Synopsis: Le criminel Ben Wade est capturé dans une petite ville. Dan Evans, un éleveur, se porte volontaire pour convoyer en secret le dangereux hors-la-loi par le train de Yuma . Il le fait pour la prime et l'estime de son fils. Très vite se met en place une guerre des nerfs alors que les deux hommes attendent le train dans un hôtel.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Les femmes regardent partir les hommes.Le même plan, la même scène, large contre-plongée depuis le ranch, ou bien le saloon… Un bon père de famille qui s’éloigne, un bandit que la diligence emmène vers la prison.
Delmer Daves n’est pas un foudre de guerre. Le western n’est pas son cinéma de prédilection. Il le fait correctement, en appliquant ses codes de bonnes conduites. A quelques détails près. Le méchant est un brin charmeur avec la tenancière du saloon, et fait du gringue à la dame de la ferme où il est retenu prisonnier.
« 3 h 10 pour Yuma » ne bouscule pas la grande aventure du western, malgré une histoire construite pour l’éternité. Un paisible éleveur, honnête et endetté (Van Heflin ) se retrouve face à face avec un terrible bandit Ben Wade (Glenn Ford) qu’il est chargé de conduire jusqu’au train (*) .
Cette mission, il l’accepte pour l’argent et au fil des événements pour l’honneur. Car tout autour de lui les volontaires se désistent, se dispersent,alors que la bande à Wade se regroupe pour délivrer son boss.
En attendant l’arrivée du convoi, les deux hommes sont retranchés dans une chambre d’hôtel. On imagine plus qu’on ne le voit, le bras de fer psychologique dans un huis clos même pas infernal. C’est plutôt de manière paisible, malgré quelques coups de boutoir, que le duel s’engage entre la peur et la séduction.
Contre la promesse d’une grosse somme d’argent, le bandit demande à être libéré. La tentation est grande, mais la tension demeure, là encore raisonnable. On touche une corde sensible (la famille, le ranch, les dettes…) et puis l’heure tourne, la somme augmente, mais rien n’y fait, Evans ira jusqu’au bout de sa mission. C’est du moins ce qu’il espère.
(*) C’est aussi pour Yuma que s’apprête à partir sous bonne escorte « Le cheyenne » dans « Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone.
LES SUPPLEMENTS
- Delmer Daves par Michael Daves (23 mn). Le fils du réalisateur a fait une apparition dans « Les passagers de la nuit » (on le voit gamin dans la gare) avec Humphrey Bogart. Il a une réplique, « mais je n’ai jamais voulu être acteur, le poste de 1er assistant me convenait beaucoup mieux ».
En parlant de son père, il évoque donc beaucoup ce film qui sera l’un des quatre où Bogart et Lauren Bacall sont ensemble. Un film singulier : toute la première partie est tournée en caméra subjective, les comédiens devant s’adresser à l’objectif censé représenter Bogart, c’était la première fois que cela se faisait.
Delmer Daves débute dans le cinéma comme accessoiriste, puis scénariste, avant de devenir réalisateur. « La forêt pétrifiée » avec Bogart est le premier film dont il est fier. En 1943 le ministre américain de la marine commande un film sur un sous-marin pour l’effort de guerre.
Il passe quatre semaine à écrire son scénario à bord d’un vrai sous-marin alors que le conflit fait rage. Et quand il faut réaliser le film c’est lui qui est aussi désigné car c’est celui dit-on qui s’y connaît le mieux. « Destination Tokyo », est son premier film en tant que réalisateur. 32 autres suivront, ainsi qu’une quarantaine de scénarii.
Michael Daves explique aussi très bien en quoi consistait son poste de 1er assistant auprès de son père, et le travail de celui-ci entièrement consacré à la réalisation. « Il ne voulait pas de scénariste sur le plateau, si des retouches devaient être apportées à un personnage, cela se faisait en pré-production ».
- « The shadows of noir » par Phedon Papamichael.Directeur de la photo, il signe celle du remake de “ 3 h 10 pour Yuma” par James Mangold. Ici, il analyse le style visuel de la version originale « proche de l’esthétique du film noir » dit-il.
Un regard plus technique donc, autour d’une comparaison entre l’original et le remake et l’utilisation du noir et blanc chez Daves « qui produit de la gravité, une approche stylistique plus intense ». Papamichael cite alors « Nebraska » et la manière dont on s’intéresse avant tout aux personnages dans ces cas-là, « le noir et blanc permet de percevoir le personnage d’une autre façon ».
Il donne encore l’exemple du face à face entre le bandit et son gardien. « C’est une pièce intimiste qui se joue entre les deux personnages dans la chambre d’hôtel ». Je suis bien d’accord, mais à mon humble avis, le noir et blanc n’y est pour rien … Regardez « Les tueurs » de Robert Siodmak, c’est quand même autre chose !
La Bible :
« Une histoire du western » de Louis-Stéphane Ulysse.
Quelques westerns plus ou moins conformes :
« Utu » de Geoff Murphy
« In a valley of violence » de Tim West
« Fureur Apache » de Robert Aldrich
« Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone (1968)-
« True Grit » de Joel et Ethan Coen (2010)
« Soldat bleu » de Ralph Nelson (1970)
« Little big man » d’Arthur Penn (1970)
« The last movie » de et avec Dennis Hopper
« La vengeance aux deux visages » de et avec Marlon Brando
« Les 8 salopards » de Quentin Tarentino
« Le cavalier noir » de Roy Ward Baker
Review Overview
Le film
Les bonus
C’est encore un film pétri de bonnes intentions, qui filent à travers les images mais que la mise en scène ne parvient pas à capter pleinement .Le face à face entre le bandit et son gardien est tellement prévisible que l’on aimerait que la tension sous-jacente à la situation prenne un peu d’ampleur. Plus qu’un duel psychologique on assiste alors à un classique face à face assez plat et convenu.
Les comédiens Glenn Ford et Van Heflin sont à la hauteur, mais là encore en restant au niveau d’une réalisation correcte et bon enfant. Dans la famille des westerns, le film de Daves est loin d’être un exemple.
Avis bonus
Deux techniciens évoquent avec clarté le film de Daves ( dont son propre fils ) et le remake de James Mangold. Bien intéressant
3 Commentaires
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