Synopsis: New York, 1955. Le détective privé Harry Angel est engagé par un certain Louis Cyphre pour retrouver la trace de Johnny Favorite, un ancien crooner qu’il avait contribué à lancer. Devenu invalide pendant la guerre, ce dernier croupirait dans une clinique psychiatrique de la région, mais M. Cyphre soupçonne l’établissement de couvrir sa mort.
La fiche du film
Le film
- D’après le roman de William Hjortsberg « Harry Angel » . –
« Il y a assez de religion pour se haïr , pas assez pour s’aimer » . –
Mickey Rourke. Tout ce talent dilapidé dans les caprices d’un cinéma qui lui a offert de si beaux rôles. Dont ce « privé », qui n’attend pas grand-chose de ses enquêtes minables. Sinon d’en vivre un peu et d’oublier le reste. Aussi, la proposition d’un riche homme secret ne l’emballe pas plus que cela.
Dès les premières investigations autour de la disparition d’un chanteur de charme, Angel flaire la mort . Il ne l’a jamais connue, il la sent et la voit et la provoque en remontant dans le passé de ce Johnny Favorite dont tous les proches disparaissent violemment.
Autant de traces qui s’effacent pour connaître cette vérité que réclame à tout prix Louis Cyphre. Ce client a lancé la carrière de l’artiste dit-il, et l’homme lui doit une dette d’honneur. Sans nouvelle, il pense que depuis son retour de guerre, Johnny croupit dans une clinique psychiatrique où notre enquêteur ne trouve aucune trace.
Sinon sur un registre, visiblement tronqué et dont les premiers indices l’engagent sur un chemin hasardeux.
Alan Parker s’en tient là aux premières pages du polar de William Hjortsberg, drainant le suspense de façon assez classique, même si l’image très contrastée ( une couleur proche du noir et blanc ) nous raconte déjà une histoire sulfureuse.
Celle des messes noires et des pratiques vaudous qu’Angel Harold observe maintenant dans la campagne de La Nouvelle-Orléans où Johnny aurait laissé une femme. Il en rencontre effectivement quelques-unes, mais sa présence indispose beaucoup de monde.
A New-York il faisait chaud, en Louisiane l’atmosphère est moite et poisseuse. Elle alourdit le climat de suspicion qui fait tourner les ventilos. Il y en a beaucoup dans ce film qui se charge d’une électricité vacillante, sur des accords bluesy « Looking for Johnny … »
Le décor d’un vieux bouge, dans une nuit du diable et Mickey Rourke au milieu de ce fatras inconditionnel, perdu dans sa dérive qu’Alan Parker orchestre religieusement ( l’entrevue dans l’église est sublime) pour mieux sacrifier son héros sur l’autel des fantômes.
Rourke formidable face à un « petit » rôle pour De Niro qui le sublime dans une interprétation tout en retenue, tellement intrigant, inquiétant. De la grande direction d’acteurs à laquelle se joignent Lisa Bonet et Charlotte Rampling ( secondaire, mais essentielle ) dans ce polar obscur et fiévreux, divinement adapté.
Le film
« Angéline, elle attendait un type, il n’est jamais venu, elle est enterrée dans le marigot » . Quelques mots à la place de quelques images dans un décor minable, une boutique et dehors la pluie. Ambiance. C’est ça le cinéma et celui d’Alan Parker, des années plus tard demeure d’une très belle intensité même quand il s’agit d’accompagner la descente aux enfers d’un héros malgré lui . Mickey Rourke , un privé, dont tous les témoins disparaissent . On vient alors à se demander si ce n’est pas le but recherché par son client un De Niro troublant et aussi maléfique que le décor de ce film entre policier et vaudous incarnés. Un grand film à jamais .
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