- L’événement Kiarostami au Centre Pompidou s’accompagne de nombreux événements dont la sortie du coffret « Les Années Kanoon » et « 24 Frames ».
L’histoire : « Je me demande toujours dans quelle mesure les artistes cherchent à représenter la réalité d’une scène. Les peintres et les photographes ne capturent qu’une seule image et rien de ce qui survient avant ou après.
Inédit dans le panorama cinématographique d’hier et d’aujourd’hui. Kiarostami regroupe 24 images fixes , la plupart lui appartiennent, révélées par l’apport du numérique.
“J’y ai ajouté ce que j’ai imaginé avoir eu lieu avant ou après chacun des moments capturés.”
Illusion, impression, comme si la caméra tournait devant un cadre particulier, immobile. Un arbre dénudé, des rambardes au bord de mer, une biche à l’orée du bois. Un bruit, elle se retourne puis reprend sa cueillette, un brin inquiet cependant…
Le décor est souvent neigeux peuplé d’animaux domestiques ou sauvages. Noir et blanc en priorité . La photographie et le cinéma s’interpellent ainsi, poétiquement. Des oiseaux vont et viennent sur une mer démontée, à l’orage pressant. Luminosité électrique, instant privilégié.
Au fil des rencontres, la nature célèbre sa pertinence, sa persistance.
Extatique, sensoriel . J’apprécie beaucoup les paysages marins de Kiariostami, leur élan majestueux en mouvements incertains, provoqués, on le sait maintenant, mais si puissants.
L’horizon barré par des mouettes alignées, imperturbables. La mer avance.
J’aime aussi beaucoup la scène du vieux cerf, tout au fond du décor, entre deux rangées d’arbres où passe le troupeau. Il attend, il patiente, longuement et puis fait demi-tour . On le revoit peu après avec quelques traînards…
Un plan fixe chaque fois, quatre minutes trente, et comme pour mieux introduire le sujet, « Chasseurs dans la neige » de Brueghel.
Une fumée sort d’une cheminée, un chien se glisse entre deux arbres, une autre cheminée, une autre fumée. La vie entre dans sa toile quand au moment de se quitter, le cinéaste la sublime dans un happy end extraordinaire.
Un jeune affalé devant un ordinateur, cadre dans le cadre d’une très grande fenêtre, des arbres dénudés dans le jour qui se lève.
Sur l’ordinateur, le mécanisme de création du réalisateur et des images d’un film de Robert Wyler. Le temps a ralenti l’hymen mais la fin est heureuse, on le sait, et Kiarostami n’y coupe pas. Il la veut ainsi, la plus belle qui soit pour son film et celui de Wyler. Pour le cinéma !
LES SUPPLÉMENTS
- « Print » un film de Salma Monshizadeh assistante de Abbas Kiarostami sur les coulisses du film. (14 mn) . Il s’agit de l’élaboration du projet et de sa réalisation sur une table de mixage, dans un studio .
Kiarostami aura mis cinq ans pour réaliser « Frame ». « Je bouillonne de créativité, ça me consume la création ! ». On voit ainsi de l’idée à la réalisation, le cadre se former et s’animer. Passionnant.
- Livre de 64 pages. 48 photogrammes du film-« Kiarostami ou le happy end du cinéma ». Un texte d’André Habi. Choix de poèmes choisis de Kiarostami issus des recueils « avec le vent et un loup aux aguets »
Le film
Le bonus
Pendant cinq ans, Kiarostami a accumulé les photos glanées ici et là, le fruit de toute une vie d’expérimentations artistiques.
Il en a sélectionné 24, qu’il anime maintenant grâce à la technique numérique.
“J’y ai ajouté ce que j’ai imaginé avoir eu lieu avant ou après chacun des moments capturés.”
Comme si la caméra, fixe, tournait devant un cadre particulier, immobile. Un arbre dénudé, des rambardes au bord de mer, une biche à l’orée du bois.
Le décor est souvent enneigé, peuplé d’animaux domestiques ou sauvages. Noir et blanc, souvent.
Un plan fixe chaque fois, quatre minutes trente, la rencontre du cinéma et de la photographie au cœur d’une poésie de tous les instants.
C’est magique, extatique, sensoriel.
24 Frames est le dernier film de Kiarostami
AVIS BONUS
La conception du projet en direct dans le studio et devant l écran numérique