Synopsis: Entre ces murs, il y a 300 hommes, il y a l'urgence. Ils ont des noms mais ils ont perdu leur histoire en route. Ils rient et se confrontent, ils refont le monde, celui qu'ils ont perdu. Ils ont un lit. Là ils attendront le jour. C'est Forbin, la nuit à Marseille.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les suppléments
Les conditions (in)humaines de milliers de sans-abris. Le soir, ils tentent de retrouver un peu de chaleur et de pain, avant de repartir le lendemain, dans les rues, au hasard, jusqu’au petit soir. C’est l’esprit de ce nouveau documentaire tourné à Marseille, comme il aurait pu l’être à Lille, Toulouse ou Tours, au Foyer Saint-Thomas.
Pour ces «dégoûtés de la vie »,c’est un cérémonial particulier qui quête la porte entrouverte pour connaître le nombre de places restantes. Au-delà des 300 réglementaires, la consigne est stricte . Il faut batailler pour repousser ceux qui deviennent des intrus. Une discipline nécessaire dans un lieu régi parfois comme une prison . Un contrôle tatillon à l’entrée, pas d’alcool, la fouille au corps et le rappel des consignes de sécurité et de bienséance.
C’est toute cette activité à laquelle Aline Dalbis et Emmanuel Gras nous font participer, témoins impuissants du mal-être persistant de ces paumés qui ne demandent qu’un peu d’écoute, une attention. Très peu d’apitoiement. Le personnel est aux quatre cent coups, toujours l’œil aux aguets, toujours prêt à répondre à la moindre sollicitation, dans la limite du raisonnable. Pas question de plier devant la moindre exigence .
Les hommes du lieu sont attentifs et tentent de remettre dans le droit chemin, et s’activent aux tâches quotidiennes. Aline Dalbis et Emmanuel Gras ne proposent pas de point de vue. Ce sont les gens de passages et leurs situations qui font les commentaires, les rencontres qui font leur quotidien.
Les réalisateurs demeurent à distance des réflexions, observent plus qu’ils n’interviennent contrairement à Claus Drexel, l’auteur du documentaire « Au bord du monde ». sur les sans-abris parisiens. Sur la forme comme sur le fond, le duo n’apporte pas d’éléments nouveaux susceptibles de faire évoluer le sort des sans-abris, si ce n’est leur existence pérenne, et la constatation du manque cruel d’accueil.
« On va s’en sortir, on n’a pas le choix » dit un jeune qui recense les foyers disponibles sur la ville.
« T’es un philosophe, toi » murmure son voisin. Il est 22 heures, on éteint la TV. On éteint les lumières.
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec les réalisateurs (20 mn). C’est en suivant des jeunes « que l’on est arrivé à cet endroit-là, alors que devait-on faire, en suivre un ou faire le portrait du lieu, les questions sociétales que ça allait poser… »
« Regarder les gens tels qu’ils se présentent à nous sans forcément aller chercher des éléments de leur passé ».
« Quel rôle ils choisissent de jouer vis-à-vis des autres, juste en les regardant c’est la vérité qu’ils ont choisi de révéler ».
Les deux réalisateurs racontent aussi les conditions de vie à l’intérieur, pas d’intimité, et des règles strictes, faire en sorte que ça n’explose pas. « Mais il se crée un contact, des êtres humains qui ont besoin des uns des autres et c’est vers ça que tend notre démarche ».
- 15 séquences inédites (50 mn). Comme quoi il y avait encore de quoi faire, et je suis surpris par exemple que l’accueil de Chantal n’ait pas été retenu. « Ma vie d’avant » aussi qui révèle des émotions discrètes, secrètes, difficiles à livrer. C’est toute la force de ce documentaire de les laisser parler, s’exprimer comme ils l’entendent. Voir alors « Ciel de plomb à Kandhar », fabuleux…
- Portraits (5.38 mn). Les résidents se laissent photographier
Review Overview
Le film
Les suppléments
Il est évident que ce genre de documentaire demeure d’une urgence extrême, et donc d’une utilité première. Mais sur la forme comme sur le fond, il n’apporte pas d’éléments nouveaux susceptibles de faire évoluer le sort des sans-abris, à part la constatation du manque cruel d’accueil.
C’est à mon sens, le moment le plus pénible du récit, qui voit deux ou trois personnes refoulées vers d’autres centres, au cas où … Les deux réalisateurs observent plus qu’ils n’interviennent contrairement à Claus Drexel, le réalisateur de « Au bord du monde ».
Ce documentaire pose aussi plus généralement l’existence pérenne de cette réalité : des hommes et des femmes n’ont pour quotidien que d’errer la journée dans les rues avant de se retrouver à la nuit tombée à la porte d’un foyer qui voudra bien les abriter pour la nuit.
Avis bonus
Le point de vue des réalisateurs, et près d'une heure de scènes coupées
Un commentaire
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