Synopsis: Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie…
La fiche du film
Le film
- D’après l’oeuvre de Solomon Northup
Projection radicale Le propos sur la traite des noirs, incandescent, correspond bien à l’auteur de « Hunger », ( et à son producteur Bill Pohlad ) qui d’un trait de plume donne à mille feuillets tous les regrets d’une lâche écriture. Ici l’histoire scénarisée par John Ridley s’écrit au fouet et à la serpe, taillée dans la chair que Mc Queen filme au plus près du grain.
Il soigne aussi sa mise en forme ; le cadre est parfait et le bayou nous paraît idyllique. L’image est très belle quand Solomon rêve de s’évader dans cette forêt où l’on pend ses congénères. Contraste ,mais nul paradoxe, le diable vit aussi au paradis .
Autrefois homme libre, Solomon est redevenu par traîtrise, le nègre et la bête, le valet de somme. Comment taire son identité, pour vivre sa dignité ?
Mc Queen nous raconte en quelques plans indistincts, et raccourcis scénaristiques ahurissants, toute l’histoire de cette humanité réduite à peau de chagrin. Une alternance de tons donne l’unité à ce récit d’un autre âge, et pourtant encore résonnant des affres du nazisme.
Les mêmes méthodes d’asservissement, les mêmes tortures, et le même violon pour faire danser les victimes. Aujourd’hui, dans un autre pays…
« Mon cœur ne dépasse pas la taille d’une pièce de monnaie » dit un négrier face à un propriétaire, ému devant ses méthodes commerciales.
Solomon, maintenant résigné, passe de maître en maître, d’asservissement en humiliation, en quête d’une lueur pour alerter sa famille, qu’il pensait revoir le soir même, dans son pavillon new-yorkais.
Si Mc Queen met des formes à son propos, la teneur est sans concession. Et des gens comme Michael Fassbender l’ont bien compris, qui donne à son personnage, toute la fatuité de ces esclavagistes imbus de leur suffisance, de leur autorité divine.
Chiwetel Ejiofor lui fait face avec une dignité exemplaire, que le comédien a dû puiser dans l’histoire de ses ancêtres, parqués, bafoués, niés à tout jamais. Sauf quand ils savaient jouer du violon, et la bonne partition …
Review Overview
Le film
Je crois que c’est le premier film sur l’esclavage qui va vraiment au fond des choses. Sans mélo, ni pathos, Mc Queen qui a plutôt la main leste (« Hunger ») donne , avec maestria, à nouveau libre cours à son tempérament fougueux pour mettre en place l’histoire de l’esclavage au cœur même du système négrier. Il y met aussi les formes, opposant au rêve de liberté de son héros (le film s’inspire d’une histoire vraie) un décor quasi paradisiaque. Ce sont les hommes qui assurent alors, souvent avec cruauté, cette mémoire que l’on revendique aujourd’hui, et qui cette fois justifie tout à fait un tel film. Le casting est à la hauteur. Chef d’œuvre.
8 Commentaires
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