Synopsis: Un groupe d'humanitaires en mission dans une zone en guerre : Sophie nouvelle recrue, veut absolument aider. Mambrú désabusé, veut juste rentrer chez lui. Damir veut que le conflit se termine; et B ne sait pas ce qu'il veut.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les suppléments
Juillet 2016 : le meilleur dvd
Dans un coin vraiment perdu des Balkans, il y a dix ans, la guerre se termine. Tout le monde n’est pas convaincu. Ce qui ne facilite pas le travail d’un groupe d’humanitaires au sein duquel les divergences sont du même tonneau. La p’tite nouvelle, une Française, croit encore à sa mission malgré la fatigue de son patron et l’indifférence de son adjoint.
L’équipe est pourtant bien sympathique et sans trop rechigner, la voici en quête d’une corde, histoire de retirer le corps jeté dans une réserve d’eau, vitale pour toute la région. C’est l’argument principal de ce film d’une fragilité déconcertante. C’est aussi toute sa force et son bonheur. Car la manière dont Fernando León de Aranoa conduit son escapade à travers monts et check-points, est fabuleuse. Avec légèreté et humour, faussement décalé. Dans ce monde de brutes, il n’occulte rien des souffrances et de la misère.
Bien au contraire, la traversée des villages désertés raconte peut-être beaucoup plus qu’une série de bombardements et d’atroces massacres. Mais ce qu’il reste de vie est encore suffisant à ses yeux pour croire au destin de ce pays plongé désormais dans le joyeux bordel de l’assistance internationale.
Quand les casques bleus interviennent très posément auprès des membres de l’ONG afin de stopper leur mission, j’ai eu un sourire grand comme ça. Tout l’esprit de « No man’s land » le film de Danis Tanovic rappelé dans cette magnifique séquence. Toute l’impuissance internationale au cœur d’un conflit qui s’enlise. Et la célèbre réplique du soldat bosniaque de Tanovic « tiens voilà les Schtroumpfs qui rappliquent ».
Fernando León de Aranoa lui préfère le personnage d’Olga Kurylenko. Une femme chargée d’ « évaluer et d’analyser » la teneur du conflit, afin de juger de l’opportunité de la mission humanitaire, dont le chef fut un temps son amant. Passons sur la bluette qui provoque malgré tout quelques situations intéressantes…
« A perfect day » n’est pas une diatribe contre les casques bleus. Ils en prennent gentiment pour leur grade, symbole d’un système complètement dévoyé dans un monde devenu surréaliste. L’histoire de la corde qui n’en finit pas est à mourir de rire s’il n’y avait parfois au bout de celle-ci un chien prêt à dévorer l’humanité toute entière. Ou pire, des familles disparues.
Le fatalisme ambiant s’efface toujours un moment ou un autre devant la vérité d’une vache abattue en plein milieu du chemin. Piège ou pas piège, minée à droite ou à gauche ? La fantaisie de Fernando León de Aranoa reprend alors le dessus (on imagine parfois « MASH) en compagnie de Tim Robbins bien au-dessus de la mêlée.Indifférent, désabusé ? Un personnage parfaitement aligné sur le cœur du récit, où Benicio del Toro trouve une fois encore l’occasion de mettre son talent au service du plus grand nombre.
Mélanie Thierry, une très belle surprise dans ce monde de grands, en fait partie. Elle est irréprochable.
LES SUPPLEMENTS
- Making of (11 mn) . On voit beaucoup le cinéaste s’entretenir avec les acteurs, mais de scènes de tournage, très peu. On s’attarde malgré tout sur la séquence de la bête en travers du chemin avec détails sur la préparation. Après quoi on découvre la production, les décors, l’environnement, ça devient hyper intéressant.
« En lisant le livre de Paula Farias j’y voyais tous les éléments pour faire un film : la cruauté de la situation (un cadavre dans un puits afin d’empêcher de boire l’eau) et le reflet de l’absurdité des guerres. (…) Les humanitaires doivent remettre de l’ordre dans le chaos. (…) C’est difficile de traiter d’un sujet aussi grave avec humour » reconnaît Olga Kurylenko «mais Fernando l’a écrit de telle façon que l’humour fait ressortir la gravité de la situation ».
« Si ce film était une chanson, ce serait du rock. Je voulais qu’il déborde d’énergie, pas de mélancolie guerrière, c’est d’ailleurs comme ça que travaillent les humanitaires. Et le personnage rock par excellence c’est celui de Tim Robbins ». Le réalisateur passe ensuite le casting au peigne fin et les intéressés parlent de leur personnage « quand j’ai lu le scénario j’avais plus l’impression de lire des témoignages » se souvient Olga Kurylenko « et je suis certaines que c’est ça, il a été sur le terrain recueillir toutes ces informations ».
- Rencontre avec le réalisateur au festival de Cannes (15 mn). Son itinéraire professionnel jusqu’à ce film. Six longs métrages, mais aussi de nombreux documentaires sur des causes humanitaires « quand j’ai lu le livre, je tournais pour MSF en Ouganda ».
« L’humour est la meilleure façon de relativiser surtout face à la douleur et au chagrin. Si on ne peut pas rire de tout, y compris de sois même on est foutu. J’ai vu des humanitaires rire de choses horribles et je comprenais très bien leur réaction. Et je suis certain que cette histoire devait être racontée de cette manière … ».
« L’idée et l’esprit du film viennent entièrement du film, même s’il s’agit d’une adaptation. On a changé certaines choses, simplement ».Les personnages, leurs forces, leurs faiblesses… une interview bien menée et qui nous racontent encore bien des choses.
Le film
Les suppléments
C’est un peu l’histoire du verre à moitié vide, à moitié plein. Vous avez absolument besoin d’une corde pour secourir toute une population. Quand vous la trouvez, youpi, c’est la joie. Mais une personne se trouve à son extrémité, que faire ?
C’est à chaque fois un dilemme pour cette équipe d’humanitaires qui à la fin de la guerre des Balkans en 1995 tente toujours de venir en aide. Mais la lourdeur administrative internationale, l’impuissance généralisée des intervenants officiels bloque toute initiative.
Ce que raconte avec un humour très décalé, mais jamais déjanté (l’esprit de « No man’s land » et un brin de « MASH » aussi) un réalisateur qui donne ainsi une autre vision de la guerre, quand celle-ci est finie et ce qu’il en reste. Maison sans toit ni fenêtre, criblée de balles…
Mais la fantaisie de Fernando León de Aranoa reprend toujours le dessus avec d’excellents comédiens : Tim Robbins , Benicio del Toro talent à l’état pur et Mélanie Thierry, une très belle surprise dans ce monde de grands. Elle est irréprochable.
Avis bonus
Un making of qui tarde à démarrer, et des entretiens intéressants
5 Commentaires
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