Synopsis: Les premières années de l'âne Balthazar ont été heureuses, en compagnie de Marie petite fille originaire du pays basque, et de Jacques , son compagnon de vacances parisien. Plus tard, des problèmes sont apparus entre les parents des deux enfants et tout le monde en souffre, y compris l'âne que Marie délaisse.
La fiche du film
Le film
Les bonus
Prix de la critique française 1966
- Acteurs : Anne Wiazemsky, François Lafarge, Walter Green, Nathalie Joyaut, Philippe Asselin
- Sous-titres : Anglais
- Sous-titres pour sourds et malentendants : Français
- Studio : Potemkine Films
- DVD : 03 mars 2020
Il n’y a pas plus bête qu’un âne , plus innocent aussi. L’innocence première, Robert Bresson la révèle dans un film absolument édifiant si on l’imagine dans les années de sa sortie ( 1966 ) engoncées dans leur conservatisme gaullien.
L’homme est un âne qui s’ignore nous rappelle le cinéaste dans l’évocation de cet équidé, bête de somme, et bête comme chou, qui passe de main en main, au gré de la méchanceté des uns, et de l’insouciance des autres.
Il faut beaucoup d’innocence et de persévérance à la jeune Marie pour l’extirper de ce marigot où elle évolue encore pure de cette enfance que le monde lui arrache sans précaution.
Ballottée par un amoureux voyou ( François Lafarge), elle passe au gré des aventures de l’âne, de l’adolescence à l’âge adulte où la méchanceté des hommes se révèle dans toute son ignominie.
Bresson est très sombre, et pourtant c’est un petit refrain doucereux qui accompagne les tribulations de Balthazar, porteur de pains, animal de cirque. Il cabriole au gré de sa fantaisie et se cabre devant la rudesse de ses maîtres.
L’un d’eux parait figure familière chez le réalisateur, mi-vagabond, mi-prophète, âne de retour sous les traits d’un pauvre gueux, Arnold traîne -misère.
Bresson ne conserve qu’une narration simple et nécessaire en dirigeant ses comédiens de la même façon. Les nombreuses ellipses nous voilent des détails qui au fil du récit apparaissent plutôt insignifiants.
On retrouve Jean-Claude Guibert, le braconnier de « Mouchette » et Anne Wiazemsky, la petite fille de François Mauriac repérée par Robert Bresson à l’âge de 18 ans. Après « Au hasard Balthazar » elle rencontre Jean-Luc Godard, devient son égérie puis son épouse.
LES SUPPLEMENTS
- Entretiens avec Jean-Luc Godard, Marguerite Duras, Anne Wiazemsky, François Lafarge . Godard. « Ce film m’a fait l’effet que fait Pascal quand il parle des passions . (… ) Bresson est un inquisiteur, quel que soit le risque il va jusqu’au fond des hommes . C’est un film terrible sur le mal de monde et on reçoit tout ça avec une douceur évangélique… »
Louis Malle « Bresson a exploré des zones que l’on avait pas abordées, en avance sur son temps. (… ) Un cinéma qui a brisé tout rapport possible avec l’art dramatique , le talent des professionnels est gênant, ça risquerait de détourner la justesse de Bresson, ça la déformerait, quand ils prend des inconnus , il est évident ça lui permet de garder intact l’idée qu’il se fait de son film ».
Marguerite duras. « Il a introduit la notion de pensé, je ne pouvais pas mettre le doigt sur ce que je voyais ».
- Interview de Robert Bresson par Roger Stéphane .« Je donne à mon âme un nom biblique, d’après une devise (…) il pâtit de ce passage de main en main, un peu le Charlot des premiers films de Chaplin, mais il apporte une spiritualité chrétienne, on le retrouve dans toutes nos églises . (…)« Il passe avec différents maîtres qui représentent tous un ou plusieurs vices ».
Les comédiens ? « Ils ne savent pas ce qu’ils sont quand il tournent, je ne montre jamais le travail de la veille afin qu’ils ne se corrigent pas, je veux que le sens de leur histoire, de leur personnage ne vienne qu’à leur insu ».
- « Au hasard Balthazar » vu par Damien Manivel. Une analyse très personnelle du cinéaste, bien évidemment, très intéressante, qui pourrait ouvrir à débat, avec un contradicteur et un point de vue plus accentué sur la personnalité de Bresson.
« Je ne ressens pas du tout ce qu’il impose par rapport à sa foi, mais le cinéma comme médium pour dévoiler le sacré dans la réalité, oui … Ces films se rapprochent d’une cérémonie ,d’un rituel, d’une révélation, d’une accession à quelque chose »
« Bresson me permet de vivre tout ça, je comprends en voyant ces films quelle est la portée spiritualité de l’art ».
Le film
Les bonus
C’est je crois à ce jour le moyen le plus original, inédit et pertinent que le cinéma ait trouvé pour parler de la société du moment. Nous sommes en 1966, De Gaulle au pouvoir, Pompidou à ses côtés et un âne pour refléter le monde tel qu’il va. Bresson le dépeint très sombre à travers les manigances des hommes bêtes et méchants qui s’attribuent la bête et puis l’abandonnent. Le message est très clair, mais le réalisateur l’explicite encore davantage autour de son personnage principal Marie, qui de l’enfance à l’âge adulte passe pareillement par la main des hommes et leur comportement cynique. Le tableau est égayé d’un petit refrain doucereux qui ne cesse d’accompagner les tribulations de Balthazar. A noter dans le rôle de Marie , Anne Wiazemsky, la petite fille de François Mauriac repérée par Robert Bresson à l’âge de 18 ans. Après « Au hasard Balthazar » elle rencontre Jean-Luc Godard, devient son égérie puis son épouse.
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