Synopsis: Laurent, un commandant de brigade de la gendarmerie d’Etretat, prévoit de se marier avec Marie, sa compagne, mère de sa fille surnommée Poulette. Il aime son métier malgré une confrontation quotidienne avec la misère sociale. En voulant aider un agriculteur qui menace de se suicider, sa vie va basculer.
La fiche du film
Le film
Le bonus
- DVD : 09 Mars 2022 . –
Le titre dévie un peu la trajectoire, mais conserve un cap bien particulier. C’est le nom d’un bateau, réduit à une superbe maquette construit par un ancien terre-neuvas. Son petit-fils Laurent hérite de la pièce, digne successeur du grand-père, bien que gendarme gradé et amateur sur son voilier.
Mais la transmission a lieu et le militaire n’est pas peu fier de son acquisition, qu’il décrit par le détail à sa petite fille, déjà attelée à la manœuvre. Marie, sa compagne, (Marie-Julie Maille) bientôt sa femme, protège ce bonheur sans nuages.
Laurent effectue toutes ses missions avec soin et prévention . Il connait souvent ses interlocuteurs et leur parle parfois en camarade. Le cas de Lucien (Geoffroy Sery), un jeune agriculteur endetté, agacé par les contrôles sanitaires. Il faut le contenir, lui faire entendre raison, dans l’attente d’un jugement.
Une nouvelle descente des services vétérinaires et Lucien pète un plomb. Cette fois Laurent n’a rien pu faire .Mettre fin à sa cavale s’avère difficile.
Le quotidien de la gendarmerie sérieusement documenté par Xavier Beauvois révèle alors son côté le plus délicat, le plus ingrat. Aux conséquences incalculables. Du côté de l’ordre et de l’autorité, il engage son héros dans une impasse.
Il le fait avec attention, comme bouleversé lui aussi par le drame que le commandant endosse sans autre forme de procès que celui de la campagne et des champs en jachère. Sans appel, le monde paysan le condamne. La colère se ravive.
Un fait d’actualité parfaitement modulé sur la mise en scène et l’interprétation chamboulée de Jérémie Renier. De la sympathie journalière aux angoisses existentielles du métier, le comédien adopte toujours un ton proche de la vérité. Et plus encore dans ses instants de folie maritime magnifiée par la caméra .
Un vrai regard sur la nature humaine, ses excès, ses contradictions. Le héros est devenu quasiment un salaud, même aux yeux de ses proches qui pensent ne jamais le voir revenir. Mais le cinéma a de ces ressources, que la fiction ordonne. Co-scénariste avec Frédérique Moreau et Marie Julie Maille ( Marie ),Beauvois s’en inspire bien.
Le Supplément
- Rencontre avec Xavier Beauvois, à la FEMA de La Rochelle, animée par Emmanuel Burdeau-Le critique qui parait très bavard situe très bien en préambule l’univers du cinéaste et les apparentements dans sa filmographie. Pour « Albatros », il renvoie ainsi à « Nord », « Le Petit Lieutenant » et « Selon Mathieu ».
« Le point de départ du film » poursuite Xavier Beauvois «c’est mon amitié avec les gendarmes d’Etretat. Je savais ce qu’était leur vie, et par ailleurs j’avais lu l’histoire de l’un de ces agriculteurs que j’ai pris dans mon film. J’habite entre trois fermes, je sais ce qu’ils endurent ».
La question qu’il se pose au début de l’écriture : ma position à la place du gendarme ? Il évoque aussi son travail avec des acteurs non-professionnels . « Parfois ça ne marche pas du tout. Ils sont excellents aux essais, et tétanisés sur le tournage ».
C’est pourquoi on le voit jouer lui-même l’abruti du bistrot . Par contre le rôle de Julien, le paysan endetté est tenu par un véritable agriculteur : Geoffroy Sery. Ne manquez pas non plus l’anecdote sur Jacques Dutronc qui aurait dû jouer le rôle tenu par Nathalie Baye dans « Le Petit Lieutenant ». « Ca a été compliqué, mais je ne veux plus en parler, ça m’apprendra à vouloir faire travailler un Corse ».
Le film
Le bonus
C’est un cinéma qui avance presque masqué. Des scènes apriori anodines, des réflexions sur des sujets furtifs, et le quotidien d’un gendarme en phase avec son uniforme et les missions qui lui incombent.
Subrepticement Beauvois se prend à tout réunir, pour arriver enfin à son sujet ( le malaise endémique du monde paysan) cadré dans le monde gendarmesque qui semble beaucoup lui plaire. Il en sort une tonalité indistincte ( entre le documentaire et le projet fictionnel ) rehaussée par l’interprétation chamboulée de Jérémie Renier. De la sympathie journalière aux angoisses existentielles de son métier, le comédien adopte toujours un ton proche de la vérité. Et plus encore dans ses instants de folie maritime magnifiée par la caméra .
Là où le film prend une toute autre ampleur.
AVIS BONUS
Une rencontre rochelaise avec le réalisateur qui ne manque pas d'intérêt et de piment ...