort de son  expérience américaine, Pierre revient au pays pour reprendre l’activité familiale, et la développer en vue d’un marché européen exigeant. Sa petite famille est de tous les instants à ses côtés .

Claire travaille dans un cabinet comptable et assure la gestion des lieux, Thomas, le fiston met la main à la fourche et sur le tracteur. L’avenir est prometteur, on s’agrandit, en emprunte. Les conseils de prudence de l’épouse ( Veerle Baetens, très beau personnage ) heurtent les avis encourageants des conseillers professionnels et financiers. Ils ne jurent que par l’investissement et le modernisme.

Pierre s’endette et se désespère. Les résultats ne sont pas à la hauteur des efforts matériels et humains engagés que son père, désormais à la retraite, ne cesse de contester. «  On est des paysans, pas des entrepreneurs ». Rufus joue le personnage, il est très bien .

Il lui a tout revendu et vit désormais à petite distance, consterné mais paisible dans ce monde qui ne lui appartient plus. Deux générations s’observent, s’affrontent et se déchirent inéluctablement sous le regard tout aussi atterré d’un cinéaste qui filme au plus près.

Du terrain, de la vérité, des sentiments qui peu à peu vous lâchent, vous minent la santé, jusqu’au trou noir de la mélancolie, de la dépression.

Claire relit les agendas des années passées. Au fil des mois il sont devenus des journaux intimes. Des écrits révélateurs, bouleversants sur la détresse de la famille.

Elle encaisse, résiste comme elle peut, les enfants surtout… Anthony Bajon est exceptionnel.

Edouard Bergeon accompagne plus qu’il n’observe cette dégradation physique et morale qui ronge le monde agricole et le tue à petit feu. On dit que chaque jour un paysan se donne la mort. Le chiffre s’affiche au générique de fin, comme un cri répété, étouffé, sans fin…

LES SUPPLEMENTS

  • DVD du film : Commentaire audio de Edouard Bergeon et Guillaume Canet- Entretien avec Edouard Bergeon (20′). « De l’expérience télévisuelle au cinéma, j’avais un grand pas à franchir, et créer du vrai avec du faux ( les décors, les costumes… ) j’avais peur  que ça ne sonne pas juste ».

« Quand Guillaume Canet est entré dans l’aventure, on a dépassé la fiction pour en venir aux faits, je lui racontais ma vie, et il me disait il faut mettre ça dans le film ».

« François Ozon m’a aussi beaucoup conseillé sur le scénario ».

« Guillaume a un vrai lien avec la terre, il est tombé sur mon documentaire «  Le fils de la terre » et voulait en faire un film. Il en parle à Christophe Rossignon qui produisait le film sur lequel il tournait et Christophe lui dit que le film est écrit, le réalisateur est trouvé… ».

« Je crois qu’il est déçu, mais ravi que le film se fasse, mais qui va jouer le rôle principal demande-t-il aussitôt et saute sur l’occasion, sans rien lire du scénario… ».

«  Formidable, j’avais l’un des plus grands producteurs français avec l’un des meilleurs comédiens. Pour un premier film, j’ai eu beaucoup de chance ».

Le choix de la ferme, des comédiens, c’est aussi raconté avec spontanéité, bienveillance, justesse, à l’image des détails sur le monde agricole dont il relève certaines caractéristiques de l’époque. Impeccable

Scène coupée : fin alternative (3′)  Effectivement, une autre manière d’appréhender l’avenir, une scène très intéressante mais je préfère effectivement le final retenu dans le film, plus dans son esprit, son réalisme .

Meilleur dvd Février 2020 ( 2 ème ) César 2020 : meilleur premier film  Acteurs : Guillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon Audio -Audio description : Français Sous-titres sourds et malentendants : Français L’interprétation de Guillaume Canet est magistrale, la mise en scène époustouflante. Une conjugaison singulière pour un sujet aussi délicat que la faillite de notre système agricole à travers le cas d’une exploitation aux ressources prometteuses. Fort de son  expérience américaine, Pierre revient au pays pour reprendre l’activité familiale, et la développer en vue d’un marché européen exigeant. Sa petite famille est de tous les instants à ses côtés . https://www.youtube.com/watch?v=AAEjNh_GQ0w Claire travaille dans…
Le film
Les bonus
Le documentaire

C’est un coup de poing à l’estomac, un uppercut supplémentaire dans les avis reçus sans retour sur la dégradation du monde agricole, et ses conséquences humaines dramatiques. Edouard Bergeon parle de ce qu’il connaît, de ce qu’il a vécu, mais il le fait avec la distance nécessaire pour que son plaidoyer ne soit pas larmoyant ou pathétique Il raconte l’histoire d’un homme qui croit en sa terre nourricière et aux valeurs du progrès qui devraient assurer la bonne marche de son exploitation. Mais les efforts engagés à côté des sommes déraisonnables empruntés ne suffisent pas à endiguer un processus économique qui vous broie inéluctablement. Matériellement, physiquement, moralement. C’est un état de fait que le réalisateur met en lumière quand il accompagne plus qu’il n’observe la lente descente aux enfers de son héros. Guillaume Canet est exceptionnel dans son personnage en détresse progressive, Anthony Bajon le fiston , Veerle Baetens l’épouse tout aussi remarquables.

AVIS BONUS

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